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Hurdlers et perchistes se régalent

Wilfried Happio, Ludvy Vaillant et Victor Coroller ont tous les trois gagné le droit de disputer la finale du 400 m haies jeudi matin au stade olympique de Munich. Renaud Lavillenie et Thibaut Collet ont, eux aussi, passé sans encombre les qualifications de la perche.

Les qualifiés

Le feu d’artifice des hurdlers

Trois Français en finale d’une épreuve de haies relève de la bonne habitude chez les spécialistes du ‘’110’’. Pour ceux du 4H, en revanche, il y avait plus d’un demi-siècle que cela n’était plus arrivé aux championnats d’Europe. Plutôt que d’aller fouiller les archives, le plus simple était de faire appel au pape de la discipline dans l’Hexagone, Jean-Jacques Behm. Ce dernier avait une bonne raison de se souvenir qu’un tel exploit avait eu lieu en 1966 à Budapest, puisqu’il était l’un des trois acteurs de la finale, avec Robert Poirier et Alain Hebrard.

Cinquante-six ans plus tard, Wilfried Happio, Ludvy Vaillant et Victor Coroller ont tous les trois composté leur billet pour le top 8. Le quatrième des derniers Mondiaux a remporté la première demi-finale dans le très bon temps de 48’’89, tout en relâchant son effort après le dernier obstacle. Le Lillois pouvait se féliciter d’avoir livré « une course propre, malgré l’appréhension de rentrer en demi-finale pour la première fois ».

Ludvy Vaillant lui a succédé sur la piste, et a pris la deuxième place de sa course en 48’’52, juste derrière le recordman du monde Karsten Warholm, crédité de 48’’38 sans forcer. « J’étais un peu en manque de repères, puisque je n’ai pas couru depuis le 1er juillet aux Jeux Méditerranéens, il y a six semaines, calculait le Martiniquais. Mais je connais bien mon schéma de course désormais, j’ai pu le mettre en place plus rapidement qu’en début de saison. »

Victor Coroller a complété le tir groupé en s’arrachant dans les tout derniers mètres de sa demi-finale, dont il s’est classé deuxième en 49’’46. « Je me suis dit : ‘’Après la septième haie, Victor, tu as intérêt à relancer car ça va se jouer à la gueule (sic)’’. J’étais vraiment déterminé à m’engouffrer, s’il y avait une petite ouverture », racontait-il avec entrain. La porte a fini par s’ouvrir, et les Bleus auront de sérieuses chances de médailles lors de la finale de vendredi soir.

Deux sur trois pour les perchistes

Thibaut Collet a rendu la copie parfaite lors des qualifications de la perche, en passant 5,50 m pour 5,65 m à chaque fois au premier essai. De quoi mettre en confiance le Grenoblois, en pleine montée en puissance en 2022. « Ca s’est passé comme dans mes rêves. L’objectif était de faire le moins de saut possible, et de trouver de bons repères », savourait-il à sa sortie du sautoir. Se servant de sa « boulette » des Mondiaux de Eugene où il avait commis l’erreur de trop regarder la compétition, le double champion de France 2022 était cette fois « bien concentré » pour ne pas se faire surprendre.

Renaud Lavillenie a eu recours à un saut supplémentaire à 5,65 m, mais n’a pas connu plus de frayeurs que son compère d’entraînement, se permettant même la facétie de sauter en collant plutôt qu’en cuissard court. « J’avais sauté en collant aux qualifs des Europe en 2012, 2014, 2016 et 2018. Thibaut m’a dit que je n’avais pas le choix, que je devais continuer. C’était pour se marrer plus que par superstition », expliquait-il, tout sourire. Surtout, le triple champion d’Europe a pu s’économiser un peu en optant pour un élan réduit à 16 foulées, afin de garder toute ses cartouches pour la finale, lors de laquelle il renouera avec les 20 foulées.

Grebo et Joseph dans le bon tempo

Les sprinteuses ont efficacement conclu la matinée bleue en passant sans sourciller le premier tour du 200 m. La championne de France Shana Grebo a ajouté à cette satisfaction une victoire dans sa course en 23’’00, à seulement deux centièmes de son record établi lors de la finale des France Elite à Caen. Exigeante, la Bretonne, plutôt axée 400 m et 400 m haies, notait toutefois un « départ un peu timide » sur cette distance qu’elle n’a pas l’habitude de disputer, pour sa première en individuelle à ce niveau. Gemima Joseph, qui n’a pu s’entraîner la semaine précédant son entrée en lice, a rapidement trouvé la bonne carburation pour prendre la troisième place de sa course en 23’’21. « J’étais à l’aveugle sur les sensations, donc ce chrono-là dans ces conditions, c’est plutôt pas mal. La piste est top, et mes jambes étaient légères, elles couraient toutes seules », relevait-elle.

Les spécialistes du 800 m ont fait le métier

Le double tour de piste n’est jamais une promenade de santé. « Même sur ces allures-là, ça n’est pas confortable », résumait parfaitement Rénelle Lamote ce jeudi matin, à l’arrivée de sa série remportée en 2’02’’22. La demi-fondeuse du Racing Multi Athlon, en quête d’une troisième médaille européenne en plein air, a pourtant fait forte impression. Rapidement en tête de peloton, elle a imprimé son rythme et a pu contrôler dans la dernière ligne droite. « Je suis la pro pour les séries, faisait-elle remarquer en souriant à moitié. Mais le but, c’est d’être bonne en demies. Je suis déjà concentrée sur la suite. Les réponses sur ma forme, je les aurai demain. »

Gabriel Tual n’avait pas non plus les jambes du siècle ce matin. Ce qui ne l’a pas empêché de prendre une solide troisième place en 1’46’’08 dans sa série, synonyme de qualification directe. Redoutable tacticien, le demi-fondeur de l’US Talence regrettait d’avoir, pour une fois, commis une petite erreur. « Du 600 au 700 m, je fais un peu l’extérieur, ça n’est pas top, soulignait-il. Mais l’objectif était de se qualifier et c’est le cas. » Il aura pu dérouiller ses jambes avec ce chrono plutôt rapide pour un premier tour. « Ça dévergonde ! C’est bien pour la suite, la forme va monter. Je pense que j’ai besoin d’enchaîner les courses pour que les sensations reviennent. »

Benjamin Robert sera aussi au départ des demies. Le sociétaire du Sa Toulouse UC a pris la deuxième place de sa série en 1’47’’66, après avoir longtemps occupé les commandes de la course. Habitué à profiter du moindre petit trou pour se faufiler, l’élève de Sébastien Gamel s’est fait, cette fois, surprendre par l’Irlandais Mark English, qui l’a doublé à l’intérieur dans la ligne droite opposée, à environ 250 mètres de l’arrivée. « Je me crispe peut-être à ce moment-là, avance-t-il. A la fin, ça passe de peu. Mais le job est fait, je passe en demies, où je pense qu’il faudra que je sois bien meilleur que ça. »

Les éliminés

Méziane en apprentissage

Derrière le Belge Eliott Crestan, vainqueur en 1’47’’41, la quatrième série du 800 m masculin a offert une arrivée ultraserrée, avec quatre athlètes en 18 centièmes. Parmi eux, Yanis Méziane, cinquième en 1’47’’82 et éliminé au temps, seul le top 3 étant directement qualifié en finale. « Je suis frustré parce que je pars bien, je suis dans le coup, retraçait l’espoir d’Athlé 91. Et puis au 600 m, je suis trop passif. Les gars me dépassent, alors que je sais très bien que c’est là que ça va attaquer. Je suis dégoûté car, sans cette erreur, je pense que j’aurais pu suivre jusqu’au bout et me qualifier. C’était mon premier championnat, j’espère qu’il y en aura d’autres. » Au vu de son talent et de sa maturité, ce sera sans doute le cas.

Sur la même distance, Agnès Raharolahy n’avait plus les mêmes jambes que lors des championnats de France Elite fin juin, lorsqu’elle était descendue pour la première fois de sa carrière sous les deux minutes. La sociétaire du Nantes Métropole Athlétisme n’a pas réussi à être actrice de sa série et a dû se contenter de la septième place, en 2’07’’20. Fin de parcours également pour les steepleuses Flavie Renouard et Alexa Lemitre, respectivement 9e en 9’51’’49 et 11e en 9’58’’49 dans leurs séries respectives.

En demi-finales du 400 m haies, la Niçoise Camille Séri, partie à l’aveugle, a pris des risques en se lançant sur des bases largement inférieures à son record. Elle a malheureusement chuté sur le huitième obstacle, à l’entrée de la dernière ligne droite, alors que son schéma de course s’était déjà déréglé depuis le début du virage.

Enfin, Alizée Minard, « forcément déçue », a pris la vingt-deuxième place des qualifications du javelot avec 52,50 m. Valentin Lavillenie a, lui, échoué par trois fois lors de son entrée en lice dans les qualifications de la perche et n’a pas été classé. Paradoxalement, le sauteur du Clermont Auvergne Athlétisme n’avait encore jamais été aussi en forme cet été. « Physiquement et au niveau de la course, il y avait une nette différence avec Eugene (où il avait aussi fait un zéro ; NDLR). Sauf que le problème, vu que je cours vite, est que je dois fermer rapidement. Ca faisait trois mois que je sautais différemment et je n’avais donc pas ces repères. » Le vice-champion d’Europe en salle 2021 espère pouvoir disputer encore quelques compétitions en août, afin de s’exprimer à son vrai niveau.

Cambours serre les dents

Prise dans un tourbillon d’émotions et de performances pas à la hauteur de ses attentes, Léonie Cambours a vu la tempête culminer sur les coups de 10h ce jeudi au stade olympique de Munich. La Normande a mordu ses trois essais à la longueur. La septième des Mondiaux en salle à l’heptathlon cet hiver a tout de même poussé un peu plus loin jusqu’au javelot, où elle a réalisé 36,35 m. Parce que l’expérience s’acquiert aussi, et souvent, dans la difficulté, baisser les bras n’était pas une option pour la Normande.

Florian Gaudin-Winer et Etienne Nappey pour athle.fr
Photos : JM Hervio - P. Millereau / KMSP / FFA

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