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Alice Finot, la vif-argent

La fondeuse tricolore a décroché une incroyable médaille d’argent sur 3000 m, en explosant son record personnel en 8’46’’54. Une récompense qu’elle a fêtée dans l’euphorie, et qui redonne le sourire à une équipe de France qui avait eu à déplorer en début de soirée le forfait pour blessure de Renaud Lavillenie. Les spécialistes du 800 m, tous qualifiés pour les demi-finales, et Célia Perron, huitième du pentathlon, se sont aussi illustrés.

La médaille

De l’argent qui vaut de l’or

Alice Finot a hurlé de joie, acclamée par les membres de la délégation tricolores debout en haut des tribunes du premier virage, puis est tombée dans les bras de la mascotte en forme de pain d’épice. Incrédule, le visage dans les mains, comme si elle ne pouvait pas y croire. « C’était l’euphorie, je suis désolée mais c’était naturel », s’excuse-t-elle presque. La fondeuse installée à Vigo, au nord de l’Espagne, s’est sans doute elle-même impressionnée ce vendredi soir, même si elle savait que le podium « était faisable au vu des bilans européens ». Elle a, en tout cas, créé une des plus grosses surprises de l’histoire récente de l’athlétisme français, en décrochant l’argent en 8’46’’54. Un chrono qui lui permet d’exploser son record personnel de près de sept secondes (ancien record : 8'53''00), et qui fait d’elle la deuxième meilleure performeuse française de tous les temps derrière Yamna Belkacem (8’41’’63).

Pour réaliser cet exploit, l’athlète coachée par Martinez Ageito Manuel a déroulé une course quasi parfaite. Dans une course emmenée par l’Israélienne Selamawit Bayoulgn sur des bases très rapides, elle n’a pas fait un seul mètre en trop, bien calée à la corde et parfaitement relâchée. Après avoir légèrement rétrogradée sans pour autant être lâchée du peloton de tête, elle a réussi à éviter miraculeusement une chute de la Hollandaise Maureen Koster survenue à trois cents mètres de la ligne, qui « a un peu redistribué les cartes ». La suite : un dernier tour de folie, « au mental », lors duquel elle a continué à allonger son ample foulée pour revenir sur Amy-Eloïse Markovc et Verity Ockenden. Avant de franchir l’arrivée entre les deux Britanniques, respectivement chronométrées en 8’46’’43 et 8’46’’60. Les trois premières se tiennent en une poignée de centièmes. Et la Française en a conscience, elle était peut-être la plus forte aujourd’hui dans la dernière ligne droite : « J’étais mal placée, bloquée. J’avais les jambes pour les dépasser, je le sais. »

Qu’importe, pour sa première sélection en équipe de France à 30 ans, Alice Finot ouvre son palmarès international à l’issue d’une course de rêve. « Le flow, on ne le vit pas souvent dans une carrière. Mais aujourd’hui, c’était le cas. Ça s’est passé tout seul, les planètes se sont alignées, tout était en phase, décrit celle qui n’avait pas laissé la même impression hier en séries. Les kinés ont fait du très bon travail, retrace-t-elle. On a enclenché un processus de récupération. Après l’échauffement, je leur ai dit que j’avais de meilleures jambes qu’hier. »

Après avoir arrêté l’athlétisme entre 18 et 24 ans pour se « consacrer à (s)es études », l’ingénieure en automobile, détachée à 40 % par son employeur, voit son ascension express déjà récompensée. Prometteur à quatre mois des J.O. de Tokyo. « Je me repose à partir de ce soir, et après, je vais penser sérieusement au 3000 m steeple pour les Jeux. » A la question, est-ce un accomplissement ou un début, elle répond : « Bonne question, ce soir, je ne vais pas beaucoup dormir et je vais y penser. »

La Décla

« J’étais la seule Française dans la compétition pour ma première sélection seniors. Je me disais que je représentais les épreuves combinées féminines et que ça n’était pas ce que j’avais envie de montrer. J’ai dit aux kinés : vous allez voir, la longueur, c’est l’abattoir. Tout peut se passer »

En retrait vendredi matin, avec « une erreur bête » sur les haies (8’’57) et « une contre-performance » à la hauteur (1,71 m), Célia Perron aurait pu s’effondrer. Il n’en a rien été. Au contraire, la combinarde de l’ECLA Albi s’est ressaisie au poids (11,73 m) en milieu de journée avec un jet proche de son record. Puis, après la traditionnelle pause, elle a décollé à 6,15 m au deuxième essai, la meilleure marque de sa carrière. Après que plusieurs athlètes eurent arrêté leur compétition en cours de route - « c’est ça les épreuves combinées, il faut enchaîner les épreuves », relève-t-elle avec justesse, la championne de France Elite abordait le 800 m final en neuvième position. « Romain m’a dit que j’étais à trois secondes de la fille devant moi. »

Alors, dans une course marquée par des bousculades, elle a serré les dents et franchi la ligne d’arrivée en 2’14’’32. Un chrono suffisant pour gagner un précieux rang et intégrer le top 8, avec un total de 4310 points que l’athlète coachée par Rémi Magro « ne pensait pas être capable d’atteindre au début de la saison », elle qui avait ensuite explosé à deux reprises son record personnel (4367 pts puis 4434 pts). Après avoir partagé, même à huis-clos, le tour d’honneur des pentathlètes en discutant avec la désormais double championne d’Europe indoor Nafissatou Thiam (4904 pts), Célia Perron pouvait laisser tomber quelques larmes de joie. « Ça a été vraiment une très belle expérience. J’ai tellement appris au niveau des sensations. Ça n’est que du plus pour cet été et les prochains hivers. »

Le Coup Dur

Lavillenie blessé à l’entraînement

On salivait à l’avance de son duel au sommet avec le Suédois Armand Duplantis. Mais Renaud Lavillenie ne sera pas en piste lors des qualifications du saut à la perche samedi matin. L’annonce du forfait du double champion olympique est tombée en début de soirée. La raison : « une douleur vive au mollet droit sur un exercice classique », survenue à l’entraînement vendredi matin. « C’est une décision très difficile pour moi car je suis un compétiteur, mais avec le bel hiver que j’ai fait, je ne veux pas tout perdre pour la saison estivale, a déclaré le Clermontois. Ce soir, l’évolution n’est pas assez significative, et je ne veux pas aggraver ma blessure et risquer de compromettre les J.O. cet été. » Un choix sage.

Les Promesses

Carton plein sur 800 m

Le mode de qualifications pour les demi-finales sur le quadruple tour de piste était particulièrement redoutable, avec un billet pour les trois premiers de chaque série et aucun qualifié au temps. Les trois Français en lice ont su passer brillamment ce premier écueil. Pierre-Ambroise Bosse et Benjamin Robert, toujours bien placés, ont pu gérer leur effort dans la dernière ligne droite. Ils terminent deuxième et troisième de leur course en 1’49’’08 et 1’49’’76. « Comme je l’avais dit, je ne comptais pas rester aux arrière-postes, explique PAB. Ce sont des choix stratégiques. » « En salle, le placement est primordial et la moindre erreur peut être fatale », prolonge Benjamin Robert, qui a su passer au-dessus du stress ressenti. Nasredine Khatir a, lui, eu besoin de faire « un cassé du renard », selon ses propres mots, pour aller chercher en 1’50’’97 le troisième et dernier billet qualificatif pour les demies. Du travail bien fait. Seule petite inquiétude : la douleur à la voûte plantaire ressentie par le champion du monde 2017.

Florian Gaudin-Winer pour athle.fr
Photos : © Jean-Marie Hervio / KMSP / FFA

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