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NUMÉRO 596 - ÉTÉ 2022

Championnats du monde de Eugene : Dans les coulisses d’un stade mythique

Enceinte dédiée à l’athlétisme, l’Hayward Field de Eugene (Oregon) accueille depuis près d’un siècle les meilleurs athlètes de la planète et un public de passionnés. Le petit stade convivial devenu mythique, refait à neuf en 2020, sera à partir de vendredi le prestigieux théâtre des Mondiaux.

« Tout est en tartan à l’intérieur, même pour aller aux toilettes : on peut marcher en pointes partout ! », se marre Alessia Zarbo, qui s’entraîne depuis près de trois ans à Eugene , au sein de l’équipe universitaire des « Ducks ». La championne de France 2020 du 5 000 m connaît Hayward Field par cœur et l’appelle même « sa maison ». De la cave au grenier, tout est tourné vers l’athlétisme et pensé pour les athlètes. L’architecture même du stade répond aux exigences de la première discipline olympique : « l’asymétrie des tribunes, explique Jeff Yrazabal, architecte en chef de la reconstruction du stade achevée en 2020, protège les couloirs d’un vent trop fort et garantit à plus de spectateurs les premières loges au-dessus de la ligne d’arrivée ». Sur terre, la partie visible : la piste neuve, les gradins élancés tout de verre et de bois, et sous terre, les coulisses, invisibles pour le simple spectateur. « Nous avons une piste en salle, des aires de lancers et de sauts à l’abri, des salles de récupération avec bains chauds et froids, tout ça sous le stade et à moins de deux cent mètres du campus », ajoute Zarbo. « Tout est calibré pour la performance, très intelligemment pensé pour les athlètes, je n’avais encore jamais vu ça », se remémorait quant à elle Aurore Fleury, à son retour de l’Oregon où elle a disputé le 1 500 m de la Diamond League, fin mai. Elle garde en mémoire « un stade convivial : les tribunes et le couloir extérieur sont vraiment tout proches, et au départ, j’étais à peine à 15 mètres de mon coach. » Plus petit que ses collègues du circuit international (12 500 places seulement, extensible à 33 000 places pour les grandes occasions), le stade de Eugene, entre le campus et les grandes forêts de sapins de Douglas, peut compter sur son public toujours chaleureux et passionné. « On s’y sent tout de suite bien, on imagine qu’on peut sortir la perf’ qu’il faut », résume la mileuse du Nancy Athlétisme Métropole. Un héritage évident de l’histoire de ce stade, théâtre des exploits du légendaire Steve Prefontaine, demi-fondeur culte du début des années 70.

Un stade-monument

La tour de huit étages qui jaillit des tribunes, à côté de l’entrée principale de l’Hayward Field, ressemble à s’y tromper à un immense témoin de relais, comme un symbole de la tradition séculaire de l’athlétisme à Eugene, perpétuée par les générations qui se suivent sur la piste. La tour arbore les fresques représentant les grandes figures des « Ducks », le club universitaire local, de Prefontaine à Ashton Eaton, le décathlonien double champion olympique, originaire du coin. Mais aussi des morceaux de l’ancien stade, celui d’avant 2020, incorporés dans les murs de la nouvelle enceinte. Spectateurs et athlètes sont prévenus : ils s’apprêtent à pénétrer dans des lieux emplis d’histoire et de mythes. Construit en 1919, le stade qui porte le nom du premier entraîneur de l’équipe de l’« Oregon track and field » au début du XXe siècle, Bill Hayward, n’a cessé de se moderniser : la piste en cendrée est abandonnée dès 1969, remplacée par huit couloirs en tartan pour accueillir en 1972 les premiers « Trials » de son histoire. Théâtre des exploits de Steve Prefontaine sur 1500 m et de son entraîneur Bill Bowerman, co-fondateur de la célèbre marque à la virgule, le stade devient ensuite le haut-lieu du « running boom » des années 70. En 1987, la piste est entièrement refaite pour convenir aux exigences internationales, et les 400 m réglementaires remplacent les 440 yards traditionnels. Depuis, Hayward Field a accueilli de plus en plus de grands rendez-vous : les Trials, les meetings « Prefontaine Classic » comptant pour la Diamond League depuis 2010, et les championnats du monde juniors en 2014.

L’endroit où « tout s’aligne toujours »

« Pour le meeting Diamond League à Eugene, on annonçait de mauvaises conditions, une tempête même, mais, miracle, il y avait des rayons de soleil pendant toute la course, et un vent léger : tout s’aligne toujours là-bas ! », résume Aurore Fleury. C’est qu’Hayward Field a la réputation d’être un stade propice aux performances, doté d’une piste qui va vite et d’un public de « connoisseurs » venus des quatre coins des États-Unis, toujours prêts à pousser les athlètes - Américains ou non - dans la dernière ligne droite. « Après ma course, je suis montée dans les tribunes et les gens autour de moi sont venus discuter et débriefer, des jeunes comme des vieux ! », se souvient encore la Lorraine. Sur le campus et chez les athlètes des Ducks, une formule résume cette ambiance singulière et ce sentiment que procurent le stade et son public à celles et ceux qui foulent sa ligne droite : « Hayward magic ». « C’est une expression courante ici, qui fait surtout référence à la dernière ligne droite, avance Alessia Zarbo. Le Hayward Magic te porte vers la ligne d’arrivée, quand les fans se lèvent, crient et que le stade fait raisonner les hourras du public, comme dans un grand théâtre. » Ce souffle prodigieux devrait faire trembler plus que jamais l’enceinte mythique, du 15 au 24 juillet prochains. À condition que les tribunes soient pleines, ce qui était loin d’être le cas lors des Trials fin juin. L’écrin est prêt, aux acteurs et spectateurs de jouer.

Témoin : Renaud Lavillenie, comme dans son jardin
« J’ai battu mon record en plein air à Eugene (6,05 m en 2015, NLDR). Ce jour-là, j’avais des sensations géniales. Quand on est sur la piste, on sait tout de suite qu’on n’est pas là pour blaguer. C’est une des rares enceintes qui dispose d’un sautoir dans le sens de la ligne droite, et non dans la demi-lune, donc le vent ne souffle jamais de côté. Pour assister à la perche, les spectateurs s’installent précisément, presque au siège près, et savent très bien ce qu’ils veulent voir. En 2016, mon équipementier de l’époque m’avait fourni une combinaison aux couleurs de l’Université, verte et jaune au niveau des épaules. Les gens étaient comme des dingues ! Je kiffe ce stade et c’était ma façon de le montrer. Cette année encore, des membres du jury m’en ont reparlé ! »

Martin Dupuy  pour athle.fr


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