Bigot a fait durer le plaisir

Quentin Bigot a lancé à deux reprises ce matin en qualifications du marteau, ce qui ne l’a pas empêché de décrocher sans forcer son billet pour la finale, avec une sixième place. Victor Coroller et Camille Séri, respectivement premier et deuxième de leur série du 400 m haies, ont passé le cap du premier tour avec la manière.
Les qualifiés
Bigot a fait du rab
Son premier jet, bien que juste en-deçà de la ligne de qualification directe (77,22 m pour 77,50 m demandés), suffisait amplement. Quentin Bigot le savait, mais il a tout de même poussé un peu plus loin sa présence dans la cage de marteau du stade olympique mercredi matin. « J’ai dit à Pierre-Jean (Vazel, son coach, NDLR) que je voulais faire un deuxième facile, sans prendre de risque physiquement, juste sur la technique », racontait le Messin. Le
résultat fut à peu de choses près le même que lors de sa première tentative, avec 77,11 m, et il a finalement mis le clignotant pour regagner la fraîcheur et les coulisses. « Il faisait chaud ce matin, et je pense que c’est malin de ne pas perdre du jus avec un troisième essai. Jeudi soir, les conditions seront tout autres, puisqu’on annonce de l’orage… » Pas de quoi effrayer le quatrième des Mondiaux de Eugene, qui a déjà lancé loin sous la pluie par le passé, et pas plus tard qu’il y a quelques jours
à Chorzow (78,83 m). Estimant avoir bien récupéré de l’enchaînement des compétitions, Bigot se sent en mesure « de reproduire les mêmes performances qu’aux championnats du monde ». Face aux mêmes adversaires, mais avec la ferme intention de changer l’ordre d’arrivée.
Coroller et Séri sans trembler

Avec potentiellement trois courses à négocier en trois jours, s’il arrive à rallier la finale, Victor Coroller aurait pu courir avec le frein à main dans la dernière ligne droite du 400 m haies, une place dans le top 3 directement qualificative pour les demies étant quasi assurée. Il n’en a rien été, puisque le hurdler de Haute Bretagne Athlétisme a mis un point d’honneur à remporter sa série en 49’’35, une courte tête devant le Britannique Jacob Paul (49’’40)
et le Suisse Julien Bonvin (49’’41). Un joli chrono à seulement 24 centièmes de son record, prometteur en matinée.
« L’objectif était de gagner la série avec, si possible, un bon chrono pour me mettre dans les meilleures dispositions possibles pour demain et avoir un bon couloir », explique l’athlète entraîné par Flavio Zberg en Suisse. Afin d’éviter de courir à l’extérieur, comme c’était le cas ce matin (ligne 7). « Ce n’est pas le couloir que je préfère, surtout que mon défaut est souvent de ne pas trop partir, mais il fallait faire avec. J’étais vraiment focalisé sur
les cinq premières haies et je suis parti dans le bon rythme. »
Une maitrise qui montre que Victor Coroller a su bien appréhender son retour chez les Bleus, lui dont le dernier grand championnat remontait aux Europe de Berlin en 2018. « Je sentais pas mal d’adrénaline hier, il fallait contrôler ça, confie-t-il. Et ce matin, il y avait pas mal d’émotions. Le maillot de l’équipe de France pèse un peu plus que les autres. Ca faisait quatre ans que j’attendais ça. Je suis content d’avoir réussi à gérer. Je vis
pour les championnats. Et dans un stade comme celui-là, c’est magnifique. » Alors autant prolonger le plaisir le plus longtemps possible.
Du lactique et du plaisir

Contrat rempli également pour Camille Séri. La sociétaire du Nice Côte d’Azur Athlétisme a pris la deuxième place de sa série en 56’’18, deux centièmes derrière la Suissesse Annina Fahr. Du travail bien fait, même si l’athlète au gabarit de poche a ensuite mis de longues minutes à récupérer, allongée sur la piste. Rien d’inquiétant, cependant. « J’ai eu une grosse montée de lactique, j’avais la tête qui tournait un peu après ma course, rassure-t-elle.
Ça m’arrive souvent. » Bien lancée jusqu’à la sixième haie, grâce à un « schéma avec beaucoup d’engagement », elle a ensuite « fait des fautes de la 7 à la 10 ». Il y a donc encore plusieurs dixièmes à gratter au tour suivant. « Pour mes premiers Europe seniors, une demi-finale, c’est déjà énorme, savoure l’élève d’Emmanuel Mistral. Je n’avais jamais vu un stade aussi grand de ma vie. Quand je suis entrée dedans hier pour encourager mes coéquipiers, j’en ai eu les larmes aux yeux.
»
Les éliminés
Jean-Baptiste Bruxelle a « bataillé avec ses armes » lors des qualifications du marteau, dont il a pris la 20e place globale, avec 70,79 m. Et même si son premier jet, hors secteur, était sans doute bien au-delà, il n’avait pas le moindre regret, se disant au contraire « heureux d’avoir été à la bagarre pour [son] bout de steak. L’an passé, je lançais encore le 6 kg, donc je n’ai pas encore l’expérience et les armes pour juste assurer un jet en qualifs,
comme les meilleurs. Mais dans les années futures, je reviendrai pour les titiller », promettait-il.
Yann Chaussinand, pour sa part, n’a pas trouvé la clef pour s’exprimer dans le premier groupe, puisqu’il a vu ses trois essais terminer leur course dans la cage. Le Clermontois a bien essayé de changer des choses entre ses tentatives, sans succès. Déçu, il reconnaissait devant les micros des journalistes que sa technique et son mental n’avaient pas été à la hauteur de sa forme physique du moment, alors que le dernier billet pour la finale se négociait à 73,26
m.
Cambours en veut plus

Après les deux premières épreuves de l’heptathlon, disputées sous un soleil de plomb, Léonie Cambours occupe, avec 1988 points, le septième rang provisoire d’un classement survolé comme prévu par la Belge Nafissatou Thiam (2285 pts). Malgré une « grosse faute » sur le huitième obstacle, la Normande du SPN Vernon a couvert son 100 m haies en 13’’52, à deux dixièmes de son record personnel. Une performance « correcte », selon ses propres mots.
La hauteur a été un peu plus compliquée, avec un meilleur saut à 1,77 m, soit neuf centimètres de moins que sa marque de référence. « Je passe un peu à côté de mon concours malgré un bon échauffement, regrette la combinarde coachée par Wilfrid Boulineau. Je suis déçue, mais ce se sont les combinées, on fera les comptes à la fin ». Elle aura l’occasion de se remobiliser dès le poids, qui débutera un peu avant 20h.
Florian Gaudin-Winer et Etienne Nappey pour athle.fr Photos : JM Hervio - P. Millereau / KMSP / FFA
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