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André Giraud : « Nous allons devoir tirer les bonnes leçons »

André Giraud, président de la FFA, dresse le bilan de ces Jeux olympiques de Tokyo, conclus pour l’athlétisme français avec une médaille, l’argent de Kevin Mayer, et huit finalistes.

Athle.fr : Quel bilan sportif tirez-vous de ces Jeux olympiques ?

Nous étions partis à Tokyo avec un potentiel de quatre à six médaillables. Nous n’avons pas atteint notre objectif chiffré et sommes évidemment déçus. Nous allons devoir tirer les bonnes leçons de ces Jeux. Il y a tout de même eu de belles choses. A commencer par la médaille d’argent de Kevin Mayer au courage, malgré ses douleurs au dos. Il a fait preuve d’un superbe état d’esprit en se battant jusqu’au bout, et a, j’en suis persuadé, inspiré de nombreux jeunes par son attitude et ses mots très forts. La rentrée des clubs nous attend dès les premiers jours de septembre, et nous devons être prêts à accueillir dans les meilleures conditions possibles celles et ceux qui ont hâte de découvrir notre sport, après deux saisons perturbées par la crise sanitaire.

Quels sont les autres points de satisfaction ?

S’il n’est pas monté sur le podium, Renaud Lavillenie a, lui aussi, montré une abnégation hors du commun en étant finaliste à la perche malgré ses blessures à la cheville et au talon. Nos lanceurs Quentin Bigot et Alexandra Tavernier ont évolué à leur meilleur niveau et ne terminent pas loin de la boite, dans un contexte ultra relevé. Même chose pour nos hurdlers Pascal Martinot-Lagarde et Aurel Manga, qui ont su être au top de leur forme au meilleur moment. Et puis, il y a cette génération Paris 2024 qui monte, et qui va progressivement prendre le relais de nos cadres. Elle a été incarnée par des athlètes comme Gabriel Tual, Alexis Phelut, Jimmy Gressier ou encore les relayeuses du 4x100 m, que l’on n’attendait pas forcément en finale et qui ont su saisir leur chance avec panache. J’ai aussi une pensée pour Yohann Diniz, qui aurait mérité une autre fin de carrière mais qui a tellement apporté pendant plus de quinze ans à l’athlétisme. Son comportement et les valeurs qu’il n’a jamais cessé de véhiculer sont un exemple pour tous.

Au-delà des ambitions sportives, voir évoluer une équipe de France unie et soudée vous tenait à cœur…

Après les Mondiaux de Doha, nous nous étions fixé comme objectif de retrouver de la sérénité au sein de l’équipe de France. Sur ce plan-là, tous les signaux ont été positifs, aussi bien lors du rassemblement préparatoire à Kobe qu’au village olympique et sur les sites de compétition à Tokyo et Sapporo. On a réussi à restaurer un esprit collectif, avec de bonnes relations entre les athlètes, l’encadrement fédéral et les coaches individuels, que nous avions tenu à intégrer à toute l’équipe.

Quelles évolutions souhaitez-vous apporter dans l’organisation de la haute performance, afin d’être en ordre de marche pour les Jeux olympiques de Paris 2024 ?

Nous arrivons à la fin d’un cycle. Il va y avoir des changements au niveau de notre cellule de la haute performance, qui fonctionne bien mais que nous devons continuer à renforcer. Il faut avoir la force et le courage de se remette en question. En raison du contexte sanitaire des deux dernières saisons, Florian Rousseau, notre directeur de la haute performance, n’a eu que quelques mois pour commencer à mettre en place une politique sportive ambitieuse, aux côtés de notre directeur des équipes de France Mehdi Baala. La haute performance, c’est de la haute couture. On fait du sur-mesure avec les athlètes. Les plus expérimentés sont déjà très bien entourés. Mais d’autres ont besoin d’un accompagnement encore plus précis.
La professionnalisation par la Fédération de ses meilleurs représentants, à partir de 2007, a permis à toute une génération d’émerger. Mais ce système a aujourd’hui atteint ses limites et doit évoluer. Les athlètes se sont professionnalisés dans les clubs, ont obtenu un statut social. Mais cela implique aussi un retour et des exigences de la part de la Fédération. Un athlète a des droits mais aussi des devoirs. Nous allons devoir prendre davantage en compte leur environnement général, en travaillant en relation avec les dirigeants de clubs, les entraîneurs, l’encadrement médical…

La nouvelle génération a-t-elle les moyens d’être performante dès Paris 2024 ?

On a obtenu une nouvelle fois, il y a moins d’un mois, d’excellents résultats lors des championnats d’Europe juniors et espoirs, et je pense que l’on aura encore de belles confirmations et surprises lors des Mondiaux juniors, qui vont avoir lieu dans quelques jours au Kenya. Notre génération 2024 sera constituée d’une partie de la délégation de Tokyo, en étant complétée par des internationaux ayant brillé dans ces catégories jeunes. On a identifié un potentiel d’une vingtaine d’athlètes qui ont la capacité d’être finalistes à Paris en 2024. Il faut maintenant mettre tous les moyens nécessaires, financiers comme humains, pour ne pas les perdre en route. Je pense à Gabriel Tual, Cyréna Samba-Mayela, Sasha Zhoya, Jeff Erius et bien d’autres. Nous aurons la chance d’avoir trois grandes échéances internationales d’ici 2024, avec les championnats d’Europe de Munich et les Mondiaux d’Eugene en 2022, puis les Mondiaux de Budapest en 2023, qui leur permettront de s’aguerrir. Je suis optimiste.

Propos recueillis par Florian Gaudin-Winer

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