Chaque jour, Romain Barras, champion d’Europe du décathlon, nous livre son regard décalé de spectateur plongé dans l’arène de Bercy.

« Un niveau jamais vu au plan européen »

« Une fois encore, tout s’est bousculé à Bercy. Ce fut énorme ! Ce qui me tient à cœur, avant tout, c’est la médaille d’argent de Nadir El Fassi avec la deuxième perf française de tous les temps (ndlr : 6237 points), même si je regrette un peu qu’elle soit passé inaperçue auprès des médias. C’était vraiment le niveau international. Et quand je vois la joie de Sebrle, qui a tout gagné, mais est heureux comme si sa troisième place était sa première médaille, je  trouve que c’est une très belle image de sport.
Il y a eu bien sûr, aussi, le triple saut, d’un niveau sportif monstrueux. Teddy a été énorme, même si j’ai trouvé un peu étrange qu’il garde sa casquette sur le podium. Je ne suis pourtant pas trop à cheval sur le protocole, et je sais que c’est son insouciance et son style qui veulent ça… Mais personne ne lui en fera le reproche.
Les garçons du 4x400 m, eux, m’ont bluffé par leur intelligence tactique et de placement. En particulier Mamadou Hanne, le 3e, qui a su passer à la corde pour prendre la tête. Leslie a également fait une course magnifique, une de plus. Cela me fait plaisir pour Bruno Gajer et Djamel Boudebibah, les entraîneurs du 400 m, qui sont des types bien. On a parfois tendance à oublier le staff, mais il faut savoir rendre hommage à leur intelligence. D’ailleurs, la médaille des filles dans ce relais met aussi en lumière une équipe qui a parfois du mal à se qualifier pour les grands championnats.
Enfin, la médaille de Christophe Lemaitre. Ce sera une déception pour beaucoup mais il ne faut pas oublier qu’il faisait face à des gars qui vont très vite sur cette distance, comme Obikwelu, qui revient très fort cette saison.
Sommes-nous encore sur la dynamique de Barcelone ? Là-bas, une ambiance s’est créée qui n’existait pas au début du séjour. Tout le monde s’est peu à peu décrispé en Espagne. Aujourd’hui, il y a une vraie ambiance dans cette équipe de France. Et une génération qui, au niveau européen, atteint sans doute un niveau qu’on n’a jamais vu en équipe de France. On ne va pas bouder notre plaisir ce soir. Mais désormais, dans le viseur, ce sont les Championnats du Monde et les Jeux olympiques. Et c’est là qu’on sera attendus au tournant. »

A Bercy, Cyril Pocréaux pour athle.com