Alexie Alaïs pour un nouveau cap

Habituée à franchir les étapes une par une depuis deux saisons, la lanceuse de javelot guyanaise entame sa première campagne planétaire avec l’envie farouche de mettre sa discipline en avant dans l’Hexagone, sans limites.
Après son éclosion, en deux temps, sur la scène européenne, Alexie Alaïs a désormais le monde dans le viseur. Et la Guyanaise voit les choses en grand. « On va aller chercher la boîte à Doha, je vous jure ! Je ne souffre pas pour rien à l’entraînement », clamait-elle après sa victoire aux championnats d’Europe par équipes à Bydgoszcz, début août. Une idée qui pourrait paraître saugrenue, si l’on regarde un peu dans le rétroviseur. Hormis en 2003, quand
Steffi Nerius avait conquis le bronze avec 62,70 m au Stade de France, le podium mondial s’est toujours négocié au-delà de 64 m. C’est qu’après avoir longtemps cherché la recette pour lancer loin, l’ancienne handballeuse, dont les racines sportives se voient encore dans son geste athlétique, a enclenché la vitesse supérieure.
Un an après être devenue la première Française en finale européenne à Berlin - elle a encore la photo de l’évènement imprimée sur la coque de son téléphone - Alaïs a atteint un nouveau palier lors de la Coupe d’Europe en Pologne : un jet à 63,46 m, à huit centimètres de la référence nationale de Mathilde Andraud (63,54 m). « Je sais que je l’aurai un jour, mais je vise vraiment autre chose, tellement plus haut. » Ça tombe bien, la distance de qualification automatique pour la finale a été
fixée à 63,50 m par les instances internationales. « Je me sens prête pour cela. Avec Magali (Brisseault Waldet, son entraîneure), on a bossé pour être capable de le faire, et dès le premier essai. »
Opération séduction

Comme depuis deux ans, la championne de France a passé une partie de sa préparation terminale en Guyane, la clef de sa réussite. « J’ai été tellement de fois en dépression quand j’étais en métropole toute l’année, il fallait que je rentre à la maison. Mais j’ai finalement mis neuf ans avant de prendre cette décision. On en a parlé avec mes coaches et on en a conclu que c’était la meilleure solution d’alterner les périodes entre la métropole et la Guyane, et je suis
aujourd’hui complètement épanouie, et ça se voit dans le javelot. »
L’appétit venant en mangeant, la native de Kourou veut désormais faire son trou à l’échelle planétaire. Dix-neuvième aux bilans, elle compte sur sa capacité à se transcender lorsqu’elle a le maillot bleu sur les épaules pour se sortir du piège des qualifications avant de créer la surprise en finale. Et a à ses côtés à Doha deux exemples sur lesquels s’appuyer. « Mélina Robert-Michon et Alexandra Tavernier ont montré la voie, en mettant le disque et le marteau français sur le devant de la scène. Je veux faire
la même chose qu’elles, et montrer à toute la France que le javelot est beau, et que l’on peut réussir dans les lancers. » Pour conquérir le cœur des Français, il lui faudra donc conquérir le monde.
A Doha, Etienne Nappey pour athle.fr
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