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Le fait du jour - lundi 7 août

Barber, drapeau en berne

Rien, décidément, ne se fait jamais dans la facilité pour Eunice Barber. Même quand tout semble devoir lui sourire. Lundi 7 août 2006, alors qu’elle était en tête de l’heptathlon des Championnats d’Europe après deux épreuves, avec 36 points d’avance sur la Suédoise Carolina Klüft, Eunice Barber a abandonné.

C’est ce que ne retiendra même pas l’histoire, elle qui ne se souvient que des vainqueurs. Pas plus qu’elle ne saura dire, dans quelques saisons, à quel point la Française avait fait forte impression sur les deux premières épreuves de la journée, ce 100 m haies remporté en 13’’11, cette hauteur où seule une barre à 1,93 m aura réussi à lui résister, d’un rien, après qu’elle eut franchi 1,89 m. Eunice, donc, survolait la compétition, juste devant la fille du pays. Carolina Kluft semblait plus accessible que ces dernières saisons. Mais le coup du sort s’est joué entre les deux sessions, alors que les athlètes étaient censées prendre un repos mérité. Une pointe à l’ischio de la cuisse gauche, qui titillait la championne Française depuis la veille, décidait de se réveiller dès les muscles furent redevenus froids. « J’avais mal même en marchant ou en m’asseyant… Je suis tout de suite allée voir le physiothérapeute, mais de toute façon, je ne pouvais pas accélérer, ni m’engager à fond. Le poids aurait pu passer, mais sauter courir le 200 m ou sauter en longueur demain aurait été impossible. Dans ces conditions, il était inutile de continuer », avançait la Française comme justification, face à la presse internationale accourue aux nouvelles. Le concours du poids venait de se terminer sans elle. « Je savais que j’étais blessée, et j’étais déjà déçue avant d’entrer sur la piste de ne pas être à 100 %. Je voulais prendre les épreuves l’une après l’autre, et voir à chaque fois si ça irait. Mais là, j’ai compris que ce serait un gros risque de m’engager davantage. Si je ne pensais pas que c’est sérieux, je n’aurais pas arrêté. »

Restait la frustration de voir s’envoler, outre une voire deux chances de médailles pour le camp français (la participation d’Eunice au concours de la longueur restant plus qu’hypothétique), la promesse d’un duel magnifique sur les terres de sa grande rivale suédoise. Le public, dès le matin, avait donné le ton en acclament aussi bien sa protégée que la Française. « Je savais que le public serait fantastique, les Suédois aiment l’athlé. Ils nous encourageaient. Mais j’aurais tout de même aimé prendre la place de Carolina… » Frustration, aussi, d’entendre Barber annoncer qu’elle n’avait « sans doute jamais été aussi en forme depuis 1999 ». « Je sentais que je pouvais réaliser des choses fantastiques. J’avais même tout visualisé. Enfin, ça va aller… » La championne a connu pire. Que ce soit sur la piste - avec ses abandons en 2000, son « zéro » au poids en 2002, son année quasi-blanche en 2004 - ou en dehors. « Franchement, ce que j’ai vécu avec la police cette année était bien pire », relativise-t-elle dans un sourire, référence à la violente arrestation qu’elle avait subie au mois de mars, de la part plusieurs policiers alors qu’elle était au volant de sa voiture. « Maintenant, il me faut juste une coupe de champagne, et dormir ce soir afin de réaliser ce qui s’est passé aujourd’hui ». Demain, dans le stade Ullevi de Göteborg, la deuxième journée de l’heptathlon aura déjà laissé Eunice Barber loin derrière elle.

Cyril Pocréaux

 













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