Résumé du Dimanche 4 septembre
C'est l'argent du bonheur !

Incroyable conclusion à Daegu. Le relais 4x100 m hommes, composé de Teddy Tinmar, Christophe Lemaitre, Yannick Lesourd et Jimmy Vicaut, monte sur la deuxième marche du podium à la suite d’un rocambolesque dernier passage de témoins. Une formidable récompense pour un collectif soudé comme jamais. La Jamaïque l’emporte en 37’’04 en améliorant son propre record du monde, les Bleus sont en 38’’20. L’équipe de France termine la compétition avec quatre médailles. Un honorable bilan. Les dieux de l’athlé étaient avec eux. Difficile de trouver une explication plus rationnelle à ce 4x100 m complètement fou, qui a vu l’équipe de France monter sur la deuxième marche du podium. Un résultat inespéré au vu des séries, lors desquelles les Etats-Unis, la Jamaïque et Trinidad et Tobago semblaient au-dessus du lot. Tout s’est joué en quelques centièmes. Là, à l’entrée de la dernière ligne droite, l’Américain Darvis Patton, troisième relayeur, déboule en deuxième position à distance d’une équipe jamaïcaine impériale. Placé au couloir quatre, il heurte l’Anglais aux trapèzes les plus développés de la planète sprint, Harry Aikines-Aryeetey, situé au couloir cinq comme dernier relayeur. Et tombe, en entraînant dans sa chute le Trinidadien Aaron Armstrong. Au bowling, on parlerait d’un strike. En athlé, c’est un incident de course particulièrement rare, même dans un relais. Les Bleus, jusque-là à la lutte pour une place d’honneur, se retrouvent dans la course au podium. Le junior Jimmy Vicaut, lancé par Yannick Lesourd, n’en demandait pas temps. Il conserve la deuxième position et coupe la ligne en 38’’20. Loin devant, dans une autre dimension, Usain Bolt a déjà levé les bras depuis une bonne seconde. En 37’’04, il vient d’améliorer avec ses petits camarades (Carter, Frater et Blake) un record du monde que la Jamaïque détenait déjà. Sur l’inédit podium s’invite même Kim Collins et ses coéquipiers de Saint-Kitts-Et-Nevis. Dingue, on vous dit.
Vicaut veut titiller les Jamaïcains
La joie des Français est énorme. Teddy Tinmar, Christophe Lemaitre, Yannick Lesourd et Jimmy Vicaut, l’ordre des quatre relayeurs, se lancent dans un tour d’honneur. Le médaillé de bronze sur 200 m, hier, montre le chemin. Il le connaît déjà. C’est un petit miracle qui vient de s’accomplir à Daegu. Mais, sur les pistes, il n’y a jamais de hasard. L’esprit collectif montré depuis trois ans par ses gamins, encore en pleine progression, méritait d’être récompensé. En conférence de presse, Teddy Tinmar, ex-footballeur de haut niveau, a tout de suite un mot pour les remplaçants, les expérimentés Ronald Pognon, Pierre-Alexis Pessonneaux et Emmanuel Biron. Les sprinteurs français, qui s’étaient fait un nom à l’échelle européenne à Barcelone l’an dernier, sont désormais redoutés au niveau mondial. Jimmy Vicaut n’a pas froid aux yeux. Il évoque la possibilité, en progressant encore dans les mois qui viennent, de venir titiller l’an prochain les Jamaïcains. Le traducteur donne la version anglaise à l’assistance. Petit temps d’arrêt d’Usain Bolt qui fronce les sourcils. Rire général. Symbolique.

Dans la salle, Vincent Clarico, responsable des relais 4x100 m avec Richard Cursaz, est ému. « La magie du collectif, c’est de transformer une médaille en plomb, qui pèse lourd, en argent, lâche-t-il. Le relais est une épreuve où tout peut être bouleversé, avec une exigence millimétrée et beaucoup de prises de risque. Nos athlètes y ont cru jusqu’au bout. Ils ne sont pas partis dans la peau d’un cinquième. » Cinquième, c’est justement la place du 4x100 m féminin, qui était composé de Myriam Soumaré, Céline Distel, Lina Jacques-Sébastien et Véronique Mang. Les Bleues n’ont pas démérité. En 42’’70, il ne leur a manqué que vingt centièmes pour devancer l’Ukraine, médaillée de bronze. La faute à des passages sans doute encore perfectibles. A Londres, c’est sûr, les Françaises feront partie des prétendantes au podium olympique.
Compaoré est finaliste Enfin, du côté des concours, Benjamin Compaoré et Stéphanie Falzon ont connu une soirée difficile. Le triple sauteur a dû se contenter d’une huitième place en-deçà de ses ambitions, avec un meilleur saut à 17,17 m. Pour monter sur le podium, le Strasbourgeois aurait dû exploser son record personnel lors d’un concours de très haut niveau, remporté par l’Américain Christian Taylor (17,96 m) devant le Britannique Philips Idowu (17,77 m) et son compatriote Will Claye (17,50 m). Stéphanie Falzon termine, elle, douzième de la finale du lancer du marteau avec un jet à 66,57 m. Elle avait perdu beaucoup de jus et d’influx nerveux il y a deux jours, lors des qualifications.
A l’heure des comptes, l’équipe de France termine donc ces Championnats du Monde avec dix athlètes finalistes dont quatre médaillés : le 4x100 m messieurs en argent. Et Renaud Lavillenie à la perche, Mahiedine Mekhissi-Benabbad sur 3000 m steeple et Christophe Lemaitre sur 200 m en bronze. Ce qui la classe à la dix-huitième place au tableau des médailles et au dixième rang à la placing table (nombre des finalistes). De quoi satisfaire le directeur technique national, Ghani Yalouz : « J’avais peur de l’excès de confiance qu’aurait pu générer trop de médailles, comme en 2003 à Paris et 2005 à Helsinki. La bulle, ça pouvait aussi être très dangereux car ça aurait instillé du doute. Quatre médailles, c’est donc juste ce qu’il faut. On va pouvoir travailler dans la sérénité pour réussir les Jeux de Londres. » Bernard Amsalem, le Président de la Fédération, insiste, lui, sur l’état d’esprit des Bleus. « Ce bilan est finalement tout à fait convenable, juge-t-il. Je note l’état d’esprit des athlètes et de l’encadrement. Ghani Yalouz a impulsé depuis trois ans cette volonté d’unifier l’équipe de France. Dans un sport individuel, ce n’est pas toujours évident. Il a réussi ce challenge, ce qui donne aujourd’hui une image valorisante de notre sport. »
Désormais, tous les regards sont tournés vers Londres. Les Jeux olympiques, c’est déjà dans moins d’un an.
A Daegu, Florian Gaudin-Winer pour athle.com |