Vicaut s’est fait plaisir

Le corecordman d’Europe du 100 m s’est qualifié pour les demi-finales en réalisant son meilleur temps de la saison, en 10’’07. Un chrono qui fait du bien au moral. Eliminée en demies du 800 m, Rénelle Lamote préférait positiver, tout comme Augustin Bey, qui n’a pas pu défendre véritablement ses chances lors des qualifications de la longueur.
Le temps fort
Un sprinter libéré
Avec comme camarades de chambre au village olympique Pierre-Ambroise Bosse, Ludvy Vaillant et Wilfried Happio, tous qualifiés pour les demi-finales de leur épreuve respective, Jimmy Vicaut n’avait pas le choix : il devait franchir le cap des séries. « Si je ne passais pas, c’est qu’il y avait un problème technique », rigole-t-il. Il ne trouvera pas porte close, puisqu’il a rempli sa part du contrat. Avec la manière en bonus, puisqu’en se classant deuxième
de
sa course en 10’’07 (+0,2m/s), derrière l’Américain Ronnie Baker (10’’03), le sprinter de la SCO Sainte-Marguerite Marseille a amélioré d’un dixième son meilleur temps de la saison. « Je suis content de descendre mon chrono, savoure-t-il. J’en avais marre, je ressentais une frustration pas possible, vous ne pouvez pas savoir. Il m’a juste manqué quelqu’un à la bagarre. » Qui aurait pu être le Jamaïcain Tyquendo Tracey, à ses côtés sur la start-list mais forfait de dernière minute.
Tout sourire, soulagé et même blagueur, en résumé libéré, l’élève de Rana Raider en Floride a, en l’espace d’une ligne droite, mis de côté les pépins physiques qui le tracassaient depuis le début de l’été. « C’était juste dans la tête, ça n’était pas autre chose même si j’ai perdu du temps, confie-t-il. J’ai un doctorat en ischio, je suis l’expert. On a pris le temps pour monter en puissance progressivement. L’équipe médicale a bien bossé. »
Le 100 m masculin se cherche un patron et, en attendant son arrivée, ça se bouscule aux portillons. Le Canadien André de Grasse a réalisé le meilleur temps des séries en 9’’91, trois centièmes devant l’Italien Marcell Jacobs, auteur d’un nouveau record national. La bataille pour entrer en finale s’annonce indécise. En grapillant encore quelques centièmes, Jimmy Vicaut, auteur d’une fin de course très solide après un départ encore largement perfectible, peut avoir son
mot à dire. « Demain, je n’aurai pas le droit à l’erreur, ce sera du bonus. Je m’étais fixé l’objectif de passer la série. Par le passé, j’ai tellement visé haut que le corps ne suivait pas. » L’ambition vient en courant.
La décla
« Je suis déçue mais pas tant que ça, car j’ai donné ce que j’avais aujourd’hui. C’est vrai que ça n’était pas top, mais je me suis battue jusqu’au bout. Je me suis tellement rendue malade pour le sport que j’ai envie de vivre mes Jeux à fond. C’est de l’athlé, il y a cinquante participants, huit places pour la finale. Je ne veux pas le prendre comme la fin du monde, même si c’était une course très importante. Je ne vais pas sombrer dans la tristesse. »

Rénelle Lamote le sait, elle a laissé passer une très belle occasion de participer à sa première finale olympique ce samedi à Tokyo. Cinquième de la demi-finale la plus rapide de la soirée en 1’59’’40, la demi-fondeuse du Racing Multi Athlon avait le potentiel, au vu de sa saison, d’aller chercher une qualification au temps qui lui échappe pour douze centièmes (l’Américaine Raevyn Rogers est la deuxième et dernière prise au chrono, avec ses 1’59’’28 dans
la troisième demie). Mais plutôt que de se morfondre, celle qui avait mis de longs mois à se remettre de son élimination en séries des Jeux de Rio il y a quatre ans, préfère aujourd’hui positiver.
Dans une course dominée par l’universitaire américaine Athing Mu (1’58’’07) devant l’Ethiopienne Habitam Alemu (1’58’’40), l’élève de Bruno Gajer a senti le lactique monter « assez tôt ». « Après les 300 premiers mètres, je n’étais pas vraiment dans mon assiette, constate-t-elle. Un jour sans (…). A ce niveau-là, il n’y a pas de magie. J’ai vraiment l’impression d’avoir fait ce que j’ai pu, je n’ai pas de regrets. » Avec un été marqué par un record abaissé à 1’57’’98 après cinq
ans d’attente, le triple médaillée européenne retient « une très belle saison, malgré cette fin un peu triste ». Et se projette en souriant déjà vers la suite : « Je vais repartir à l’entraînement, c’est même le début de quelque chose avec Bruno. »
Le coup dur
Bey trahi par son tendon d’Achille

Le spécialiste de la longueur d’Athlétisme Metz Métropole n’a pas pu s’exprimer lors des qualifications, avec aucun saut validé. La faute à « une énorme douleur au tendon d’Achille », apparue la semaine précédant son départ pour le Japon et qui s’est réveillée à son arrivée sur le sol nippon. « On a essayé de la gérer au mieux en adaptant les entraînements, explique Augustin Bey. Malheureusement, elle a commencé à se réveiller énormément hier
(vendredi) et surtout aujourd’hui. » Le refroidissement consécutif au passage en chambre appel a donné le coup de grâce. « J’ai serré les dents et fait du mieux que j’ai pu. La première course d’élan est passée, mais au troisième essai, je n’arrivais même plus à marcher. » Le champion de France tirait tout de même un bilan positif de ses Jeux, en ayant « beaucoup appris » au niveau de la « gestion d’une grosse échéance et de la douleur ».
A Tokyo, Florian Gaudin-Winer pour athle.fr
Photos : © JM Hervio / KMSP / FFA
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