La Chronique du Samedi 30 Août

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Chaque jour, un membre de l’équipe de France vous fait vivre les Championnats du Monde de l’intérieur. Aujourd’hui, l’un de ceux qui veillent à la bonne forme des athlètes, le kinésithérapeute Pierre Ortigas. |
“ La salle des kinés, c’est le cœur de l’équipe de France ”
“ Pour le staff médical, des Championnats du Monde qui se déroulent bien sont ceux où il n’a y a pas de blessé en direct, pendant la compétition. C’est le cas cette fois-ci, ce qui nous permet de n’avoir qu’à prodiguer des soins d’entretien et de récupération. La journée type, pour nous, commence à 8h30. Nous déjeunons toujours ensemble pour faire le point sur ce qui s’est passé la veille, pour préciser quel membre du médical a vu quels athlètes, et informer les collègues de l’évolution des problèmes physiques des membres de l’équipe. C’est d’autant plus indispensable qu’un kiné n’est pas attaché à un seul athlète. Ceux-ci se déplacent sur différents lieux de compétition et d’entraînement, ce qui nous oblige à nous séparer : nous avons une équipe ici, dans le village des athlètes, une autre au Stade de France et une sur le stade d’entraînement, à Charléty. Tout le monde doit donc être au courant de tout ce qui se passe. De plus, nous suivons systématiquement les athlètes quand ils se déplacent. On doit pouvoir répondre au moindre besoin, en particulier juste avant la compétition : faire un strapping, un étirement particulier à l’échauffement… A ce moment là, juste avant d’entrer en piste, nous sommes dans un cérémonial et des détails très précis, auxquels il ne faut pas déroger. D’où notre présence pour aider les participants. Il est ensuite fréquent d’entamer des massages de récupération dès la sortie de piste, au Stade de France, histoire de ne pas perdre de temps. Avec tout cela, nous sommes rarement de retour au village avant minuit, et couchés vers une ou deux heures du matin… Ce qui fait des nuits courtes, surtout pour ceux d’entre nous qui font un footing le matin.
Mais on ne s’ennuie pas. La salle des kinés est un endroit essentiel. C’est le cœur de l’équipe de France, l’endroit où tout le monde se rencontre, d’autant plus dans un village comme celui-ci, très grand, où les gens on du mal à se croiser. Notre espace, au cinquième étage du bâtiment des Français, est donc plus qu’une salle de soins. Pendant la journée, le soir, les athlètes s’y retrouvent. Tout le monde passe ici, du coureur au dirigeant en passant par le cadre du DTN ou même le ministre, comme ce fut le cas l’autre jour. On regarde les épreuves, on parle de tout et de rien, mais on passe surtout beaucoup de temps à refaire les courses. C’est aussi l’occasion d’une revue de presse. Nous sommes les seuls à avoir les journaux, et les athlètes peuvent les lire pendant que nous les massons. Un moment spécial : ils lisent, sous nos yeux, ce qu’on dit d’eux, et le commentent ensuite… Très marrant. Mais dans l’ensemble, les compte-rendus sont relativement flatteurs. Ils le méritent. La salle des kinés, c’est aussi le seul endroit où il y a la télévision. Nous avons par exemple en équipe de France un vrai fan club des feux de l’amour. Maintenant, j’en connais l’heure de diffusion puisqu’il faut toujours que la salle soit ouverte à ce moment-là… Des filles, pas mal, mais aussi un garçon. Non, je ne donnerai pas son nom. Mais je peux vous dire qu’il s’agit aussi d’un supporter du PSG qui court vite. Et sur des distances très courtes. Mais dans l’ensemble, en équipe de France, on rigole moins quand Ismaïl Sghyr n’est plus là. Il est reparti voilà quelques jours. Mais il fallait le voir danser le mambo ou demander au père de Muriel Hurtis la main de sa fille… A mourir de rire ! ” |