Le Tricolore du Dimanche 18 Août :
Tamgho, c'est si beau !
Le triple sauteur français est sacré champion du monde, huit ans après Ladji Doucouré. Avec un saut à 18,04 m, il devient le troisième meilleure performeur mondial de tous les temps. Phénoménal. Il a escaladé les barrières pour tomber dans les bras d’Ivan Pedroso, de Laurence Bily puis de Ghani Yalouz. Fou de joie, il aurait pu exploser, se lancer dans un sprint échevelé en hurlant son bonheur. Mais non, Teddy Tamgho a préféré partager son immense émotion avec ses proches dans la modération. Il a quand même fait le spectacle, en saluant, à la manière d’un militaire, la foule. Mais que le Teddy des championnats d’Europe en salle 2011 était loin. Désormais plus mature, plus serein. Plus grand, tout simplement. « Je suis tellement perché en ce moment », a tout de même fini par avouer le recordman du monde en salle. Il y a de quoi car, cet après-midi, il est entré dans l’histoire de l’athlétisme français à l’issue d’un concours haletant et même stressant. « Je n’ai jamais eu autant de pression, raconte Teddy Tamgho. Après mon premier essai à 17,65 m, j’ai compris que quelque chose pouvait se passer. Mais le Cubain a repris la tête avec 17,68 m. C’était un avertissement. » A sa quatrième tentative, le Français saute à 17,68 m. Mais il prend la tête du concours à la faveur d’un meilleur deuxième essai. Les sauts mordus -trois- s’enchaînent. La menace Pedro Pablo Pichardo continue de planer. Teddy regarde sa mère, qui commence à s’inquiéter. Sixième essai, le dernier. La course d’élan du Tricolore est rythmée, même s’il reste légèrement sur la retenue. Il s'envole. « Quand j’ai vu la ligne des dix-huit mètres, je me suis dit que ça allait être dur pour le Cubain. » Teddy se prend la tête dans les mains, le drapeau est blanc. 18,04 m. Troisième meilleure performance mondiale de tous les temps derrière le recordman du monde Jonathan Edwards (18,29 m) et l’Américain Kenny Harrison (18,09 m). Et bien sûr, record de France. Le prometteur Pichardo est k.o. Il terminera par une tentative à 16,98 m. Dans le camp français, les larmes de bonheur coulent. Teddy Tamgho a les yeux rouges. « J’attendais ce moment depuis deux ans, expliquera-t-il un peu plus tard. J’ai connu des blessures et des convalescences. J’avais une jambe dans le plâtre lors des Mondiaux de Daegu. J’ai dû aussi mûrir pour être beaucoup plus calme et contrôler mon énergie. » Huit après après Ladji Doucouré, un Français est champion du monde. « Succéder à Ladji, c’est quand même quelque chose, souffle le Tricolore. A l’époque, j’étais un gamin et j’étais devant ma télévision.» L’athlète français le plus doué de sa génération, à l’égal d’un Renaud Lavillenie, décroche son premier titre majeur. « Ce n’est pas encore le plus beau jour de ma vie, conclut-il. Il y a des choses beaucoup plus importantes dans la vie. » La sagesse.
A Moscou, Florian Gaudin-Winer pour athle.fr
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