Ludvy Vaillant, à la cool

Quatrième aux bilans mondiaux, Ludvy Vaillant semble ne pas connaître le stress, même à la veille de son entrée en jeu aux championnats du monde. Une marque de fabrique dont il entend tirer parti pour se frayer un chemin vers la lumière au Qatar, alors que ses séries du 400 m haies débutent vendredi.
Il s’est présenté devant les médias comme s’il venait pour prendre son petit-déjeuner. Le pas serein, sourire aux lèvres, le verbe facile et agréable. Et quand un journaliste lui a demandé si sa « zénitude » n’était pas une carapace, il s’est doucement marré. Avant de répondre : « Je ne sais pas comment on pourrait fabriquer une décontraction, c’est vraiment ma façon d’être. » Deux ans après une première participation aux Mondiaux (éliminé en séries en 49’’95
à Londres), Ludvy Vaillant a changé de statut. Ses 48’’30 au meeting de Paris l’ont propulsé au quatrième rang des tablettes mondiales, à une seconde des trois cadors du « 4H » (Karsten Warholm, Rai Benjamin, Abderrahman Samba). « Je ne me sens pas malchanceux d’être tombé à leur époque. Je pense plutôt que c’est une chance incroyable pour notre discipline. Cela nous pousse tous vers le haut. »
Placé en début de programme, il est, avec Alexandra Tavernier, l’un de ceux qui pourraient faire lever le premier drapeau tricolore dans le ciel qatari. « Cela ne met aucune pression, je ne me vois pas comme un potentiel médaillable, ni un quelconque statut particulier », tempère Vaillant. Loin des prédictions et autres pronostics sur les éventuelles breloques françaises, le Martiniquais de l’AC Saléen attend son heure, sans cogiter. « La quatrième place, c’est sur le papier. Chaque athlète
a eu des conditions différentes pour faire ses performances, donc ça n’est pas comparable. Aujourd’hui, les compteurs sont à zéro, le papier s’est envolé », image-t-il.
Eviter les comparaisons

Quatrième des Europe de Berlin l’an passé, le hurdler a construit sa saison 2019 différemment de la précédente, plus ou moins volontairement. « D’abord, j’ai dû prendre du temps pour obtenir mon diplôme de kiné au printemps, donc je ne pouvais pas tout faire en même temps. Et comme les Mondiaux étaient placés très tard dans la saison, cela ne servait à rien d’être en forme trop tôt, de toute façon. Même si c’est particulier de se dire qu’on n’est pas au même niveau
de
forme que la saison précédente à tel ou tel moment, j’ai géré ça avec mon coach et ma famille. »
Là où le « Big 3 » vise le record du monde, Ludvy cherche avant tout à passer sous les 48’’, et à se rapprocher des 47’’37 de Stéphane Diagana, qui constituaient encore le record d’Europe il y a quelques semaines. « Ça reste un record de France, quand même ! Plus que le côté record, c’est le chrono en lui-même qui m’intéresse. 1’’03 à gagner, cela représente beaucoup de travail, mais je pense qu’à terme, c’est jouable. » Le plus tôt sera le mieux, même si le principal intéressé n’est vraiment pas
du genre à se
précipiter.
A Doha, Etienne Nappey pour athle.fr
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