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Les Tricolores en embuscade

Cinquièmes à mi-parcours d’un classement dominé par les Britanniques, les Bleus devront réaliser dimanche une belle remontée pour grimper sur le podium. Ils ont pu compter ce samedi sur les victoires d’Alexandra Tavernier (marteau), Rouguy Diallo (triple saut), Mouhamadou Fall (100 m) et Thomas Jordier (400 m). Les demi-fondeurs ont aussi été en verve, avec trois records personnels.

Un cri rageur pour accompagner son engin, des moulinets devant la caméra pour souligner la longue attente avant le résultat, puis un petit sourire satisfait. Emballez, c’est pesé. Alexandra Tavernier et ses mèches peroxydées ont plié le concours du marteau dès le premier essai, avec un jet à 75,06 m, pas loin de son record personnel (75,38 m). Celle qui « avait hâte de manger de la Polonaise » avait, comme promis, de l’appétit. Pendant que sa principale adversaire, la locale Malwina Kopron, s’emmêlait dans ses tours (2e avec 73,18 m), la Savoyarde, « stable techniquement », enchaînait avec un deuxième essai à 74,75 m, avant de mordre ses deux dernières tentatives. Comme il y a deux ans à Bydgoszcz, elle faisait le plein de points et lançait les Bleus sur des bases idéales. « Cette victoire fait du bien, je monte en puissance et les choses se mettent en place, savourait-elle. C’est bien de gagner des meetings, mais c’est encore mieux dans des compétitions officielles. J’aime ce plateau, ce stade, c’est une terre de lancers. »

Diallo, première réussie

Etonnamment, Rouguy Diallo disputait, à 26 ans, ses premiers championnats d’Europe par équipes. La triple sauteuse a vite trouvé ses repères, en s’appuyant sur la même recette que la lanceuse : un premier essai très propre techniquement, mesuré à 14,12 m (+0,5m/s) et synonyme de victoire, avant qu’une pluie fine commence à s’abattre sur la piste. « On n’a pas eu d’Interclubs cette année donc ça nous rappelle des souvenirs, souriait la protégée de Teddy Tamgho, manteau sur le dos alors que le thermomètre se rapprochait dangereusement des 10°C. J’avais pour objectif de gagner pour la ‘’team’’. J’ai pu voir quelques belles perfs avant mon concours, ça m’a motivée. »

Fall et Jordier au finish

Elle a peut-être pu jeter un coup d’œil aux deux autres victoires individuelles des Bleus, qui sont venues du sprint. Avec tout d’abord Mouhamadou Fall, qui a fini fort sa ligne droite pour devancer d’un centième le Transalpin Lorenzo Patta en 10’’28 (-0,5m/s). « Une médaille peut se jouer sur un cassé, rappelait-il, en mentionnant le bronze collectif arraché il y a deux ans un demi-point devant l’Italie. Sur la fin, je sentais que je revenais et j’ai réussi à garder mon placement. Peu importe le niveau et le chrono, il faut gagner des courses et ça fait du bien, encore plus quand c’est avec l’équipe de France. »
Même scénario pour Thomas Jordier sur le tour de piste, auteur d’un joli finish, comme à son habitude, pour aller chercher la première place en 45’’65. Disqualifié en série des Europe indoor de Torun en mars dernier alors qu’il faisait partie des favoris, le sociétaire de l’Amiens UC confirme son nouveau rôle de taulier en individuel. « C’est mon meilleur chrono depuis longtemps, appréciait-il. On ne va pas cracher dessus., même si le dernier 120 m est hyper perfectible car je pêche en sortie de virage. Chaque point compte, on va continuer à mouiller le maillot et essayer de finir en beauté », annonce celui qui sera un des maillons forts du 4x400 m tricolore en clôture de la compétition.

Hay a pris ses responsabilités

Au-delà de ce quatuor, l’équipe de France a pu s’appuyer sur une nouvelle génération de demi-fondeurs au tempérament volontaire. Les trois records personnels battus, dans un contexte tactique habituellement peu propice à de gros chronos, en témoignent. Ils ont été l’œuvre d’Hugo Hay, Léna Kandissounon et Claire Palou. Le premier nommé a eu l’intelligence de s’organiser avec l’Italien Yemaneberhan Crippa, l’Espagnol Carlos Mayo et le Britannique Thomas Mortimer pour réaliser une course au train. Si Crippa, vainqueur en 13’17’’23, n’a que moyennement joué le jeu, les autres ont tous pris leurs relais avec conviction. A commencer par l’athlète des Deux-Sèvres installé en Belgique, récompensé pour son panache par une deuxième place en 13’17’’95, soit près de dix secondes de mieux que son ancienne marque de référence (13’27’’47). « Il y avait de gros points au ranking à aller chercher pour les Jeux, relève-t-il. On était quatre sur la même longueur d’ondes. J’ai dû mener au total deux kilomètres, ce qui n’est pas rien. Je suis très content du résultat. Je valide mes progrès et, en plus, je marque de gros points pour l’équipe de France. »
Léna Kandissounon, quatrième du 800 m en 2’02’’75 (ancien record :  2’02’’97), était « plutôt contente » mais restait « un peu sur sa faim » après cinquante derniers mètres compliqués. Quant à Claire Palou, la benjamine du collectif tricolore du haut de ses 19 ans, elle confiait être « vraiment déçue de la place et du chrono », malgré sa cinquième place sur 3000 m steeple en 9’55’’40 (ancien record : 9’56’’64). Des réactions qui démontrent un beau tempérament.

Six équipes en quatorze points

Cinquième avec 83,5 points à l’issue de cette première journée, l’équipe de France, qui a aussi placé dans le top 3 Ludvy Vaillant (3e du 400 m haies en 50’’76), Augustin Bey (3e à la longueur avec 7,75 m) et ses deux 4x100 m (43’’91 pour les filles et 39’’12 pour les garçons) mais a été handicapée par quelques contre-performances, va devoir cravacher pour monter sur la boite. Si la Grande-Bretagne mène la danse avec 95 unités, les six premières équipes, qui se tiennent en seulement 14 points (voir le classement), peuvent encore prétendre à la victoire. Seul le Portugal (48,5 pts) est irrémédiablement lâché et sans doute déjà condamné à la relégation. Mais les championnats d’Europe par équipes offrent toujours des dénouements un peu fous. Le zéro pointé de l’Allemagne (qui a en revanche pu compter sur les énormes 96,29 m de Johannes Vetter au javelot) et de l’Espagne sur le 4x100 m féminin, ou encore le forfait de dernière minute de Gianmarco Tamberi à la hauteur, ne sont sans doute pas les derniers retournements de situation de la compétition.

Florian Gaudin-Winer pour athle.fr
Photos : © Stéphane Kempinaire / KMSP / FFA

Suivez la compétition en intégralité sur All Athletics, la plateforme vidéo de European Athletics.
Le samedi, de 15h30 à 19h30. Le dimanche, de 13h à 16h15.

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