Le décathlonien entraîné par Rudy Bourguignon a changé de dimension ce week-end, en s’imposant lors du prestigieux Décastar grâce à un total de 8443 points, record personnel explosé. A Berlin, dans une course marquée par le record du monde de l’Ethiopienne Tigst Assefa (2h11’53’’), Anaïs Quemener est descendue pour la première fois de sa carrière sous les 2h30’, en 2h29’01’’.

S’imposer lors du Décastar n’est jamais anodin. Cela signifie inscrire son nom sur les tablettes d’une compétition qui a couronné de nombreux grands noms des épreuves combinées, comme Dan O’Brien, Tomas Dvorak, Roman Sebrle, Damian Warner et bien sûr Kevin Mayer, qui y avait établi le record du monde actuel (9126 pts) en 2018. Le Niçois d’adoption Makenson Gletty a rejoint hier cette prestigieuse liste, en surclassant toute la concurrence dans une enceinte de la plaine des Sports de Thouars refaite à neuf.

Forcément revanchard après avoir raté d’un rien la qualification pour les Mondiaux de Budapest, malgré un record porté à 8279 points lors des France Elite fin juillet à Albi, le combinard de 24 ans n’a rien lâché à l’entraînement au mois d’août. Avec pour récompense deux journées de toute beauté, marquées notamment par des meilleures performances en carrière au poids (16,46 m), sur 400 m (48’’38), à la perche (5,07 m) et sur 1500 m (4’27’’46). Un dernier chrono réalisé en s’arrachant avec l’aide de plusieurs de ses camarades, fidèles à l’esprit de solidarité des épreuves combinées. Avec un total final de 8443 points, il lui a finalement manqué 17 points pour aller chercher les minima olympiques (8460 pts). Quelques unités qui se sont sans doute envolées au disque, sa seule contre-performance du week-end avec un jet à 41,67 m. Mais ça n’est sans doute que partie remise pour Makenson Gletty, qui a marqué de précieux points au ranking lors de ce Décastar labellisé Gold par World Athletics.

Le natif d’Haïti grimpe au sixième rang des bilans tous temps derrière cinq légendes hexagonales de la discipline : Kevin Mayer, Christian Plaziat (8574 pts), Sébastien Levicq (8524 pts), Alain Blondel et Romain Barras (8453 pts tous les deux).

Retour encourageant pour Baptiste Thiery

Le podium masculin du Décastar est complété par l’Allemand Manuel Eitel (8193 pts) et le Grenadin Lindon Victor (7980 pts). Baptiste Thiery, pour son retour aux épreuves combinées après avoir privilégié la perche pendant l’été à la suite d’une longue convalescence, signe un décathlon très encourageant en terminant au pied du podium avec 7951 unités. Chez les femmes, belle victoire de la médaillée de bronze olympique, la Hollandaise Emma Oosterwegel, qui s’est imposée pour la deuxième année consécutive à Talence avec 6495 points, son meilleur total de l’été. On retrouve ensuite la Suissesse Annik Kälin (6390 pts) et l’Américaine Taliyah Brooks (6181 pts), alors que la première Française est Célia Perron (ECLA Albi), 13e avec 5795 points.

Anaïs Quemener sous les 2h30’’ à Berlin

Makenson Gletty n’est pas le seul Tricolore à s’être rapproché du top 5 de tous les temps dans sa discipline. Cela a aussi été le cas d’Anais Quemener, qui disputait dimanche matin le marathon de Berlin. La fondeuse de La Meute Running a coupé la ligne d’arrivée en 2h29’01’’, ce qui en fait la septième Française la plus rapide de l’histoire. Elle met ainsi une claque de plus de trois minutes à son ancienne marque de référence (2h32’12’’ à Paris en avril dernier). Passée au semi en 1h13’33’’, elle a légèrement baissé de rythme sur la deuxième partie mais n’a jamais craqué. En descendant sous la barrière des 2h30’ pour la première fois de sa carrière, elle passe des caps chronométrique et psychologique importants, même s’il reste encore du chemin à parcourir sur la route des minima olympiques (2h26’50’’). La course a été marquée par le record du monde de l’Ethiopienne Tigst Assefa (2h11’53’’), qui évolue sur une autre planète. A relever également : les 2h32’43’’ (record personnel) d’Emilie Jacquot-Claude (AS Sarreguemines A.) et les 2h33’26’’ de Marie-Ange Brumelot (Athlé Saint-Julien 74). Les hommes ont été moins en réussite, avec Florian Carvalho premier Français au courage en 2h18’19’’, après un départ rapide qui a occasionné de fortes douleurs musculaires. Pas de record du monde pour l’éternel Kényan Eliud Kipchoge mais une nouvelle victoire de grande classe en 2h02’42’’.

L’hirondel domine la Skyrhune

Côté trail, le grand rendez-vous du week-end dans l’Hexagone était la Skyrhune à Ascain (Pyrénées-Atlantiques) avec ses 21 km bien pentus. Blandine L'hirondel, sur un tracé aux allures de sprint après sa troisième place lors de l’UTMB (171 km), a survolé les débats en 2h10’39’’, devant l’ex-marcheuse Emilie Menuet (2h24’00’’). Elle l’avait déjà emporté l’an dernier, tout comme l’Espagnol Jan Margarit qui a lui aussi réalisé le doublé en s’imposant en 1h53’26’’. Simon Guignard et le champion du monde du trail long Benjamin Roubiol partagent la deuxième place en 1h55’41’’. Toujours au Pays Basque, mais côté espagnol, victoire de la championne du monde du trail court Clémentine Geoffray lors de la Gorbeia Suzien et troisième place pour Frédéric Tranchand.

La rédaction