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Résumé du Samedi 30 Août

L’or coule à flots ! !

Quatre médailles, le bilan faisait déjà date, quoi qu’il advienne. La France, depuis la médaille de bronze de Manuèla Montebrun, jeudi au marteau, savait qu’elle tenait fermement son record de podiums décrochés lors de championnats du monde. Mais il traînait dans les bouches des supporters français comme un petit goût d’inachevé. Le genre de sentiment qu’on ressent à la fin d’un excellent repas qui se terminerait sans dessert. En clair, il manquait une médaille d’or pour savourer pleinement le cru de ces IXè Championnats du Monde d’athlétisme. La faute de goût a été réparée. Et finalement, il y aura même eu du rab’, ce dont personne ne se plaindra. Eunice Barber, puis quelques minutes plus tard le relais 4x100 m féminin (composé dans cet ordre de Patricia Girard, Muriel Hurtis, Sylviane Félix et Christine Arron) se sont couverts d’or, étant exactement à l’heure aux rendez-vous que l’histoire leur avait fixé.

Après sa médaille d’argent à l’heptathlon, Eunice Barber, qui n’en était plus à une épreuve près après ses sept travaux, s’était promis d’aller voir un peu plus haut sur le podium si le monde était plus joli vu d’en haut. Elle y est parvenue de la plus belle des manières, au terme d’un concours de la longueur pendant lequel son chassé-croisé avec la Russe Tatyana Kotova a fait trépigner les 60 000 spectateurs du Stade de France. Les deux femmes, longtemps, sont restées au coude à coude, yeux dans les yeux, sans pouvoir se départager, bloquées toutes deux à 6,74 m. Même si la deuxième meilleure performance de la Russe (un saut à 7,72 m) la plaçait en tête, on ne pouvait s’empêcher de penser qu’une telle finale ne méritait pas d’en rester là. Qu’elle n’accepterait pas de s’offrir sur la foi d’une simple deuxième marque. Le problème, c’est que le temps et les essais commençaient à filer. L’air de rien, on en était même rendu au dernier. Celui qu’Eunice se réservait pour retourner la situation. Comme dans un film au scénario écrit sur mesure, la Française s’envolait et retombait largement assez loin pour s’offrir l’or. 6,99 m, à deux petits centimètres de son record de France, mais de plain pied dans le paradis des athlètes. “ C’est vraiment fantastique, jubilait la fille de Freetown, en Sierra Leone. C’est la médaille d’or du courage, du travail, des sacrifices. Je me suis fait mal au 2è essai, alors j’ai décidé d’en garder un peu, de m’économiser, pour tout donner sur le sixième. Pour ce dernier essai, mon coach m’avait dit de tout donner, en oubliant la technique, tout lâcher en ramenant les jambes le plus loin possible. C’est ce que j’ai fait. ” Avec le succès que l’on sait.

Alors que le sable des exploits de Barber avait à peine été ratissé, les filles du relais 4x100 m se présentaient au départ, dans une ambiance de corrida, le goût du sang en moins toutefois. Dans le rôle du taureau, les américaines. Une équipe US forcément troublée par le forfait de Kelli White, double championne du monde du 100 et du 200 m, dont le contrôle positif au Monafidil, un psychostimulant ne figurant toutefois pas sur la liste des produits interdits, avait soulevé bien des doutes du côté de l’IAAF. Prudente, la fédération américaine avait décidé d’anticiper une éventuelle suspension rétroactive en laissant sa championne au vestiaire. Les absents ont toujours tort. C’est peut-être ce que s’est dit Patricia Girard en prenant un départ de feu. “ Je savais que le départ serait décisif. Je n’ai rien lâché ”, souriait la Guadeloupéenne. Quelque 90 m plus loin, Muriel Hurtis vint la soulager du témoin au moment même où les jambes se faisaient lourdes, si lourdes… Une belle ligne opposée, une transmission propre pour lancer Sylviane Félix dans le virage. Sylviane : “ Nous avons été transportées par 70 000 personnes. Il y avait à la rage et le cœur. Et au final, quelque chose de grand. ” Félix qui remettait tout à plat dans le virage pour bien entamer le dernier acte de la pièce, un acte déjà si souvent joué, que les spectateurs connaissent bien : une dernière ligne droite, un titre à aller décrocher au bout. Et Christine Arron dans le rôle de la chercheuse d’or la plus rapide de la planète. Même Torri Edwards n’aura pu empêcher à l’histoire de se répéter. Un mètre de retard au départ, un mètre d’avance à l’arrivée pour la Française. 41’’78, cinq centièmes devant les américaines, nouveau record de France après celui battu la veille. L’affaire était pliée, la médaille d’or emballée.“ Le public ne nous aime pas, ici, constatait Inger Miller après la course. Ils nous huait pour certaines raisons, mais bon… En tout cas, nos passages de témoin ont été faibles, et on s’est marché dessus parce qu’on ne pouvait rien entendre. Mais nous terminons deuxième sans entraînement spécifique. Si nous nous mettons à travailler les transmissions, nous battrons le record du monde ! ” Bien vu, mais un peu tard. L’or, pour l’heure, donnait pleinement raison à Philippe Leroux. L’entraîneur du relais féminin avait suffisamment répété que le succès ne se vivrait qu’après une bonne dose de travail collectif, n’ayant de cesse de pousser ses filles à se retrouver, pour qu’une bonne part de la gloire glanée en ce samedi soir historique lui retombe dessus. “ Nous nous sommes réunies toute l’année, rappelaient en chœur Christine Arron et Muriel Hurtis. C’est ce travail qui paye aujourd’hui. On voulait vraiment la première marche du podium. On savait que les Américaines la voulaient autant que nous. Il nous fallait donc donner le maximum. ” Restait au public à donner de la voix pour fêter ses cinq championnes du monde. Autant dire qu’il ne s’en privait pas, et qu’il pouvait tranquillement glisser vers une nuit de rêves dorés.

Plus tôt dans l’après-midi, la France jouait une autre chance de médaille en ce samedi. Voilà quelques semaines encore, les Bleus pouvait fonder de sérieux espoirs de médaille sur l’épreuve du marathon masculin. Mais au fil des semaines, des blessés et des forfaits, les prévisions devaient être révisées régulièrement à la baisse. Jusqu’à l’épisode Benoît Z, qui annonçait deux jours avant l’épreuve qu’il ne foulerait pas le bitume parisien en ce mois d’août. La faute à une forme qu’il n’estimait pas suffisante pour se présenter sur la ligne de départ d’un championnat du monde. L’équipe de France, celle qui rêvait d’aller chercher un podium, et plus si affinités, dans l’épreuve de Coupe du Monde (le classement cumulé des trois premiers coureurs de chaque pays), disputée en même temps que les Mondiaux, en prenait un sérieux coup, d’autant qu’il était alors trop tard pour faire appel à un remplaçant. Comme pour conjurer le sort contraire qui leur empoisonnait la vie depuis pas mal de temps, les trois meilleurs performers français en lice, à savoir Driss El-Himer, Hakim Bagy et Larbi Zéroual, se plaçaient d’emblée dans le groupe de tête, une trentaine de coureurs réunis à la poursuite des trois premiers échappés. El Himer, qui affectionne particulièrement les rues de la capitale pour y avoir avalé d’un trait 42,195 km en 2h06’48’’ en avril dernier, était alors dans le coup pour un podium auquel il était l’un des prétendants. Mais l’illusion n’allait pas survivre au cap des 20 km. Peu à peu, insensiblement mais irrémédiablement, comme souvent sur marathon, les hommes en bleu perdaient du terrain. Driss El Himer perdait même totalement pied, terminant 60è en 2h24’’23. “ J’ai couru comme une chèvre, lâchait sans ambages le Marseillais. Dès le 5è kilomètre, j’ai dit à Larbi Zeroual que je ne pouvais plus suivre. Au 25ème kilomètre, j’ai failli abandonner, je n’en pouvais plus. J’ai continué seulement car il s’agissait d’une course par équipes. ” Devant lui, Larbi Zeroual et Hakim Bagy avaient respectivement franchi la ligne en 25è (2h14’29’’) et 34è positions (2h16’’06). Tous deux pointaient un même moment clé dans l’explication de leur échec : le 27è kilomètre. “ Là, l’accélération des Kenyans et des Ethiopiens a fait des dégâts. Moi, j’ai lâché, expliquait Bagy. Mais quand on voit que des Kenyans ont abandonné, on réalise à quel point cette course a été difficile. Pourtant, les conditions étaient bonnes. Mais le parcours est vraiment casse-pattes. La montée des Champs Elysées, en particulier. Un vrai calvaire. ” Au final, en ajoutant la 42è place de Philippe Rémond en 2h17’’35, les Français terminaient neuvièmes de la Coupe du Monde. Une déception à oublier rapidement.

Sur 4x400 m, les filles savaient déjà &a grave; quoi s’en tenir : en l’absence de Francine Landre, blessée et remplacée par Virginie Michanol, la benjamine de l’équipe de France, elles allaient courir leur finale dès les séries. Elles auront en quelque sorte, raté leur podium, à savoir une qualification pour la finale. Une troisième place de leur série, en 3’30’’29, n’aura pas été suffisante. Marie-Louise Bévis résumait bien les choses. “ Je suis partie comme une sprinteuse, avec l’idée de donner le bâton en 1ère ou 2è position. Mais je savais que la Russe était plus forte que moi. Ensuite, Anita (Mormand) a bien couru. Puis les deux petites jeunes (Virginie Michanol et Solen Désert) ont fait ce qu’elles ont pu. Au final, on est éliminées, et c’est une déception. ”

Sur le 4x100 m, les garçons ont finalement connu un sort assez proche. Après une convaincante série bouclée en 38’’61 derrière les Américains, Ronald Pognon, Issa N’Thepe, Frédéric Krantz et Jérôme Eyana durent baisser pavillon en demi-finale au bout de 38’’79 d’efforts. Pas facile d’exister coincés entre le dernier essai d’Eunice Barber et la finale des filles…

Tout le contraire, enfin, de leurs homologues du 4x400 m. Depuis les performances de Marc Raquil (3è) et de Leslie Djhone (5è) en individuel, les ambitions du quatuor ont sérieusement gonflé. Et rien de ce qui s’est passé en demi-finale ne pourra venir contrarier la belle confiance des relayeurs. Vainqueurs en 3’01’’79, devant un public toujours aussi prompt à clamer son attachement, Diagana et ses copains peuvent espérer de belles choses pour le dernier jour d’épreuves, dimanche. Vous prendrez bien un bon petit digestif après le repas ?

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