Pierre-Ambroise Bosse, prêt au combat

Deux ans après sa victoire à Londres, le spécialiste du 800 m refuse d’envisager Doha comme la défense de son titre, mais plutôt comme une nouvelle aventure, avec détermination et lucidité. Pour lui, les demi-finales sont déjà une étape décisive.
« Si je tombe dans l’idée que je suis en train de défendre ma couronne, c’est déjà perdu », lance d’emblée le demi-fondeur de Lille Métropole Athlétisme au moment d’évoquer ses quatrièmes championnats du monde. « Depuis deux ans, la roulette a tourné, et là, je relance les dés, même si gagner, ça n’est pas de la chance. » Joueur, sur la piste comme en dehors, Bosse s’est donné les moyens pour faire partie de ceux qui se disputeront la gagne. «
J’ai respecté mon corps depuis un mois, en étant vraiment sérieux. Contrairement à 2017, ma préparation s’est très bien passée. Je me sens très frais, et j’ai rarement été aussi en forme. J’ai fait le test de l’eau dans mon corps, et tous les voyants sont au vert. Aujourd’hui, je suis au top, les données le prouvent. » Il le faudra, tant la densité est forte dans sa discipline. Et ce, même si le meilleur performeur mondial de l'année, le Botswanais Nijel Amos, n'a pas pris le départ des séries.
Un gros chrono au bon moment

Les demi-finales, programmées à partir de 20h55 ce dimanche (heure française), constituent déjà un cap important dans cette nouvelle campagne. « On ne peut pas mettre plus de huit mecs en finale, donc il y en aura forcément qui vont sauter, résume ‘’PAB’’. Il faut être dans les quatre premiers de la course la plus rapide pour être certain de se qualifier au temps. C’est ce que j’ai fait en 2013 et 2017. »
S’il ne rate aucune course, y compris les séries précédant ou suivant la sienne, pour tout savoir de ses concurrents, Bosse accorde beaucoup moins d’importance aux chiffres et aux chronos. « Je suis 35e aux bilans, mais les mecs me connaissent tous, ils savent que je n’ai raté aucune finale depuis 2013. C’est comme Kszczot (le rusé Polonais, champion du monde en salle en 2018), il n’a pas un gros chrono d’engagement, mais tout le monde sait qu’il sera là. Et de toute façon, j’aime être outsider,
en retrait pour mieux frapper. »
A 27 ans, le natif de Nantes a suffisamment de bouteille pour savoir qu’il n’a plus besoin de beaucoup courir en meeting pour être prêt pour la grande échéance. Ses valeurs d’entraînement le poussent à croire qu’il est proche de ses meilleurs chronos (1’42’’53 en 2014). « J’ai fait un test sur 300 m en paliers. C’était pas mal, j’ai vu dans les yeux d’Alain (Lignier, son coach) qu’il se passait quelque chose. J’ai fait 1’45’’ cette année, mais je vaux mieux, et je n’ai pas peur de le dire. J’ai bien
bossé, j’ai beaucoup plus de cartes dans les mains qu’il y a deux ans, et j’ai la gnaque. Je suis persuadé que la finale se courra très vite, et que j’aurai donc une occasion de faire un gros chrono en jouant la victoire. Pour ça, il faudra d’abord entrer en finale, ce que j’ai toujours réussi à faire. Je serais très frustré de ne pas avoir cette opportunité cette année encore, même si c’est toujours plus difficile, avec tous ces mecs très forts. » La chaleur moite de la capitale qatarienne, qui l'a malmené lors de son échauffement avant sa série, au point qu'il fasse un début de malaise, sera également une adversaire coriace à mater. Une de plus.
A Doha, Etienne Nappey pour athle.fr
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