Comme des patrons !
Bouquet final pour l’équipe de France avec deux nouveaux titres pour Mahiedine Mekhissi sur 3000 m steeple et pour le 4x100 m hommes. L’argent d’Hind Dehiba-Chahyd sur 1500 m, de Bouabdellah Tahri sur le steeple, du 4x100 m femmes et de Kafetien Gomis à la longueur, permettent à l’équipe de France de repartir de Barcelone avec dix-huit médailles. Un incroyable record qui restera à jamais gravé dans l’histoire de l’athlétisme français.
Les Championnats d’Europe viennent de s’achever et, sur les deux écrans géants qui surplombent le stade de Montjuïc, les grands moments de la compétition repassent. Les nombreux supporters de l’équipe de France ont de nombreuses occasions de s’enthousiasmer. Et d’admirer les deux dernières médailles d’or récoltées aujourd’hui par les Tricolores. Deux victoires décrochées avec la manière, au cours d’un début de soirée virant au bleu, blanc, rouge. Ça a commencé avec le relais 4x100 m. Et le quatuor Vicaut-Lemaitre-Pessonneaux-Mbandjock, que tout le monde attendait sur le toit de l’Europe. La pancarte de favoris n’est jamais facile à porter. Mais les Français n’ont pas craqué. Les trois premiers passages sont assurés. Les Italiens, parfaitement réglés, sortent légèrement en tête à l’entrée de la dernière ligne droite. Mais comment arrêter Martial Mbandjock ? Le sprinteur, déjà médaillé de bronze sur 100 m et 200 m, ne pense qu’à la victoire. A l’arrivée, l’Italien Maurizio Checchccu lève les bras. Mais c’est bien la France qui l’emporte en 38’’11, six centièmes devant les Transalpins.
Ce rôle de patrons, les steepleurs l’ont également endossé. Ne pas voir Mahiedine Mekhissi et Bouabdellah Tahri se partager les deux premières marches du podium aurait été une énorme déception. Les deux Français n’ont pas laissé de place en suspens. C’est en chambre d’appel qu’ils ont fait le choix d’emmener la course sur de grosses bases, en se relayant environ tous les tours. Dès le départ, ils se retrouvaient seuls en tête. Tout allait se jouer dans la dernière ligne droite. Comme aux Championnats de France Elite, ils attaquaient ensemble l’ultime barrière. Mais, cette fois, c’est Mahiedine Mekhissi qui franchissait la ligne d’arrivée en vainqueur. Le chrono : 8’07’’87. Record des Championnats d’Europe. Très vite, ils s’enlaçaient et entamaient ensemble leur tour d’honneur. Fiers tous les deux d’avoir livré « une course d’hommes ».
L’argent fait leur bonheur
La suite de la soirée ne fut que bonheur et sourires teintés d’argent. Ceux des relayeuses du 4x100 m (Soumaré-Mang-Jacques-Sébastien et Arron), deuxièmes en 42’’25 derrière l’Ukraine (42’’29), qui complètent ainsi le triomphe du sprint tricolore lors de ces Championnats d’Europe. Celui d’Hind Dehiba-Chahyd, également en argent sur 1500 m en 4’01’’17. Toujours bien placée, la demi-fondeuse a même pu croire à la victoire dans les cent derniers mètres. Mais c’était sans compter sur le retour de l’Espagnol Nuria Fernandez (4’00’’20). Enfin, et c’est tout un symbole, Kafetien Gomis s’est lui aussi joint à la fête. Jamais médaillé en grand championnat, le Lillois a sorti un sixième essai dont il a le secret pour aller chercher la deuxième place avec 8,24 m. Dommage pour Salim Sdiri (8,20 m), éjecté du podium à la dernière minute. Mais quelle belle récompense pour Gomis.
Soixante ans qu’il tenait. Avec dix-huit médailles et huit titres, l’équipe de France explose son record de Bruxelles 1950 et ses quinze podiums tricolores. C’est magnifique et, il faut le dire, inespéré. En début de compétition, les observateurs les plus optimistes estimaient le potentiel des Bleus à douze récompenses. Mais depuis, la vague bleue a tout emporté, dans la foulée d’un Christophe Lemaitre titré trois fois en Espagne (100 m, 200 m et 4x100 m). La France termine deuxième au classement des médailles et à la placing table, derrière une intouchable Russie mais devant la Grande-Bretagne. « Je tiens avant tout à rendre hommage aux athlètes, a conclu Ghani Yalouz, le directeur technique national. Les résultats montrent qu’on est sur la bonne voie. Merci à eux pour tout ce qu’ils ont partagé. Mais il faut garder la tête froide et surtout ne pas faire de triomphalisme sur la route de Londres 2012. » D’accord. Mais quand même, prenons le temps de savourer…
A Barcelone, Florian Gaudin-Winer pour athle.com