Yohann Diniz, prudence maximale

Homme de conviction et champion de caractère, Yohann Diniz redoute les conditions extrêmes dans lesquelles il est amené à marcher samedi soir, qui pourraient l’empêcher de profiter de sa grande forme du moment.
« Je suis énervé ! » Yohann Diniz n’a rien caché de ses sentiments en se présentant devant la presse vendredi matin. Débarqué la veille au Qatar, le marcheur de l’EFS Reims, vainqueur de la Coupe d’Europe à Alytus en mai, en 3h37’’43, pour sa première course sur la distance depuis deux ans, s’interroge sur la pertinence de disputer un 50 km marche dans la chaleur et l’humidité qataries (entre 40°C et 45°C de température ressentie, 80 % d’humidité). « Je
suis arrivé ici en très grande forme, ma préparation s’est vraiment bien passée. Mais il y a plein de choses qui, sans me faire douter, m’interpellent. Dans le stade, les conditions sont réunies pour s’amuser, mais en dehors, c’est une fournaise pas possible. Osaka (en 2007) était chaud et humide, mais ça n’était pas ça non plus. »
Le champion du monde en titre, adepte des courses en solitaire, envisage donc de modifier ses habitudes. « Le rythme ne sera pas élevé, sinon c’est allé au suicide. Je ne sais pas comment je vais m’y prendre, ça va être du loto. Il y a des petites boules qui vont tomber une par une, la dernière qui tombera gagnera. Il n’y a aucune stratégie, il n’y a aucun chrono envisagé. J’ai même hésité à prendre ma montre en faisant mes bagages. »
Une course d’attente

Quand bien même dispose-t-il d’une marge chronométrique sur ses rivaux, le doyen de l’équipe de France se montre vigilant. « Recordman du monde, dans ces conditions, ça ne veut rien dire. Il faudra être très prudent pour être le plus frais possible dans la dernière partie de la course, pour dévoiler ses cartes au bon moment. Normalement, je sais marcher en groupe, donc je vais me caler sur le rythme des autres, et on verra. » Comme l’ensemble de ses collègues
marcheurs, Diniz a scruté avec attention le marathon féminin, samedi soir, pour « voir comment les filles réagissent à l’effort, le nombre de défaillances, leur ampleur, pour avoir ça à l’esprit au moment de s’élancer ». Les passionnés de marche, et d’athlé de façon plus générale, gardent aussi en tête que la marque de fabrique de Yohann Diniz est justement d’être capable de tout, quel que soit le contexte.
A Doha, Etienne Nappey pour athle.fr
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