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Running / Compte-rendu
13 Juillet 2025 - Par Florian Gaudin-Winer
Mise à jour : 13 Juillet 2025 (22h57)
Photos : © Paola Tertrais / FFA
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Sacré le week-end dernier sur le kilomètre vertical, Frédéric Tranchand a, ce dimanche, décroché l’or sur le trail court, en survolant les débats lors du High Trail Vannoise, course support de ces championnats de France. Pour ses débuts sur un tel format, Cécile Jarousseau a réalisé un coup de maître en montant, elle aussi, sur la plus haute marche du podium.
« T’as été stratosphérique ! » Sylvain Cachard interpelle Frédéric Tranchand, quelques minutes après l’arrivée, et ne peut que s’incliner devant la prestation du tout frais champion de France. L’ex-orienteur de 37 ans, qui avait décroché d’un souffle, il y a huit jours, son premier titre national sur la Face de Bellevarde, déjà à Val d’Isère, n’a cette fois pas laissé de place au suspense en repoussant son dauphin à plus de quatre minutes, après 3h06’22’’ d’effort. Il s’est envolé dès la première ascension menant jusqu’au sommet du très pentu col de Picheru, un hors d’œuvre très copieux. « Ça n’était pas du tout prévu, avouait le polyvalent trailer du Jogging Club Véranne, après avoir pu reprendre son souffle. Au contraire, je pensais rester un peu derrière pour attaquer dans la deuxième montée. Je me suis retrouvé devant et j’ai préféré continuer à mon rythme. »
Au ravitaillement de Fornet situé au seizième kilomètre, avant d’attaquer l’unique ascension du col de l’Iseran, Frédéric Tranchand comptait déjà deux minutes d’avance sur Sylvain Cachard, qui ne se privait pourtant pas d’haranguer le public. Il y avait la foule des grands jours devant le bar du coin, au pied du téléphérique, où un groupe de bal musette rivalisait avec le rap français sortant d’une sono portative, ainsi que les cornes de brume et cloches des supporters. « Dans le mal » lors de cette deuxième ascension, le vice-champion de France 2024 continuait pourtant à creuser l’écart. Et malgré l’arrivée de crampes aux adducteurs, il avalait la descente à vive allure pour conclure sa démonstration de force. Sur un parcours taillé pour lui avec 32, 6 km de course et 2630 mètres de D+, l’élève d’Adrien Séguret était intouchable ce dimanche.
Deuxième en 3h10’44’’, Sylvain Cachard ne tarissait pas d’éloges sur le vainqueur du jour. « Il était sur une autre planète. Le fait qu’il me mette un monde me motive juste à m’arracher encore plus à l’entraînement », souriait le longiligne représentant de l’EA Grenoble 38, qui aura effectué l’immense majorité de la course en solitaire. Au-delà de la médaille d’argent, le champion d’Europe 2022 de course en montagne savourait la manière dont il avait su gérer sa course, malgré « des moments très durs musculairement. Le plan était de rester à mon rythme. Mon intention mentale a été vraiment positive tout du long, appréciait l’athlète de 26 ans. Je progresse petit à petit sur les distances au-delà de trois heures. »
Avec ce résultat, Sylvain Cachard prend une belle option pour intégrer l’équipe de France de trail court, qui devrait avoir fière allure à Canfranc (Espagne) en septembre. Frédéric Tranchand devient prioritaire à la sélection grâce à son titre, et Thomas Cardin est déjà assuré d’un billet à la suite de son titre européen à Annecy en 2024. Médaillé de bronze en 3h17’35’’, Thomas Butez devient aussi un postulant sérieux au maillot bleu. Le sociétaire du Clermont Auvergne Athlétisme faisait partie des nombreux outsiders, derrière les deux grands favoris. Quatrième au sommet de l’Iseran, il a très bien géré son effort pour doubler Johann Baujard (Esclops d’Azun) et couper la ligne d’arrivée en 3h17’35’’, 41 secondes devant ce dernier. La suite du classement donne une idée de la densité de ce groupe de chasse, avec Pierre Galbourdin (Annecy Athlétisme) 5e en 3h18’50’’, Léo Tuaz (Athlé Saint-Julien 74) 6e en 3h19’06’’ et Damien Humbert (Alès Cévennes Athlétisme) 7e en 3h19’38’’.
Si Frédéric Tranchand, qui sortait de trois semaines de stage à Tignes, était sur un terrain parfaitement adapté à ses qualités de spécialiste du skyrunning, Cécile Jarousseau plongeait dans l’inconnu avec un effort de près de quatre heures. La polyvalente athlète de l’Entente des Mauges s’en est plus que bien tiré en dominant les débats en 3h48’22’’. Un coup de maitre réalisé à son rythme, sans se préoccuper d’une concurrence incarnée notamment par Lucille Germain, quelques dizaines de secondes devant elle en haut du Picheru et rejointe un peu avant le ravitaillement de Fornet. « Je me suis concentrée sur mon effort, expliquait la championne de France de course en montagne 2023. Je sentais que dès qu’on montait en altitude, j’étais vraiment à l’aise. J’ai gardé mon petit rythme à la fois tranquille et dur, avec un seuil de douleur qu’il faut réussir à maîtriser. » Un art de la course qui lui a permis de faire la différence dans l’Iseran, tout en profitant du cadre exceptionnel de la Vannoise : « Je me suis fait tellement plaisir. Le paysage me donne trop d’énergie. J’adore la montagne depuis que je suis gamine. Là-haut, c’était magnifique. »
La native de Cholet installée à Font-Romeu, impériale dans la descente finale, signe un retour tonitruant après une longue période de galère. En délicatesse avec ses tendons d’Achille, elle avait stoppé la course à pied pendant cinq mois, de novembre dernier à fin mars. « J’ai laissé le corps en jachère en faisant du renforcement au centre de fitness avec des mamies et en prenant une licence de badminton », rigolait-elle. Les trois mois de préparation pour Val d’Isère lui auront suffi pour retrouver la grande forme et valider un statut d’athlète prioritaire pour les Mondiaux de Canfranc, sur ces sentiers pyrénéens qu’elle affectionne tant.
Sa relative fraicheur à l’arrivée contrastait avec l’épuisement de Lucille Germain, jambes et cœur flageolants après sa deuxième place en 3h54’07’’. « J’ai tout donné pour ne pas avoir de regrets, soufflait la championne du monde de trail court par équipes en 2023, qui porte les couleurs du Club des Sports de Méribel. Là, c’est juste irréalisable ce que je viens de faire. Avec un plateau comme celui de ces championnats, je ne peux qu’être fière de ce résultat. »
Même bonheur pour l’ex-marcheuse olympique Emilie Menuet, 13e des Jeux olympiques de Rio en 2016 et dont la reconversion sur les sentiers n’en finit pas d’impressionner. Deuxième des France de trail court en 2024 et au pied du podium le week-end dernier en course en montagne, la sociétaire de l’Athletic Club Font-Romeu s’offre une nouvelle récompense avec la troisième place. « La concurrence n’était pas la même qu’en 2024 et l’effort était quasi deux fois plus long, faisait-elle remarquer après avoir posé pour la photo réunissant le top 3. Je suis très contente de moi et heureuse de partager le podium avec Cécile, avec laquelle je partage beaucoup d’entraînements à Font-Romeu. » En 4h01’31’’, elle aura réussi à résister au retour d’Olivia Magnone, une excellente descendeuse, qui se classe 4e juste devant sa camarade de club des Esclops d’Azun, Perrine Abadie, alors que Marie Goncalves (Décines Meyzieu Athlétisme) a dû se contenter du sixième rang.