Archives Actualités
Archives Actualités
15 Août 2008
Dans une formidable ambiance, la première journée d’athlétisme a souri au camp tricolore. Mélina Robert-Michon a obtenu son billet pour la finale du lancer du disque. Elodie Guégan et Martial Mbandjock sont en demi-finales, tout comme Mehdi Baala, facile vainqueur de sa série. Mais demain, ce sont vers les finalistes du 100 m que tous les regards seront tournés. Les Jamaïcains Asafa Powell et Usain Bolt, impressionnants de facilité aujourd’hui, risquent d’affoler les chronos…
Le Nid d’oiseau, le surnom donné au stade olympique de Pékin, regorge de promesses. Après cette première journée de compétition, les épreuves d’athlétisme semblent en mesure de marquer de leur empreinte ces Jeux olympiques. Au-delà des performances, l’ambiance et le décor ne peuvent pousser qu’à l’enthousiasme. Dès 8 h 30 du matin, le métro de la ligne 8, la fameuse voie olympique, est plein à craquer. Les spectateurs, tous fiers avec leurs tickets à la main, se dirigent avec enthousiasme vers le stade olympique pour occuper les 91 000 sièges rouges. Aujourd’hui, c’était le lancer de poids messieurs et l’heptathlon dès 9h. Sous un ciel bleu qui laissait généreusement le soleil concurrencer de sa lumière la flamme olympique, ce sont cependant les 100m qui ont enthousiasmé les foules. Car le Nid d’oiseau abrite trois rapaces dévoreurs de temps avec Usain Bolt, Asafa Powell et l’Américain Tyson Gay. C’est une tradition : à l’occasion des séries et des quarts de finale, on jauge l’état de forme des favoris à quelques petits détails comme le relâchement, l’impression de facilité et le moment où chaque sprinteur se permet de dérouler pour finir en roue libre. Même si, le lendemain, tous ces pressentiments volent souvent en éclat à l’occasion des demi-finales et de la finale. A ce petit jeu-là, ce sont Asafa Powell et surtout Usain Bolt qui ont le plus marqué les esprits. En particulier le dernier nommé qui, par son aisance et l’amplitude de sa foulée a donné la (fausse) impression d’être en footing lors de ses deux 100 m (10’’20 en série, 9’’92 en quart), provoquant les murmures incrédules de journalistes pourtant souvent peu promptes à l’enthousiasme. Tyson Gay semble, lui, irrémédiablement hors du coup. Sans doute pas complètement remis de son élongation lors des Trials début juin, il a dû s’employer afin d’atteindre les demi-finales (2e de son quart de finale en 10’’09).
Robert-Michon, lanceuse de grands championnats
Le challenge pour les Français consistait à ne pas se laisser inhiber par la démesure des Jeux olympiques pour, au contraire, se sublimer grâce à cette formidable ambiance. La plupart ont su en tirer profit. A commencer par Marie Collonvillé lors de l’heptathlon. Première Française à entrer en lice avec le 100m haies aux côtés d’Antoinette Nana Djimou Ida, elle s’est approchée tout près de son record personnel en 13’’57 (13’’52 en 2000) grâce à une mise en action très tonique. Excellente à la hauteur (1,86 m) et à son niveau au lancer du poids (12,42 m) et sur 200 m (25’’06), elle est lancée sur les bases de son record personnel après avoir viré à mi-parcours en 16e position avec 3664 points. A la différence de son aînée, qui s’était qualifiée pour les Jeux d’Athènes en 2004, Antoinette Nana Djimou découvrait les JO. Elle est restée assez loin de ses meilleures performances de la saison. Des débuts difficiles qui s’expliquent sans doute par son manque d’expérience, un élément tellement important à ce niveau.
L’expérience, c’est aussi ce que mettent en avant Elodie Guégan et Mélina Robert-Michon pour expliquer leur réussite. Au fil de sa quête effrénée des minima olympiques sur 800 m, la Bretonne s’est frottée à ce qui se fait de mieux sur la planète du double-tour de piste, engrangeant de la fatigue mais aussi des réflexes utiles dans les courses tactiques. Elle s’attendait à un départ tonitruant de la Kényane Pamela Jelimo, habituée des cavaliers seuls en meeting et immense favorite pour le titre olympique. Finalement, la course ne s’est emballée qu’aux 550 mètres. Qu’importe, la protégée de Bruno Gajer s’est aisément qualifiée pour les demi-finales en prenant la 3e place de sa série en 2’03’’85. La discobole Mélina Robert-Michon, elle, est devenue une lanceuse de grands championnats. Après être entrée en finale l’an dernier à Osaka, elle a récidivé aujourd’hui malgré la pression d’un quitte ou double au dernier essai. Libérée, elle a sorti un superbe troisième lancer, se qualifiant directement pour la finale avec 62,21 m. Elle y visera une place dans le top 8. C’est également passé pour Martial Mbandjock sur 100m, qui a décroché sa place pour les demi-finales. Le Français a pris la 3e et dernière place qualificative de son quart de finale en 10’’16 grâce à un excellent finish, une fois n’est pas coutume. « Contrat rempli », a assuré le principal intéressé, qui courra l’esprit libéré demain, en demi-finale, demi-finale que n'a pas pu atteindre Ronald Pognon, 5ème de son quart de finale en 10"21.

Mais le plus impérial côté Bleus a été Mehdi Baala sur 1500m. Le sociétaire du Lille Métropole Athlétisme ne s’est pas laissé piéger par une course marquée par de nombreux à-coups. Son accélération à 300m de l’arrivée lui a permis de remonter un peloton agité avant une dernière ligne droite parfaitement contrôlée. Du Baala taille patron et très pressé puisque le miler a traversé la zone mixte au pas de course. Mais c’est un revenant qui fait désormais figure d’épouvantail sur 1500 m. Le Bahreïnien Rachid Ramzi s’est en effet baladé, en attaquant avec une rare violence à 200m de l’arrivée. Après avoir creusé un trou de 10m avec ses principaux concurrents, il s’est permis de lever les bras en franchissant la ligne d’arrivée à l’issue d’un dernier 500m bouclé en 1’07. Et le chrono parle de lui-même : 3’32’’89. Dès les séries…
Pour Yves Niaré, le rêve d’une finale olympique s’est envolé. La faute à deux premiers essais non comptabilisés qui ont plombé son concours. Le recordman de France jouait donc tout sur une unique et dernière tentative. Un lancer propre et un poing rageur lancé dans le ciel pékinois n’ont malheureusement pas suffit. Avec 19,73 m, il a terminé à la 23e place de qualifications très denses mais accessibles (20,02 m pour entrer en finale). Dommage… Moins de regrets pour Sophie Duarte, éliminée en série du 3000m steeple après s’être longtemps accrochée. En manque de compétition, l’élève de Roger Milhau a inexorablement craqué au cours du dernier kilomètre, pour finalement prendre une courageuse mais insuffisante 7e place en 9’38’’08. La déception est sans doute beaucoup plus grande pour Térésa Nzola Meso Ba, éliminée au triple saut pour 7 centimètres (14e avec 14,11 m), comme cet hiver lors des Mondiaux en salle à Valence.

Les chronos s’affolent
Enfin, honneur aux deux premiers médaillés en athlétisme de ces Jeux olympiques. Tirunesh Dibaba s’est imposée sans surprise sur 10 000m à l’issue d’une course aux allures folles et de tous les records. Longtemps aux coudes à coudes avec la Turque Elvan Abeylegesse, l’Ethiopienne a battu le record olympique en 29’54’’66. Record d’Europe pour Abeylegesse (29’56’’34) avec un dernier kilomètre en 2’48 ! Record d’Amérique pour la surprenante Américaine Shalane Flanagan (30’22’’22). Et enfin record du monde juniors pour la Kényane Linet Masai en 30’26’’50. Grosse sensation au lancer du poids messieurs puisque le titre revient au Polonais Tomasz Majewski grâce à un nouveau record personnel (21,51 m) devant l’Américain Cantwell (21,09 m). Etonnant, dîtes-vous ? Tout simplement la magie des Jeux…
A Pékin, Florian Gaudin-Winer pour athle.com
(photos Stéphane Kempinaire / DPPI)
Pour en savoir plus sur l'équipe de France olympique, cliquez ici