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Bigot et David la tête haute

Quentin Bigot et Yanis David ont joué leur jeu lors de la finale du marteau masculin et de la longueur féminine jeudi soir à Munich, le Messin prenant la septième place malgré un dos douloureux, et la Guadeloupéenne la huitième. Shana Grebo a fait sensation en s’ouvrant les portes de la finale du 200 m, une épreuve dont elle n’était pas une spécialiste il y a encore quelques mois.

Les finalistes

Bigot septième au courage

Il faut parfois aller au-delà des résultats bruts. Septième de la finale du marteau avec 77,48 m, Quentin Bigot est resté ce jeudi soir en deçà de ses standards habituels. En le voyant effectuer un premier jet à 75,23 m, suivi de deux lancers dans la cage, le clan français a vite compris que quelque chose clochait. Le métronome messin, à la technique d’habitude si huilée, n’est en effet pas coutumier de ce genre de scories. S’il est monté en puissance lors de la deuxième partie du concours, avec un quatrième lancer à 75,48 m, un cinquième à 76,67 m et un sixième à 77,48 m, l’élève de Pierre-Jean Vazel n’a jamais pu s’exprimer comme il l’aurait souhaité.

La faute à une blessure, comme il l’a expliqué à l’issue du concours : « Je suis sorti un peu de l’axe au premier essai et je me suis bloqué le dos. J’ai senti que ça allait être compliqué. J’ai déjà eu ça dans le passé. C’est une contracture qui touche le nerf sciatique, je la sens jusque dans la jambe. » Le violent orage qui s’est abattu sur Munich en début de soirée, retardant le début de la session de trente minutes et abaissant la température de plusieurs degrés, a sans doute joué dans ce pépin physique. « Je suis arrivé sur le plateau avec mes chaussures habituelles, rembobinait le quatrième des Mondiaux de Eugene. J’ai vu que ça glissait. J’étais le premier à lancer, je me suis précipité, j’étais un peu crispé. Mon dos a dû peut-être un peu se refroidir et puis crac. Ce sont des choses qui peuvent arriver et, malheureusement, ça se produit aux championnats d’Europe. »

Quentin Bigot a eu le mérite de ne rien lâcher, dans des circonstances qui en auraient abattu plus d’un. « Quand j’ai vu que je passais dans le top 8, je me suis dit qu’il fallait que j’essaye de reconstruire en partant de la technique et en oubliant le stade. Il fallait que je pose les choses pour ne plus avoir mal. Et encore, ça n’a pas suffi. Je sauve les meubles au dernier essai. Je suis assez content de ça, même si je suis forcément déçu. Je ne vais pas rentrer, me mettre en boule chez moi et pleurer. »

David entre deux eaux

Huitième d’une finale de la longueur qui a vu la Serbe Ivana Vuleta se jouer de l’Allemande Malaika Mihambo au terme d’un superbe duel (7,06 m contre 7,03 m), Yanis David était à la fois satisfaite de s’être glissée dans les huit meilleures du continent pour ses premiers Europe, et frustrée de ne pas s’être approchée plus près du top 3. Après un premier essai « assez safe » à 6,43 m, elle est a fait preuve d’une régularité sans faille autour de cette marque, avant de conclure son concours avec son meilleur saut de la soirée, mesuré à 6,51 m malgré un fort vent contraire (-2,3). « Malheureusement, j’ai fait quasi à chaque fois la même erreur technique, en laissant mes épaules s’éloigner derrière en arrivant sur la planche, ce qui me ralentissait et perturbait mon angle de saut », expliquait-elle après coup. Reste qu’après « deux années compliquées », la championne du monde juniors a retrouvé le chemin des finales internationales, et repris confiance en elle. « Je sens que je suis capable de sauter à 6,80 m (performance réalisée par la Britannique Jasmin Sawyers, médaillée de bronze, NDLR) et de battre mon record (6,84 m). Je vais continuer à travailler pour ça, et on verra ce que ça donnera. »

La promesse

Grebo, l’éclaircie bleue

Shana Grebo a été la belle surprise de la soirée pour l’équipe de France. Déjà très à l’aise en séries du 200 m le matin, avec une première place en 23’’00, la sprinteuse de Haute Bretagne Athlétisme a remis ça en demi-finale, en prenant la deuxième place de sa course en 23’’13 (+0.3) pour se qualifier directement en finale. Comme plus tôt dans la journée, elle a réalisé une remontée impressionnante dans la ligne droite, en s’appuyant sur ses qualités de coureuse de 400 m et 400 m haies. « Je n’ai pas peur de craquer en fin de course, c’est là que je peux grapiller du temps sur les sprinteuses de 100 m qui ont des mises en action plus rapides que la mienne, analysait l’étudiante de l’université d’Oregon à Eugene. Je n’avais pas du tout envie de lâcher cette deuxième place, donc je me suis arrachée pour passer devant l’Espagnole, avec qui on s’est tiré la bourre toute la course. Je suis trop contente ! » En finale vendredi soir, Shana Grebo n’aura rien à perdre. « Il faudra faire la course parfaite, car il ne faut rien se refuser. Mon départ était meilleur qu’en séries, mais il me manque encore quelques détails à corriger pour battre mon record, je sens que je l’ai dans les jambes. »

Quelques minutes plus tôt, sa camarade Gemima Joseph s’était arrêtée en demi-finales, suite à sa cinquième place en 23’’36 (vent nul). Gênée par une angine la semaine précédant son entrée en matière, la Guyanaise n’avait plus beaucoup de gaz pour une deuxième course de haut niveau dans la même journée.

Meba Mickael Zeze tout près du top 8

En demi-finales du 200 m, Meba-Mickael et Ryan Zeze, ainsi que Mouhamadou Fall, ont vécu des courses au scénario assez similaire : un virage tranchant puis une ligne droite plus compliquée, avec des jambes qui s’alourdissent dans les cinquante derniers mètres.
Troisième meilleur temps des engagés, Meba Mickael Zézé est le Tricolore qui est passé le plus près d’une place en finale. En tête au bout de 100 m, le sociétaire du Mandelieu La Napoule AC a ensuite coincé, et a vu le Britannique Charles Dobson (20’’21) ainsi que le Turc Ramil Guliyev (20’’44) lui filer sous le nez. Troisième en 20’’47 (+0.4), il a ensuite dû patienter dans les hot seats en tant que deuxième qualifié au temps provisoire. Mais la troisième demie, plus rapide, a entraîné son élimination. « Encore une fois, je passe pas loin, soufflait le Français. Ça fait beaucoup pour moi. Il va falloir être très solide mentalement pour se remettre dedans en vue du relais. J’ai donné tout ce que j’avais, mais je fais une faute technique dans le virage qui m’empêche de relancer à la sortie. »
Ryan Zézé et Mouhamadou Fall ont terminé tous les deux sixièmes de leur course, en respectivement 20’’58 (-0.1) et 20’’83 (+0.0). A noter que le dernier nommé a été victime d’une contracture aux ischios gauche à l’échauffement, qui l’a pénalisé.

Habz a tenté

Au-dessus du lot, Jakob Ingebrigtsen ne s’est pas embarrassé de détails en réalisant une course au train, sur des bases très élevées. Avec pour récompense le titre et un record des championnats en 3’32’’76. Azeddine Habz a pris des risques, en tentant de suivre le rythme imprimé par le Norvégien. « J’étais prêt à tous les scénarios, donc dès qu’il est passé devant, je me suis mis juste derrière », racontait le demi-fondeur du Val d’Europe Athlétisme. Dans le coup jusqu’au 1000 m, il a craqué dans le dernier tier de course et a coupé la ligne d’arrivée en dixième position, avec un chrono de 3’40’’92. « Je garde du positif de cette expérience. Disons que je suis satisfait. J’espérais mieux, mais j’apprends. »

Sébastien Micheau et Léonie Cambours ont également beaucoup appris en se frottant au gratin européen de leurs spécialités respectives, malgré les aléas de la compétition. Comme quatre de ses adversaires, le Deux-Sévriens a manqué ses trois essais à 2,18 m, la première barre installée dans une finale de la hauteur perturbée et retardée pendant une demi-heure en raison de l’orage qui s’est abattu en début de session nocturne sur Munich. L’Euroise a « tenu à aller au bout de [son] heptathlon », pour le plaisir et l’expérience, après avoir mordu ses trois essais à la longueur en début de matinée. Elle a lancé le javelot à 36,35 m et couru le 800 m en 2’22’’20, pour une quatorzième place finale et un total de 4949 points.

Enfin, Manon Trapp a fait avec ses moyens du jour dans la spectaculaire finale du 5000 m, lors de laquelle le public bavarois s’est régalé en voyant la locale Konstanze Klosterhalfen remonter puis dépasser la Turque Yasemin Can dans le dernier kilomètre pour s’imposer dans une atmosphère de feu. L’Aixoise a terminé son effort en 16’15’’44, à la dix-neuvième place.

Florian Gaudin-Winer et Etienne Nappey pour athle.fr
Photos : JM Hervio - P. Millereau / KMSP / FFA

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