Les Tricolores sixièmes

Débutée sous des trombes d'eau, la deuxième journée des championnats d'Europe par équipes n'a pas souri à l'équipe de France, qui termine sixième du classement final. Les éclaircies en Silésie sont venues du demi-fond et des lancers, avec les deuxièmes places de Yann Schrub (3000 m), Mehdi Belhadj (3000 m steeple) et Jona Aigouy (javelot).
Les premières minutes de compétition avaient donné le ton, ce dimanche. Un déluge de pluie sur la piste, des athlètes capuches sur la tête et manteaux sur le dos lors des présentations, et de petites serviettes blanches, vite remplacées par un souffleur plus efficace, pour s’attaquer à un cercle envoyant des éclaboussures à chaque appui des lanceurs de marteau.
Un ciel chagrin, comme le dimanche de l’équipe de France. Encore en course pour le podium à l’issue de la première journée, les Bleus ont vécu un après-midi difficile, symbolisé par la grave blessure au genou gauche d’Hilary Kpatcha. La sauteuse en longueur du CA Balma a glissé sur la planche d’appel à l’échauffement et souffre d’une rupture du ligament antérieur.
Avec en plus le zéro de Lolassonn Djouhan au disque, la disqualification du 4x400 m féminin et plusieurs contre-performances au compteur, la marche jusqu’à la boîte était trop haute pour les Tricolores. Qui terminent sixièmes du classement final avec 140 points, devant le Portugal (97,5 pts) relégué en division inférieure avec l’Ukraine, forfait suite à deux cas positifs au Covid-19 avant la compétition. Mais à distance du trio de tête, mené par la Pologne qui conserve sa couronne
à domicile avec 181,5 unités, devant l’Italie (179 pts) et la Grande-Bretagne (174 pts).
« L'écart s'est creusé avec nos adversaires, constate Florian Rousseau, directeur de la haute performance à la direction technique nationale. On aurait aimé être plus à la lutte. On manque de profondeur de banc, pour reprendre une expression du football. Quand un leader est absent, il y a des lacunes. Il va falloir réfléchir à comment créer plus de densité. Reste que le maintien était essentiel, et nous allons maintenant nous focaliser sur les Jeux de Tokyo. »
Un point de vue partagé par André Giraud, président de la FFA : « Avec les choix que nous avions faits, en laissant à nos têtes d’affiche la possibilité de venir ou pas, on savait que ce serait une compétition difficile. Mais ça n’est pas une excuse, car ça a aussi été la stratégie d’autres pays. Cette équipe très jeune est en apprentissage, et il s’est parfois avéré douloureux. Nous allons en tirer des enseignements. La nouvelle génération nous avait laissé entrevoir de belles perspectives en 2019.
Elle s’est retrouvée ce week-end d’un coup dans le grand bain. » En se montrant parfois sous son meilleur jour.
Schrub et Belhadj s’affirment

Les demi-fondeuses Léna Kandissounon et Claire Palou, et le déjà plus expérimenté Hugo Hay, s’étaient illustrés samedi. Yann Schrub et Mehdi Belhadj leur ont emboité la foulée ce dimanche. En pleine préparation pour la coupe d’Europe du 10 000 m, qu’il disputera samedi prochain à Birmingham, le premier nommé a fait parler son finish sur 3000 m pour prendre la deuxième place en 8’31’’82, derrière le Portugais
Isaac Nader (8’31’’26). « J’avais un peu peur d’une course tactique, confie pourtant le Mosellan. J’avais décidé de ne pas attaquer, ça n’était pas à moi de le faire avec la présence de cadors. Mon dernier tour prouve que j’ai gardé une bonne pointe de vitesse. » Mehdi Belhadj a aussi fait parler son sens du placement sur 3000 m steeple, pour terminer sur les talons du favori espagnol, Fernando Carro (8’39’’67), en 8’40’’03.
Aigouy a beaucoup appris

Les six points de la deuxième position ont enfin également été apportés par Jona Aigouy au javelot. Pour sa première sélection en équipe de France A, l’espoir de 22 ans s’est approchée tout près de son record personnel au javelot (56,81 m) avec un deuxième jet à 56,59 m. La première place, elle, était inaccessible, avec le record des championnats de l’Allemande Christin Hussong, autrice d’un lancer à 69,19 m. « Pour mes premiers pas dans la cour des
grands, ça a été une jolie expérience, apprécie celle qui vise, cet été, le record de France U23 de Margaux Nicollin (59,73 m). J’ai beaucoup appris aujourd’hui, notamment par rapport à l’attente et au stress que ça peut générer. »
A retenir également, au rayon des satisfactions ce dimanche, les 16,19 m au poids de la polyvalente espoir Amanda Ngandu-Ntumba (7e), qui réalise la meilleure performance de sa carrière en plein air, et les 1,85 m de Solène Gicquel (5e) à la hauteur. Au marteau, Quentin Bigot, gêné par le plateau glissant à cause d’un choix de chaussures limité, n’a pas démérité mais a dû se contenter de la troisième place avec 76,75 m. Le Messin est tombé sur un Pawel Fajdek des grands jours, qui a réalisé à domicile sa meilleure performance depuis quatre
ans avec 82,98 m pour devancer l’Espagnol Javier Cienfuegos (77,11 m). Mais à Tokyo, ce sera une autre histoire. D’ailleurs, le Polonais, quadruple champion du monde, n’est jamais monté sur un podium olympique. La preuve que rien n’est écrit.
Florian Gaudin-Winer pour athle.fr
Photos : © Stéphane Kempinaire / KMSP / FFA
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