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Mélina Robert-Michon : « C’est au-dessus de tout »

Elle n’en finit plus de remercier tous ses proches, des trémolos dans la voix : ses entraîneurs Serge Debié et Jérôme Simian, son compagnon Loïc et sa fille Elyssa, son club du Lyon Athlé qui lui a fait confiance quand elle a voulu se professionnaliser, ses partenaires… Fidèle à son travail et aux gens qui l’entourent, comme le dit joliment Jérôme Simian, Mélina Robert-Michon a la joie communicative au moment de revenir sur sa médaille d’argent olympique. Un podium qu’elle veut partager avec toute la famille de l’athlétisme.

Athle.fr : Mélina, vous  avez été submergée par l’émotion après votre dernier essai…
Mélina Robert-Michon : Il y a eu tellement d’émotions de me dire : « Ça y est, j’y suis ! » Même encore maintenant, c’est toujours là. Ça a été tellement de travail, ça a été tellement dur. Il y a tout ça qui est revenu.

A qui pensez-vous en ce moment ?
A mon compagnon Loïc (Fournet), à ma fille Elyssa (ndlr : sa fille), car c’est eux qui vivent tous les jours à mes côtés. Je pense aussi à mes coaches. Ça va faire vingt ans qu’on travaille ensemble et c’est l’aboutissement de tout notre boulot. Et puis je pense à tous ceux qui sont là tout le temps, quand c’est bien et quand ça n’est pas bien. J’ai hâte de pouvoir vraiment partager cette médaille avec eux.

Vous avez vécu un concours de rêve…
C’est le concours que je voulais faire. Quand j’ai vu les start-lists hier, et que je me suis rendu compte que j’étais la première à lancer, je me suis dit que c’était un signe et qu’il fallait que je saisisse ma chance. Je sais un petit peu comment réagissent les autres concurrentes. J’avais conscience que si je faisais un bon premier jet, ça allait tout de suite leur mettre la pression, les pousser dans leurs retranchements, et que certaines ne tiendraient pas. C’est un peu la guerre psychologique qui commençait. Au premier essai, je me suis dit : « Il n’y a que toi qui as ton destin entre les mains. A toi de t’en servir et de faire quelque chose avec ça. » Quand je fais ce premier jet à 65 m, je sais que c’est bien parti et je reste concentrée, parce que je sais que ça va être un concours de fou et qu’à chaque instant, deux, trois filles peuvent passer devant. Et je ne voulais certainement pas rester au pied du podium.

Avez-vous pensé à l’or à un moment ?
Avant le dernier essai, honnêtement, je me dis que je lance pour gagner. De toute façon, j’avais déjà tout ce que je voulais avoir. Ça ne pouvait être que du bonus. Je suis d’ailleurs incapable de vous dire ce que j’ai fait. Je crois même que mon lancer est presque à soixante-cinq mètres et j’ai l’impression qu’il est foiré (ndlr : le jet n’a finalement pas été validé). Si je faisais ma difficile, je pourrais même dire qu’il y a encore de la marge et que j’aurais pu faire tellement plus. Mais on ne va pas chipoter !

Vous battez en plus le record de France…
Avant d’entrer dans le cercle, je me suis dit : « un record de France en finale olympique, ça aurait de la gueule. Donc vas-y et puis, au moins, ça permettra de te mettre à l’abri », puisque c’est vrai que je craignais les Chinoises. On ne les avait pas trop vues pendant l’année, donc je ne savais pas trop ce qu’elles valaient. Et puis je savais la Cubaine capable de sortir de très gros jets. Mais quand elle est plutôt derrière, c’est plus compliqué pour elle. Je voulais donc jouer avec ses nerfs.

Quelle hiérarchie établissez-vous entre vos trois médailles d’argent ?
Forcément, la médaille olympique est au-dessus de tout. C’est ce que je disais depuis le début de la saison. J’ai une médaille européenne, une médaille mondiale. Mais la seule, la vraie, c’est la médaille olympique ! C’est l’aboutissement de tellement de choses.

Avant ces Jeux olympiques, votre statut n’était plus le même qu’en 2013, lorsque vous aviez décroché l’argent aux Mondiaux de Moscou…
Aux championnats du monde, j’étais la seule à y croire. Je n’avais donc pas cette pression qui était tout autour. Là, tout le monde m’attendait. La pression était bien plus forte, mais je pense que je l’ai beaucoup mieux gérée. J’ai vécu une saison 2015 qui a été très, très dure. Du coup, c’est peut-être cette année-là qui m’a permis de me construire  et de remettre certaines choses en question, en remettant tout à plat. L’année dernière, j’avais été rongée par le stress. Je savais que c’étaient mes derniers Jeux olympiques et je ne voulais pas revivre ce qui s’était passé l’an dernier aux championnats du monde.

Ce sont donc vos derniers Jeux olympiques…
Normalement. Après, je ne dis plus rien, j’avais dit ça à Londres donc je ne sais plus quoi dire ! En tout cas, ça n’est pas ma dernière saison. Ça, c’est sûr !

Espérez-vous que votre médaille va donner envie à des jeunes filles de se mettre aux lancers ?
J’espère ! Il ne faut pas oublier qu’on a aussi Pauline Pousse qui fait treizième hier, et qui passe tout près de passer en finale. Des treizièmes aux Jeux, on n’en a pas cinquante chez les Françaises. Les concours de qualification sont assez cruels, car c’est directement le couperet. C’est aussi le signe que ça donne des idées aux autres. Il faut qu’il y en ait encore plein d’autres ! A nous de nous mettre en avant, de montrer que les lancers français sont en forme et qu’il faut compter avec eux.

Comment faites-vous pour continuer à progresser à trente-sept ans ?
En fait, c’est l’accumulation du travail de toutes ces années. Chaque saison, on en rajoute un petit peu, on peaufine. C’est du travail de fourmi. Ça a été long, ça a été dur, tout ce que vous voulez. Mais je préfère ça que de ne jamais y arriver. Plus c’est compliqué, plus c’est beau. Cette médaille a donc une saveur encore plus forte.

Un petit mot pour vos coaches ?
Merci d’être là à mes côtés ! Avec Serge, ça fera vingt ans qu’on travaille ensemble la saison prochaine. C’est une relation qui va bien au-delà du sport. Avec Jérôme, ça fait presque autant de temps. On forme ce trio qui fonctionne bien et je les remercie. C’est eux qui m’ont poussée vers cette excellence. Ils sont toujours à la recherche de comment faire mieux. Ils ne se posent pas la question de savoir si j’ai vingt ans, trente ans. On s’en fout ! Le but, c’est de continuer à progresser. J’ai aussi la chance d’avoir des entraîneurs qui sont capables de dire qu’ils se sont trompés. C’est ce qui fait notre force. Et puis Loïc (Fournet), mon compagnon, est depuis seize ans à mes côtés. Il gère tout quand je ne suis pas là. Ce cercle-là est indissociable de mes performances. C’est grâce à eux que je suis là et je suis tellement contente de pouvoir partager ça avec eux.

A Rio, Florian Gaudin-Winer pour athle.fr

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