Le Tricolore du Dimanche 6 Mars

Nadir El Fassi médaillé d’argent à l’heptathlon avec 6237 points*

Il a pris son temps, Nadir. Dix ans, pratiquement, pour enfin accrocher une médaille internationale autour de son cou. Dix ans de doutes, de blessures, de remises en question, avant de s’offrir cette médaille d’argent à domicile. En 2002, il était question d’argent, déjà, quand le jeune Nadir, à court d’entraînement, s’offrait le titre de vice-champion du monde junior à Kingston, en Jamaïque. Il marchait ainsi sur les traces de Ladji Doucouré, champion d’Europe junior du déca un an plus tôt. Direction le Panthéon des grands espoirs de l’athlétisme français. Certains percèrent rapidement, alimentant une génération dorée. Nadir, lui, devait faire face à une série d’aléas et de choix de vie, au point s’interroger, un temps, sur son avenir dans l’athlétisme. Son arrivée au pôle d’épreuves combinées de Montpellier auprès de l’équipe de Jean-Yves Cochand, fin 2004, allait tout changer. Pour déboucher sur ce premier grand succès, à 27 ans. Une médaille d’autant plus belle que l’échec barcelonais l’avait marqué. L’été dernier, chez lui, en Catalogne (il est originaire de Bompas, près de Perpignan), il avait dû se contenter d’une décevante 12e place lors des championnats d’Europe. Une déception en guise de déclic ? A Bercy, malgré un contexte très relevé, il a su se dépasser pour s’offrir pas moins de cinq records personnels en sept épreuves. Impérial à la longueur (7,51 m) comme en hauteur (2,12 m, un record qu’il n’avait pas amélioré depuis neuf ans), perché à 5 m pour la première fois et en progrès sur 60 m haies (8’’13), il allait terminer son œuvre par un 1000 m de folie. Avec quatre hommes en lutte pour les trois premières places au coup de feu du starter, il savait qu’il devrait faire parler la poudre sur son point fort. En 2’34’’19, le tricolore, vainqueur de la course, remontait au classement général Eelco Sintnicolaas, vice champion d’Europe du déca (4e), Roman Sebrle (le champion olympique et recordman du monde du décathlon, finalement 3e), n’échouant que sur le Biélorusse Andrei Krauchanka (vice champion olympique), finalement médaillé d’or. Voilà donc El Fassi dans la cour des grands. Tout vient à point à qui sait attendre. Mais à voir Sebrle, véritable légende de la discipline, heureux comme un gamin sur le podium à l’heure de fêter sa médaille de bronze, le jeune homme peut se dire qu’il lui reste beaucoup de belles années devant lui.

* deuxième performance française de tous les temps derrière les 6418 points de Christian Plaziat en 1992.

A Bercy, Cyril Pocréaux pour athle.com