Les 100 qui ont fait l’athlé français : Les rois du demi-fond
Découvrez, en vidéo et biographies, 21 demi-fondeurs et demi-fondeuses tricolores ayant marqué de leur empreinte l’histoire de notre sport. De A, comme Arpin, à V, comme Jean-Paul Villain.
Paul Arpin
Du ski à l’athlé
Prometteur fondeur à ses débuts, mais aussi excellent skieur, Paul Arpin choisit finalement les pistes d’athlétisme et ne va pas le regretter. Dur au mal, le sociétaire de l’AS Aix-les-Bains excelle dans les labours. Il participe à six reprises aux championnats du monde de cross, et s’adjuge la médaille
de bronze en 1987 à Varsovie, derrière les Kényans Ngugi et Kipkoech. Il reste le seul médaillé français masculin en individuel dans cette épreuve. En bronze par équipes avec ses compatriotes la même année puis en 1988, il détient trois titres nationaux en cross et des records personnels sur piste en 13’22’’03 sur 5 000 m et 27’39’’6 sur 10 000 m.
Mehdi Baala
Miler de classe
Le gamin de Hautepierre est devenu le meilleur miler français de l’histoire grâce à sa pointe de vitesse terminale et sa science du train, qui l’ont porté vers un record de France en 3’28’’98 en 2003. La même année, il décroche l’argent aux championnats du monde de Paris-Saint-Denis. Double champion
d’Europe (Munich 2002 au bout du suspense, Göteborg 2006), il a aussi récupéré sur tapis vert une médaille de bronze des Jeux de Pékin en 2008 après un déclassement pour dopage.
Pierre-Ambroise Bosse
Le magicien
Facétieux, joueur, le spécialiste du 800 m bluffe la terre entière en remportant le titre mondial en 2017 à Londres, après une attaque foudroyante dans la ligne droite opposée. L’attachant demi-fondeur a aussi deux médailles européennes et une quatrième place aux Jeux de Rio à son tableau de chasse, en plus du record de France de la spécialité (1’42’’53).
Sophie Duarte
L’inusable
Une carrière en deux temps, avec en apothéose un titre de championne d’Europe de cross-country en 2013, à l’âge de 32 ans, décroché à Belgrade après avoir accumulé les places d’honneur. Son unique podium en grands championnats, malgré un passé fructueux de steepleuse avec des cinquièmes places lors
des Mondiaux 2005 et des Europe en 2010. Polyvalente, la sociétaire de l’A3 Tours reste toujours, à 39 ans, une redoutable concurrente sur la route et dans les labours.
Maryvonne Dupureur
Le demi-fond à sa main
La patronne incontestée du demi-fond français au cours des années 60. Championne de France à dix reprises (trois fois sur 400 m, six fois sur 800 m et une fois sur 1500 m), la Bretonne enquille neuf records nationaux, dont sept sur 800 m en 1963 et 1964. Cette même année, elle s’offre la médaille
d’argent olympique à Tokyo en 2’01’’9, son record personnel. En tête jusqu’à cinquante mètres de l’arrivée, elle est dépassée par la Britannique Ann Packer, qui bat le record du monde en 2’01’’1. Décédée en 2008, elle a donné son nom à la halle d’athlétisme de Saint-Brieuc, le club dont elle porta les couleurs en tant qu’athlète puis bénévole exemplaire.
Marie-Pierre Duros
La surprise sévillane
La demi-fondeuse de poche des Côtes d’Armor connaît son jour de gloire le 8 mars 1991. À vingt-quatre ans, elle boucle les quinze tours du 3000 m des championnats du monde en salle de Séville en 8’50’’69, créant l’une des plus belles surprises de l’histoire de l’athlétisme tricolore en faisant résonner
la Marseillaise dans le Palais des sports de Séville. En plus de ce superbe titre, elle a connu vingt-deux sélections en bleu et quinze médailles d’or nationales.
Joseph Guillemot
Le vengeur de Jean Bouin
À une époque où les Finlandais dominent le demi-fond mondial, Joseph Guillemot émerge sur la scène internationale que le regretté Jean Bouin a quitté, victime de la Grande Guerre. Aux Jeux d’Anvers en 1920, au sortir du conflit, Guillemot donne une leçon de tactique au grand Paavo Nurmi sur le 5000
m, qu’il remporte grâce à un finish de feu en 14’55’’6, soit le deuxième titre olympique de la France. Il y ajoutera quelques jours plus tard l’argent du 10 000 m.
Marcel Hansenne
Le bronze amer
Après avoir pratiqué le basket-ball jusqu’à ses 18 ans, Marcel Hansenne (en deuxième position sur la photo) s’illustre rapidement sur les pistes d’athlétisme. Septuple champion de France du 800 m, entre 1939 et 1948, il doit attendre cette dernière année pour participer aux Jeux olympiques, la Seconde
Guerre mondiale ayant stoppé sa carrière internationale. À Londres, le recordman de France (1’48’’3) monte sur la troisième marche du podium, un résultat qui le déçoit. Deux podiums européens (3e en 1946 et 2e en 1950) également à l’actif de celui qui deviendra un grand journaliste, en étant notamment rédacteur en chef de L’Équipe.
Michel Jazy
Des records à la pelle
Figure tutélaire du demi-fond français, il se fait une place dans le coeur des Français aux Jeux de Rome en 1960, en prenant la médaille d’argent sur 1500 m. Il le fera exploser de tristesse quatre ans plus tard, en échouant à la quatrième place du 5000 m des Jeux de Tokyo, alors que le monde entier
voyait en lui le favori de la course. L’empathie du grand public à son égard n’en sera que plus grande Entre-temps, il a commencé sa formidable collection de records du monde et d’Europe, la plupart de ses tentatives étant alors retransmises en direct à la télévision. Il en totalisera respectivement neuf et quinze au moment de prendre sa retraite en 1966, sur une ultime référence chronométrique planétaire du 2000 m. Il s’éclipse alors au sommet de son art et de sa popularité.
Yoann Kowal
Le choix du steeple
Longtemps dans l’ombre de Mahiedine Mekhissi, « Yoko » a fini par se façonner un très beau palmarès. Le tournant de sa carrière : son passage du 1500 m, sa première spécialité (3e des Europe indoor en 2009), au 3 000 m steeple. Une distance sur laquelle sa capacité à changer d’allure et à finir fort
ont fait des merveilles, avec comme consécration le titre européen en 2014 après l’épisode malheureux de la disqualification de Mahiedine Mekhissi. Le Périgourdin, troisième continental en 2016, a aussi montré qu’il avait des arguments à faire valoir au niveau mondial, avec notamment une cinquième place en finale des Jeux de Rio.
Jules Ladoumègue
Tragédie et exploits
La star de l’athlétisme français au début des années 1930, capable d’effectuer une descente triomphale des Champs-Élysées devant 40 000 personnes. Orphelin au bout de deux semaines de vie, suite au décès de ses parents dans des accidents distincts, « Julot » travaille dès 12 ans comme apprenti jardinier.
Sa découverte de l’athlétisme dans un patronage bordelais va faire basculer sa vie. Vice-champion olympique du 1500 m en 1928, le demi-fondeur à la foulée majestueuse améliore six records du monde en 1930, sur des distances allant du 1000 m au 2000 m (2’23’’6 sur 1000 m, 3’06’’1 sur le trois-quarts de mile, 3’49’’2 sur 1500 m, 4’09’’2 sur le mile, 4’52’’ sur 2000 yards, 5’21’’8 sur 2000 m). Radié ensuite à vie par l’IAAF pour violation de l’amateurisme, il sera absous douze ans plus tard.
Joalsiae Llado
La sensation de Oeiras
La Bordelaise a toujours aimé passer ses courses aux avant-postes, ce qui a parfois pu lui jouer des tours. À Oeiras (Portugal), lors des Europe de cross 1997, elle adopte la même stratégie. Mais cette fois, personne ne peut la reprendre. Joalsiae Llado, à seulement 23 ans, crée une énorme sensation
en devenant la première Française à monter sur la plus haute marche du podium. Également en or par équipes lors de ce championnat puis à l’occasion des Mondiaux 1999, elle met ensuite un terme à sa carrière précocement, victime des abus de son entraîneur de père.
Driss Maazouzi
La trentaine souriante
Né au Maroc, Maazouzi représente la France à partir de 1999, l’année de ses 30 ans. Sa deuxième carrière ne manque pas de réussite, puisqu’après le bronze aux championnats du monde 2001 à Edmonton sur 1500 m, il remporte les Mondiaux en salle sur la même distance à Birmingham en 2003. À 36 ans, il
s’offrira même une troisième place aux championnats d’Europe de cross en 2005, à Tilburg.
Joseph Mahmoud
Vingt ans de barrières
Un premier titre national en cadets sur 1500 m steeple en 1972, une dernière victoire aux France en 1992 sur 3000 m steeple. Vingt ans de carrière consacrés aux barrières, et une médaille d’argent olympique au sommet de son palmarès. En 1983 à Helsinki, lors des premiers Mondiaux, Joseph Mahmoud
termine au pied du podium. Un an plus tard, lors des Jeux de Los Angeles, il prend sa revanche en décrochant l’argent en 8’13’’80, derrière le Kényan Korir. Sur sa lancée, il bat le record d’Europe à Bruxelles en 8’07’’62. Une marque qui tiendra dix-huit ans.
Mahiedine Mekhissi
Le rival des Kényans
Inattendu deuxième des Jeux de Pékin en 2008, le demi-fondeur rémois enchaîne les podiums au fil des années, au milieu des Kényans, pour se forger l’un des plus gros palmarès du sport français. Trois médailles olympiques, deux médailles mondiales, cinq titres européens en cinq éditions consécutives
(du jamais vu !), un record d’Europe tout proche des 8’ (8’00’’09) : n’en jetez plus, la coupe est pleine ! À moins qu’il y ait encore de la place pour les années à venir ?
Yamna Oubouhou
Merci le cross !
Avec huit podiums internationaux en individuel et par équipes, Yamna Oubouhou s’est forgé un palmarès de choix dans les labours. Deux courses de la native d’Hagou (Maroc), élevée à Meaux (Seine-et-Marne), sortent du lot : le cross court des Mondiaux de Belfast en 1999, lors duquel elle devient vice-championne
du monde et mène les Bleues à l’or collectif devant le Kenya, et le cross long des Europe de Thoune (Suisse) deux ans plus tard, qu’elle domine en réalisant le doublé par équipes.
Raphaël Pujazon
Six à la suite aux France de cross
Champion d’Europe du 3000 m steeple à Oslo en 1946 en 9’01’’4, le natif d’El Campillo, en Andalousie, fut d’abord et surtout le plus grand crossman français de son époque. À l’aise sur tous les terrains, il remporta tous les titres nationaux dans les labours de 1944 à 1949, soit six victoires consécutives,
et domina deux fois le cross des nations, la référence continentale. Un seul regret mais immense, pour le fondeur de l’US Tramways et du Racing Club de France : son abandon en finale du 3000 m steeple aux Jeux de Londres en 1948.
Roger Rochard
Le premier « Européen »
Son nom ne dira probablement rien aux plus jeunes de nos lecteurs, mais c’est bien lui le tout premier Français à décrocher un titre européen en athlétisme. À Turin, en 1934, pour la première édition de la compétition, il survole le 5000 m et devance son dauphin polonais de près de 5 secondes, égalant
au passage le record de France de l’époque, propriété du mythique Jean Bouin, en 14’36’’8.
Annette Sergent
La boue lui va si bien
Meilleure fondeuse de l’Hexagone au début des années 1990, Annette Sergent trouve dans les champs de cross le terrain de jeu où elle peut le mieux exprimer ses qualités. Après un premier podium en 1986, la Lyonnaise met le monde à ses pieds l’année suivante à Varsovie, puis une nouvelle fois en 1989
à Stavanger. Entretemps, elle a de nouveau glané le bronze à Auckland en 1988.
Bouabdellah Tahri
Le tenace
Avec neuf finales mondiales ou olympiques sur 3000 m steeple, une distance phagocytée par les Kényans, le Messin (41 sélections en équipe de France A) a longtemps été le seul Européen capable de les inquiéter, avant l’émergence de Mahiedine Mekhissi. Une ténacité récompensée par une médaille de bronze
aux Mondiaux de Berlin en 2009. Au niveau européen, deux breloques en plein air (2e en 2006 et 2010) et deux en salle (3e du 3 000 m en 2007 et 2009). Un habitué des stages sur les hauts plateaux kényans, quand ça n’était pas encore à la mode.
Jean-Paul Villain
Le chef d’œuvre d’Helsinki
Spécialisé sur 3000 m steeple dès la catégorie juniors, le Dieppois termine neuvième sur la distance lors des Jeux de Mexico en 1968, puis poursuit sa montée en puissance. Champion de France en 1969, une année lors de laquelle il prend la cinquième place des championnats d’Europe, il conserve sa
couronne nationale en 1970 et 1971. 1971, sa grande saison avec le titre continental à Helsinki, à l’issue d’une course contrôlée de bout en bout et avec un record de France à la clé en 8’25’’2.