Trois Français seront, dimanche, en finale du triple saut. Du jamais-vu. Teddy Tamgho et Yoann Rapinier ont pris les deux premières places des qualifications. Ils seront accompagnés par Gaëtan Saku Bafuanga. 

« Avec l’expérience, j’ai compris que les qualifications et la finale, ce n’était pas du tout la même chose. » Teddy Tamgho a grandi. Il y a quelques années, il se serait sans doute enflammé après sa première place en qualifications du triple saut, grâce à un deuxième essai impressionnant à 17,41 m. Désormais, le recordman du monde en salle parle comme un vieux sage et refuse de faire des vagues, préférant faire profil bas.

Cela n’empêche pas d’apprécier à sa juste valeur la superbe performance réalisée, ce matin, par les triple sauteurs hexagonaux. Le dauphin de Teddy Tamgho lors de ses qualifications n’est autre que Yoann Rapinier, qui s’est approché de son record personnel en décollant, lui aussi au deuxième essai, à 17, 39 m. Avec la douzième place de Gaëtan Saku Bafuanga grâce à un saut à 16,63 m, ils seront trois Français, dimanche, en finale du triple saut. Une grande première à ce niveau pour les Tricolores. Cette saison, ils étaient déjà cinq à figurer dans le top 20 mondial. La preuve de la santé éclatante de la discipline en France.

« Sur mon saut à 17,41 m, ça a glissé, tout simplement, raconte Teddy Tamgho, qui a pour la première fois, lors de qualifications, ramené en retombant dans le sable. J’avais tellement peur de mordre que je me suis dit : je vais arrêter de courir. Je ne voulais rien montrer à mes adversaires. » Pendant que le Montreuillois mettait le frein à main, Yoann Rapinier s’appuyait sur son point fort habituel : la vitesse de sa course d’élan pour arriver pleine balle sur la planche. « Je me suis donné à fond, confie sans fard l’élève d’Antony Yaich. Pour moi, ce matin, c’était une finale avant la finale. »

Dimanche, un superbe concours s’annonce. Le champion olympique et du monde en titre, l’Américain Christian Taylor, ainsi que le Cubain Pedro Pablo Pichardo, meilleur performeur mondial de l’année, feront aussi figure de favoris. « Je me prépare pour un concours exceptionnel, annonce avec gourmandise Rapinier. Ce sera une bataille acharnée. » Teddy Tamgho préfère ne pas s’avancer. On jurerait qu’il a une petite idée derrière la tête. Qui se rapproche des dix-huit mètres.

A Moscou, Florian Gaudin-Winer pour athle.fr