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NUMÉRO 583 - AOÛT-SEPTEMBRE 2019

« S’entraîner moins pour récupérer plus »

Pierre-Jean Vazel, entraîneur polyvalent et actuel coach de Quentin Bigot, a accompagné Christine Arron à partir de 2009, l’année de ses 36 ans. Ils partagent pour Athlétisme Magazine leur expérience, dont le dénominateur commun pourrait être le perfectionnisme.

Athlétisme Magazine : Quel est le secret des sprinters qui sont encore performants tardivement ?

Pierre-Jean Vazel : Ils s’entraînent moins pour récupérer plus. C’est la condition pour éviter le déclin inéluctable des performances. C’est ainsi qu’ont fonctionné des athlètes comme Kim Collins et Merlene Ottey. Kim faisait trois séances par semaine lorsqu’il a couru en moins de 6’’50 sur 60 m (6’’49 en 2016, à presque 40 ans). Merlene, que j’ai pu rencontrer, m’a donné de précieux conseils pour Christine : « Ne la force jamais à faire quelque chose qu’elle ne sent pas, et en cas de doute, abstiens-toi ! » Christine avait jusque-là l’habitude de s’entraîner beaucoup. J’ai dû lui faire comprendre qu’il fallait qu’elle en fasse moins. Les athlètes pensent souvent qu’accumuler les séances leur permettra d’être plus prêts pour la compétition. L’autre point commun entre des athlètes comme Kim, Merlene et Christine, c’est qu’ils ont vraiment été à l’écoute de leur corps pendant leur carrière.
Christine Arron : J’ai toujours eu une bonne connexion avec mon corps. À 20 ans, je décortiquais déjà tout et j’écoutais mon coach quand il me disait : « Attention, tu es en cycle arrière ! » J’ai fini par sentir par moi-même ce qui n’allait pas quand je courais. Et quand je n’étais pas capable d’analyser ce que j’avais réalisé, c’était la preuve que j’étais trop fatiguée et que je devais baisser de pied. Un corps qui est vrai (sic), c’est un corps qui te parle. Pour faire une longue carrière, on est obligé d’approfondir sa réflexion globale sur l’entraînement. On ne fait pas qu’appliquer les consignes de l’entraîneur.

C’est du perfectionnisme ?

C.A. : Pendant toute ma carrière, je me suis appliquée à faire les choses progressivement et à répéter les gestes de la manière la plus juste possible. Quand tu es concentrée sur le moindre mouvement technique, tu acquiers les bases. Le geste est ensuite acquis et devient automatique, y compris en compétition. Par exemple, l’échauffement n’a jamais été banal pour moi. Je me suis toujours concentrée sur les gammes, afin de donner à mon cerveau les bonnes informations pour qu’il les emmagasine. Au fil des années, c’est devenu une force.

Quels choix avez-vous été amenés à faire pour diminuer la charge d’entraînement en fin de carrière ?

P-J.V. : Quand nous avons commencé à bosser ensemble, Christine revenait de blessure. Elle avait subi une arthroscopie de la hanche. Elle est passée de six séances par semaine à seulement trois ou quatre, avec un jour de repos entre chacune et jamais de vitesse deux jours de suite. On a diminué le travail d’endurance générale. Finies, par exemple, les longues courses à faible intensité pendant l’hiver, qui l’auraient fatiguée au détriment de tout le reste. L’idée était de faire de la qualité pendant toute l’année. À l’inverse, Christine n’a jamais fait autant de musculation qu’en fin de carrière, plus même qu’à l’époque de son record d’Europe du 100 m (en 1998, NDLR). Car passé le cap de la trentaine, la fonte musculaire est inévitable. C’est d’ailleurs ce qui fait la différence dans la catégorie masters. Ceux qui vont à la salle de muscu sont ceux qui courent le plus vite. Une petite anecdote : Kim Collins n’a débuté la musculation qu’en 2007, à l’âge de 31 ans.
C.A. : Les bondissements et, plus globalement, la pliométrie sont très efficaces. Mais ils doivent être pratiqués à petites doses à partir d’un certain âge, car c’est traumatisant. Par ailleurs, lors de mes dernières années de carrière, plutôt que de faire de longs footings, je privilégiais le cardio sur vélo ou en piscine. La natation, c’était très dur, mais très utile.

Comment avez-vous réussi à ne pas tomber dans la routine ?

C.A. : J’ai disputé ma dernière compétition en juillet 2012, à l’âge de 39 ans, mais je me suis rendu compte dès 35 ans que ça commençait à devenir dur. Je récupérais moins bien. En même temps, je savais qu’il y avait encore des secteurs où je pouvais m’améliorer. J’ai notamment beaucoup fait évoluer mon alimentation. Une naturopathe m’a conseillée de consommer huit céréales différentes par semaine. J’ai alors senti des changements positifs, aussi bien à l’entraînement qu’en récupération. J’avais l’impression d’avoir moins de déchets dans les jambes. Je pouvais aller un peu plus loin lors des séances lactiques. J’ai aussi diminué ma consommation de gluten. En tant qu’athlète, j’ai toujours cherché à trouver le petit détail qui allait me permettre de grapiller des centièmes. Du coup, je n’ai jamais eu l’impression de m’ennuyer.

Florian Gaudin-Winer

Retrouvez dans le n° 583 d’Athlétisme Magazine un dossier consacré aux athlètes français ayant brillé après 35, voire 40 ans, avec un grand entretien avec Yohann Diniz et les conseils de Mélina Robert-Michon, Kafétien Gomis, Christelle Daunay, Patricia Girard et bien d’autres…


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