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PML, encore lui !

Dix ans après sa première médaille mondiale en salle, Pascal Martinot-Lagarde a accroché une nouvelle breloque à son énorme tableau de chasse, avec l’argent du 60 m haies ce dimanche à Belgrade. Valentin Lavillenie n’est pas passé loin d’une médaille à la perche, en portant son record à 5,85 m.

La médaille

Et de huit pour Martinot-Lagarde

A force, ses adversaires doivent connaitre le refrain par cœur, mais ils n’ont toujours pas réussi à déloger Pascal Martinot-Lagarde du podium du 60 m haies. Le champion d’Europe 2015 de la spécialité a décroché sa quatrième médaille mondiale indoor, la troisième en argent, dimanche soir dans une Stark Arena portée à ébullition par trois records du monde en une seule journée. S’il n’a rien pu faire face à Grant Holloway, sacré en 7’’39 après ses 7’’29 au tour précédent, le coureur de l’ES Montgeron a réglé le « paquet » du reste du monde, en 7’’50. A l’expérience, en faisant appel à sa « bestialité » qui lui a si souvent permis de faire la différence pour monter sur la boîte.
« Ne me demandez pas de parler de technique : je sais que j’ai couru 60 m et passé cinq obstacles, mais pas plus, se marrait-il devant les journalistes. En revanche, je savais au départ que ce serait serré, et que c’est celui qui casserait le mieux qui passerait. Je me suis donc conditionné à tout donner. S’il y a un truc dont je suis fier, c’est que je sais élever mon niveau de jeu tour après tour. J’ai fait la bonne course au bon moment. »

Inspiré par celle de Cyrena Samba-Mayela la veille au soir - qu’il a « kiffé de fou », et transcendé d’avoir vu de tout près Holloway égaler son record du monde lors des demi-finales puisqu’il était dans le couloir d’à côté, PML reconnaissait avoir eu besoin de ça pour « se mettre la pression. Quand on a vingt ans, comme moi à Istanbul en 2012, tu découvres, t’es inconscient, tu fonces. Des fois, tu as des résultats, et c’est cool. Mais quand tu as des années de carrière derrière toi, tu n’obtiens pas les médailles de la même manière. Je sais que j’ai des choses en moi, mais il faut aller les chercher, alors qu’avant, elles sortaient naturellement. J’ai besoin de la pression pour me remobiliser, et pour ça, je remercie Holloway de m’y avoir aidé. »
Dans la même finale, Wilhem Belocian a perdu le fil, en se voyant rapidement décroché lors de sa mise en action. « J’ai été emporté par la pression et l’émulation d’une finale. Je suis sorti de ma course, et je me suis retrouvé à courir après les autres, et à faire des fautes », soufflait-il, visiblement déçu de sa huitième place, dans le chrono anecdotique de 7’’67. Mais plutôt que de tout jeter, le Guadeloupéen préférait attendre de retrouver « du recul et du calme » pour analyser posément le travail à faire pour aborder au mieux les championnats du monde à Eugene l’été prochain. « A bientôt 27 ans, on apprend toujours, surtout dans des finales comme ça où les choses se jouent à des détails. Ça n’est pas une finale de championnats d’Europe, c’est au-dessus… »

Le finaliste

Valentin Lavillenie rassasié

« Je repars avec un peu de chocolat, et ça tombe bien pour les quelques jours de vacances qui arrivent, je vais pouvoir le manger. » Quatrième d’un concours de perche qui a encore vu Mondo Duplantis pratiquer « un autre sport » que les autres engagés, en poussant son record du monde à 6,20 m, Valentin Lavillenie avait le verbe enjoué et le positivisme comme mantra. D’abord parce qu’il venait, lui aussi, de battre son record, avec 5,85 m effacés à sa deuxième tentative. Mais aussi parce qu’il avait tenu le pari qu’il s’était fixé : jouer le podium. « On savait que ça se jouerait dans ces eaux-là, et j’ai fait mon job ! Je suis très content de moi. Il y avait trois mecs qui étaient plus forts aujourd’hui, voilà. Enfin, il y en a qui n’est pas un mec, je ne sais pas comment on peut le qualifier, c’est un ovni. Et de toutes façons, à 5,90 m, j’étais vraiment mort, épuisé au point de me demander comment j’allais sortir du tapis… »
Outre son meilleur classement dans un championnat du monde (il avait terminé 6e en extérieur à Doha en 2019), et sa place de deuxième Européen, comme à Torun l’an passé, le perchiste clermontois savourait d’avoir décroché le record « de la fratrie de perchistes la plus haute du monde, avec Renaud. Avec 6,15 m et 5,86 m, les Bubka étaient devant nous, mais nous sommes désormais les meilleurs ex aequo, et c’est assez stylé ! »

L’autre Français du concours, Thibaut Collet, s’est classé dixième avec 5,60 m, après avoir raté de peu 5,75 m à sa deuxième tentative. Bien qu’un « petit peu amer » de ne pas terminer finaliste, le Grenoblois reconnaissait qu’il était « difficile de ne pas lever la tête de temps en temps, quand on découvre les championnats du monde, dans une salle bondée ». Et de confier qu’il a beaucoup appris, y compris du spectacle qui s’est déroulé sous ses yeux après la fin de sa partition. « Je suis heureux et fier d’avoir fait partie de ce concours, où le record du monde a été battu. C’est ma première à ce niveau, et je ferai tout pour que ça ne soit pas la dernière. Aujourd’hui, j’étais comme un gosse, j’en ai pris plein la vue, mais j’ai hâte de revenir en étant plus mature et plus armé. » Le petit dernier de la famille Collet, qui ne s’imaginait pas être sur la liste de départ des Mondiaux en début de saison, a désormais revu ses objectifs à la hausse, « y compris pour l’été à venir. »

Le bilan

Une première réussie

C’est un Romain Barras satisfait qui s’est présenté devant la presse à l’heure du bilan. « Je retiens avant tout l’état d’esprit de nos athlètes, qui a été exemplaire. Des dix engagés, aucun n’a flanché, ils ont tous fait preuve d’audace, se sont montrés conquérants, ambitieux, sans complexe. Même ceux qui pourraient être les plus déçus de ces championnats, comme Aurore Fleury, Thibaut Collet ou Wilhem Belocian. Ils ont confirmé tout le bien qu’on pensait d’eux. Ce qu’on a vu en interne nous conforte dans nos choix pour les accompagner pour la suite de l’olympiade. On a une belle génération pour 2024, et Cyréna Samba-Mayela en est le meilleur exemple. Elle a prouvé que c’était possible, et elle va donner envie à plein de gens de continuer à travailler dans une perspective de très haut niveau. On peut aussi compter sur des cadres qui ont très envie de montrer qu’ils seront encore là en 2024, à l’image de Pascal Martinot-Lagarde, qui a encore montré sa rage de vaincre. Cette réussite est appelée à se poursuivre dès les prochains rendez-vous, à commencer par les deux grands championnats de cet été. »

Etienne Nappey pour athle.fr
Photos : © Stéphane Kempinaire / KMSP / FFA

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