Lasitskene, une première pas si neutre

Mariya Lasitskene, en remportant le concours de la hauteur (2,03 m), est la première athlète championne du monde à être sacrée sous la bannière neutre. La Russe a confirmé son statut d’immense favorite de l’épreuve, et réalise le doublé après 2015.
Mariya Lasitskene n’a pas déçue. Immense favorite de la hauteur avec les onze meilleures performances de l’année, on ne voyait pas qui pourrait venir déloger la Russe du doublé, après son premier sacre glané à Pékin il y a deux ans. Elle s’appelait alors Mariya Kuchina. Privée de Jeux Olympiques comme tous les athlètes russes (sauf la sauteuse en longueur Darya Klishina) l’an passé, Lasitskene a cette fois pu concourir sous la bannière neutre. Et conserver
un bien que seule la Sud-Africaine Hestrie Cloete (2001-2003) et la Croate Blanka Vlasic (2007-2009) avaient gardé avant elle.
Pour se parer d’or, Lasitskene a prouvé sa domination sans partage sur la discipline. De sa première barre à 1,84 m et jusqu’à 1,97 m, son concours était parfait. La championne du monde en titre était alors déjà assurée de la médaille, puisqu’accompagnée de la jeune Ukrainienne Yuliia Levchenko et de la Polonaise Kamila Licwinko. Elle aurait pu trembler à 1,99 m, étant la seule concurrente à échouer à son premier essai. Mais elle ne s’est pas affolée.

Tellement supérieure et en confiance, Lasitskene n’a pas sourcillé pour faire impasse à ses deux derniers essais et effacer les deux barres suivantes, 2,01 m puis 2,03 m, à ses premières tentatives. Elle a ensuite échoué par trois fois à devenir la deuxième meilleure performeuse de l’histoire en tentant 2,08 m. Lasitskene enchaîne ainsi un sixième concours à plus de 2 mètres cet été. Levchenko, en établissant un nouveau record personnel à 2,01 m,
devient vice-championne du monde à seulement 19 ans. Licwinko s’est elle arrêtée à 1,99 m, offrant une médaille de bronze à la Pologne.
Mariya Lasitskene devient donc la première athlète à remporter, sous la bannière neutre, un titre mondial. Lors de son tour d’honneur et de la photo des trois premières sitôt le concours terminé, elle n’a pu se draper de l’étendard blanc, bleu et rouge de la Fédération de Russie, au contraire de ses deux dauphines. Et lors de la cérémonie protocolaire, c’est bien l’hymne de la Fédération internationale qui a résonné dans le London Stadium après la remise des médailles. La symbolique est forte. Malgré
tout, la Russie plane toujours sur les aires de saut planétaire, avec ce quatrième titre d’affilée pour une athlète de nationalité russe.
Florent Duprat pour athle.fr Photos : © S. Kempinaire (KMSP) et Getty Images for IAAF
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