Les sprinters veulent affoler le chrono
A quatre jours du début des épreuves d’athlétisme (30 juillet-8 août), Athle.fr vous propose une présentation complète, épreuve par épreuve, des enjeux s’offrant aux Français engagés. Coup d’envoi avec les dix sprinters et hurdlers.
100 m : Retrouver la confiance |
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À 29 ans, Jimmy Vicaut participe déjà à ses troisièmes Jeux olympiques, après Londres et Rio. Pas épargné par les pépins physiques, l’élève de Rana Reider n’a plus couru lors d’un grand rendez-vous depuis les championnats du monde de Doha en 2019. Il avait alors été éliminé en demi-finales.
Septième de la finale du 100 m en 2016, saison durant laquelle il avait égalé le record d’Europe de la discipline en 9’’86, le sociétaire de la Sco Sainte-Marguerite Marseille débarque à Tokyo en manque de répères chronométriques, avec pour meilleure référence un 10’’17, réalisé fin avril aux États-Unis, où il s’entraîne désormais. Un chrono qui le place loin des favoris dans les bilans mondiaux dominés par l’Américain Trayvon Bromell, auteur de 9’’77 cette saison. Reste que le sprinter français évoluera
sans pression et peut espérer retrouver son meilleur niveau, si ses gênes physiques le laissent tranquille.
200 m : Dans le grand bain |
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À tout juste 19 ans, Gémima Joseph va découvrir à Tokyo le très haut niveau, elle qui n’avait jusqu’a présent connu que des sélections chez les jeunes. Avec un chrono de 22’’77, réalisé le 16 juin dernier sur la piste de Cergy-Pontoise, « une surprise », la Guyanaise a donné un grand coup d’accélérateur à sa jeune carrière. Aucune Française n’était allée aussi vite sur le demi-tour de piste depuis Myriam Soumaré en 2014.
Gémima Joseph semble ainsi avoir fait le bon choix en quittant sa ville de Kourou pour rejoindre Cayenne et l'IFAS. Sur la piste de Tokyo, elle sera la benjamine de l’équipe de France d’athlétisme, trois semaines après avoir pris le bronze aux championnats d’Europe espoirs à Tallinn (Estonie). Une course au niveau de son record personnel pourrait lui permettre d’accéder au stade des demi-finales, sur une distance qui a vu les Américaines et Jamaïcaines aller très vite cette saison.
400 m : S’inviter parmi les meilleures |
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Arrivée à l’athlétisme plus tardivement (19 ans) que nombre de ses concurrentes, Amandine Brossier n’a pas mis longtemps avant de s’imposer comme l’un des espoirs puis comme la nouvelle patronne du 400 m en France. Avec un record personnel établi à 51’’25 cette saison du côté de Genève et un titre de championne de France acquis devant son public à Angers, celle qui avait débuté par le sprint court peut légitimement espérer une place en demi-finales, dans
une
discipline qui se cherche un nouveau souffle, avant de jouer un rôle important dans le relais 4x400 m féminin.
100 m haies : Passer un nouveau cap |
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Flashée en 12’’75 cette saison à Angers lors des championnats de France Élite, Cyréna Samba-Mayela a montré qu’elle était bien la leader de la discipline dans l’hexagone. À tout juste 20 ans, l’élève de Teddy Tamgho poursuit sa belle progression après avoir multiplié les podiums nationaux et internationaux dans les jeunes catégories. Son chrono de référence de 12’’73, établi en 2020 à Albi, la rapproche progressivement du record de France, co-détenu par Monique
Éwanjé-Épée
et Cindy Billaud (12’’56). Une marque qui pourrait lui ouvrir les portes de la finale.
Sa dauphine des championnats de France Élite, Laura Valette va, elle, retrouver l’Olympe, sept ans après son sacre lors des Jeux olympiques de la jeunesse à Nankin (Chine). La marche semble trop haute pour espérer une aussi belle issue à Tokyo, mais la Nantaise, 18e temps des engagées (12’’87), qui a déjà emmagasiné de l’expérience en grands championnats (Berlin 2018, Doha 2019), visera a minima les demi-finales.
110 m haies : Pour prendre la relève |
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La tradition des haies françaises continue de faire briller les Bleus au plus haut niveau. Et cette année, c’est bien le plus jeune de nos trois sélectionnés, Wilhem Belocian, qui semble en capacité de succéder à Dimitri Bascou, médaillé de bronze à Rio en 2016.
Si le titre semble promis à l’Américain Grant Holloway, 23 ans, champion du monde en titre et recordman du monde du 60 m haies cet hiver, le Guadeloupéen, neuvième aux bilans, fait partie d’une palanquée de candidats crédibles au podium.
Les expérimentés Pascal Martinot-Lagarde, médaillé de bronze à Doha en 2019, et Aurel Manga peuvent légitimement espérer jouer eux aussi les premiers rôles. Reste à espérer que le premier nommé ne soit plus gêné pas son ischio-jambier, qui l’a empêché de s’exprimer cette saison. Auteur de 13’’24 lors des championnats de France à Angers, nouveau record personnel à 29 ans, Aurel Manga arrive à Tokyo en confiance, quelques mois après sa cinquième place aux championnats d’Europe en salle à Torun
(Pologne).
400 m haies : Se frayer un chemin |
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Le 400 m haies masculin sera l’une des courses les plus attendues de ces Jeux olympiques, du fait de la présence de Karsten Warholm, détenteur depuis le 1er juillet dernier du record du monde de la discipline en 46’’70. Le Norvégien a effacé des tablettes le vieux record de Kevin Young (46''78), réalisé en 1992 aux Jeux de Barcelone.
Derrière lui, on retrouve une très forte concurrence avec notamment l’Américain Rai Benjamin, le Qatari Adberrahman Samba ou le Brésilien Alison Dos Santos. Au total, huit athlètes ont signé un chrono inférieur à 48’’20 cette saison. Les deux Français Wilfried Happio et Ludvy Vaillant, respectivement auteurs de 49’’27 et 49’’22 en 2021, devront accélérer pour au moins s’extirper des séries. Seul le deuxième nommé y était parvenu en lors des championnats du monde à Doha en 2019.
4x100 m : Assurer les passages pour une place au soleil
Sur le papier, les Français sont moins costauds que les Américains, Jamaïcains, Trinidadiens ou Britanniques, chez les hommes comme chez les femmes. Mais il existe en France une tradition et une école de relais qui a fait ses preuves dans le temps, et que d’autres nations ont copié, à l’image du Japon. Les Bleus et Bleues compteront donc une nouvelle fois sur leur science de la transmission à haute vitesse pour viser une place parmi
les huit meilleures nations qui se disputeront les médailles.
Chez les hommes, le leader annoncé du collectif, Jimmy Vicaut, a jonglé avec divers petits pépins dans sa préparation. Les femmes, elles, auront l’avantage de la fraîcheur et d’une préparation optimale puisqu’elles ne sont engagés que collectivement, et n’auront donc la tête qu’à ça.
4x400 m : Une revanche à prendre
A Rio il y a cinq ans, aucun des deux « 4x4 » n’avait réussi à se hisser en finale. Les spécialistes du tour de piste ont donc une idée bien précise au moment de se lancer dans leur quête olympique : regagner leur place parmi le gratin, aux côtés des Etats-Unis, Jamaïque, Russie, Grande-Bretagne et consorts.
Les hommes pourront s’appuyer sur trois coureurs ayant couru en moins de 46’’ cet été, dont leur taulier et ambianceur Thomas Jordier, qui a retrouvé ses meilleures jambes en 2021, malgré des péripéties aux Europe en salle (disqualifié pour un appui sur la ligne intérieure). Les femmes, elles, auront comme locomotives Amandine Brossier, qualifiée en individuel, et Floria Gueï, de retour après une grossesse.
Marion Canu pour athle.fr
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