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Le fait du jour - mercredi 9 août

Raquil et Djhone : une course, deux hommes, deux médailles.

On n’avait pas vu ça depuis trente-sept ans : deux français sur le même podium des Championnats d’Europe. Deux Françaises, en l’occurrence, à l’époque. Mais déjà sur 400 m : Nicole Duclos et Colette Besson, dans cet ordre, s’étaient offert les deux premières places du tour de piste

Pareil tour de force ne pouvait venir que des duettistes du 400 m français, Marc Raquil et Leslie Djhone. Une seule question, depuis la veille et leurs victoires respectives en demi-finale, flottait sur toutes les lèvres : lequel des deux arracherait le titre de champion d’Europe ? Comme souvent en pareil cas, où les certitudes font oublier les réalités sportives, c’est un troisième larron qui failli emporter le magot. Le Russe Vladislav Frolov, déjà en verve en demi-finale, s’était gentiment fait oublier au couloir 6. Derrière Lui, Raquil, idéalement placé au 5. Au couloir 4, le Polonais Daniel Dabrowski, un autre sérieux client, séparait les deux élèves de François Pépin, puisque Leslie était relégué au couloir 3, à la fois observateur et destiné à poursuivre ses adversaires... Sa mise en route, pourtant, fut prudente. Trop, sans doute. Après 120 m de course, Dabrowski avait creusé l’écart. Raquil, en aveugle, répondait du tac au tac, profitant, contrairement à ses habitudes, des 200 premiers mètres pour se mettre sur orbite. Le dernier virage confirmait les positions, mais dévoilait soudain, à l’entrée de la ligne droite, ce que les décalages avaient caché : Frolov était loin, très loin devant. A cet instant précis, seul Raquil, médaillé d’argent, pouvait s’inviter sur le podium. Djhone, 4e derrière le Polonais, restait au pied de la boîte. En cent mètres, chacun à sa façon, les deux compères allaient renverser le cours des choses. Bien sûr, on vit surtout Raquil, sa remontée digne d’un soir d’été en 2003, ses épaules qui fouillaient l’air et ce cassé interminable qui arracha un mot de poète à Frolov quand il s’aperçut soudain qu’il ne serait pas champion d’Europe.

Mais il y eut aussi la volonté de Djhone, sa rage à se battre contre ses jambes lourdes et Dabrowski à la fois pour venir arracher cette médaille de bronze dont il n’aurait pas voulu avant la course (45’’40 contre 45’’56). Un Leslie déçu, dépité. Mais qui, très vite, cherchait à prendre du recul pour envoyer un mot à Vincent le Dauphin, victime d’une rupture du tendon d’Achille le matin même sur 3000 steeple. « Je n’ai pas le droit de me plaindre : moi, au moins, j’ai eu ma chance. » Sur la piste, Marc Raquil finissait son tour d’honneur illuminé par une Marseillaise, en rejoignant Mehdi Baala, son compère de stage, qui descendait tout juste du podium du 1500 m. La nuit promettait d’être belle. A la hauteur, en fait, de l’exploit du duo, décidément l’un des pôles d’attraction de l’athlé français. Et ce n’est sans doute pas fini. Les deux hommes se sont donnés rendez-vous en fin de semaine, pour le 4x400 m. Leslie Djhone a besoin de se consoler, et Raquil a pris goût à l’or. Seule la victoire leur semblera belle.

A Göteborg, Cyril Pocréaux pour athle.com













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