Farah, à la kenyane

Mo Farah est un peu, toutes proportions gardées, le Kenenisa Bekele de ces Championnats d’Europe. Auteur du doublé 5000 m-10 000 m, un exploit réalisé seulement par quatre hommes avant lui, il a été éclipsé par l’avènement du sprinteur Christophe Lemaitre, comme l’Ethiopien l’avait été par Usain Bolt à Berlin lors des Mondiaux l’an dernier.
Immérité. Car ce qu’a réalisé le Britannique de 27 ans est très fort. Redescendu seulement à la veille du 10 000 m des hauteurs de Font-Romeu, il a su repousser les assauts de l’Espagnol Ayad Lamdassen avant de lancer son redoutable finish. Résultat : une victoire « facile » en 28’24’’99 avec plus de deux secondes d’avance sur son dauphin et compatriote Chjris Thompson. Samedi, il a remis ça sur 5000 m. Et sa pointe de vitesse a de nouveau fait des ravages. En 13’31’’18, il a largement devancé l’Espagnol Jesus Espana (13'33’’12). Avec un avant-dernier tour en 59’15 pour émousser ses adversaires puis un dernier 400 m en 55’’70. « A la cloche, j’étais en train d’accélérer fort mais je sentais qu’Ibrahimov et Espana étai
ent encore collés à moi, raconte-t-il. J’ai réalisé que c’était la même situation qu’à Göteborg il y a quatre ans quand Espana m’avait battu dans la dernière ligne droite. Je me suis dit : plus jamais ça. Et j’ai tout donné pour terminer devant. »
A Londres, en 2012
A l’arrivée, Mo Farah en a pleuré. Il a repensé à tous les sacrifices endurés pour atteindre le sommet. Le jeune homme insouciant et pas très assidu à l’entraînement est désormais bien loin. Farah, d’origine somalienne, s’est préparé pendant trois mois cette saison du côté de la Rift Valley, au Kenya. « J’ai travaillé très dur, confie Farah. J’ai passé beaucoup de temps loin de ma famille avec les Kényans, en vivant de manière simple dans un camp d’entraînement, à trois par chambre et en faisant la cuisine dans un petit pot qu’on mettait sur le feu. Là-bas, tu n’es concentré que sur l’entraînement. Il n’y a pas de distractions, de télévision, de cinéma ou des choses dans ce genre-là. » Roi d’Europe, il rêve désormais d’un destin mondial. Avec, dans le viseur, les Jeux olympiques de Londres en 2012. Chez lui, à domicile. Son objectif ultime.
à Barcelone, Florian Gaudin-Winer