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Happy Happio

Wilfried Happio a décroché l’argent sur 400 m haies en 48’’56, derrière un intouchable Karsten Warholm (47’’12). Ludvy Vaillant, quatrième en 48’’79, est passé tout près de l’accompagner sur le podium, alors que Victor Coroller a terminé huitième. L’équipe de France compte deux nouveaux autres finalistes avec Shana Grebo, sixième du 200 m, et Djilali Bedrani, huitième du 3000 m steeple. Benjamin Robert le sera aussi, après s’être qualifié en finale du 800 m.

La médaille

Happio, à l’arraché

Sa quatrième place aux championnats du monde avait propulsé Wilfried Happio à un rang nouveau de médaillé potentiel à chaque championnat international. Malgré la fatigue d’une longue saison, le hurdler du Lille Métropole Athlétisme a concrétisé les espoirs nés de sa forte progression en juin et juillet par une médaille d’argent sur 400 m haies, derrière l’intouchable Karsten Warholm (47’’12), en 48''56. Peut-être était-ce à tout ce chemin parcouru qu’Happio repensait, accroupi seul sur le tartan munichois après son tour d’honneur, alors que les autres hurdlers avaient depuis longtemps pris le chemin des vestiaires ou des interviews télévisées.

Quand il a finalement pointé le bout de son nez, et son sourire jusqu’aux oreilles, vers les micros tendus par les journalistes, le nouveau vice-champion d’Europe savourait sa force mentale pour faire la différence dans la dernière ligne droite, alors qu’ils étaient encore au moins cinq à se disputer les deux dernières médailles disponibles. « J’ai senti Yasmani Copello sur ma droite à l’entrée de la dernière ligne droite, et le Belge Watrin. Je savais que j’avais un bon finish, donc j’ai pris une bonne inspiration pour m’élancer. Je profite d’être en quinze foulées dans mes deux derniers intervalles pour pouvoir bien rythmer et accélérer au-dessus de mes haies. » Un plan sans faille sur le papier, et réalisé avec brio par le Français, qui a fini par distancer ses adversaires, réduits à se disputer le bronze dans un mouchoir de poche.

Vaillant quatrième, comme à Berlin

Ludvy Vaillant est passé tout près d’accompagner son compatriote sur le podium. A un centième, pour être précis. Le hurdler de l’AC Saléen, auteur d’une belle remontée dans la dernière ligne droite, s’est pourtant jeté sur la ligne d’arrivée pour casser, les bras écartés. Il a alors dû attendre, comme les autres concurrents, plusieurs minutes avant que la photo-finish ne délivre son verdict. Finalement à l’avantage du Turc Yasmani Copello, troisième en 48’’78. Quatrième en 48’’79, en devançant au millième l’Allemand Joshua Abuaku dans ce dénouement ultra serré pour la boite, le Martiniquais termine à la même place qu’en 2018 à Berlin. « C’est un peu difficile à digérer à chaud, soufflait-il. Je fais pourtant une course de malade. Je reviens très bien et j’ai respecté ce que je voulais faire. »

Le troisième Français en lice dans cette course, Victor Coroller, se classe huitième en 50’’46, pour son troisième 400 m haies en trois jours. « J’ai raté ma finale, on ne va pas se le cacher, regrettait-il. J’avais pourtant de super jambes à l’échauffement. Sur la deuxième partie, je fais un nombre incalculable de fautes. Ça ne pardonne pas. C’est dommage de finir comme ça. Ce n’est pas du tout la manière dont j’avais rêvé de quitter ce championnat. » Le sociétaire du Haute Bretagne Athlétisme trouvera vite matière à positiver, lui qui n’était pas forcément attendu à pareille fête après quatre ans sans grand championnat. « Il me manque de l’expérience dans ces courses de très haut niveau, mais je sais d’où je viens, relevait-il. On va continuer à travailler. »

La décla

« J’ai vraiment savouré le moment, ma première grande finale internationale, à 200 %. C’était énorme de vivre ça avec les filles, en chambre d’appel. »

Shana Grebo n’avait pas forcément imaginé en arrivant à Munich se retrouver en train d’enfiler ses pointes aux côtés de Mujinga Kambundji et de Dina Asher-Smith, à quelques minutes de la finale du 200 m. Mais la polyvalente sprinteuse de Haute Bretagne Athlétisme s’est bien invitée dans le top 8, grâce à un superbe parcours. Ce vendredi soir, dans l’humidité et la fraicheur munichoise, elle a bouclé une troisième course en deux jours à proximité de son record personnel, en 23’’06 (+0.4). En s’appuyant comme lors des deux premiers tours sur une grosse ligne droite, lors de laquelle elle a pu exprimer ses qualités de spécialiste du 400 m et du 400 m haies. « J’aurais aimé un petit peu mieux niveau chrono, mais je suis quand même satisfaite, j’ai eu de bonnes sensations et je me suis arrachée jusqu’au bout », appréciait-elle un peu après l’arrivée d’un demi-tour de piste dominé par la Suissesse en 22’’32, onze centièmes devant la Britannique. De quoi s’imaginer désormais un avenir sur 200 m ? « Je ne sais pas, répondait-elle, mais en tout cas, ça fait une belle base de vitesse pour revenir sur 400 m et 400 m haies la saison prochaine. »

Le chiffre

14

Avec sa huitième place en 8’28’’52, Djilali Bedrani est devenu le quatorzième français finaliste des championnats d’Europe sur 3000 m steeple. A sa troisième participation à ce niveau, le Toulousain a tenté de suivre les Italiens quand ils ont secoué le cocotier à mi-parcours, mais n’avait pas les jambes pour aller chercher plus haut. « C’était dur. J’ai couru comme un battant, je n’ai rien à me reprocher », soufflait-il après coup, sans cacher sa rage de ne pas avoir eu les jambes de son été 2019. Au terme d’une saison où il a couru après la forme, Bedrani reconnaissait que le manque de compétitions et de repères lui a été préjudiciable.

Dans la même finale, Louis Gilavert s’est montré aux avant-postes lors du premier kilomètre, avant de baisser pavillon progressivement. « Je voulais courir devant, avec de l’engagement. Mais dès que j’ai commencé à me faire passer, plus rien. Je n’étais pas bien », concédait-il. Après avoir coupé la ligne en 8’39’’62, le Bellifontain songeait qu’avec son « gros finish, j’aurais peut-être les moyens de gagner cette course, mais je finis 15e… Je vais devoir me remettre en question pour passer un cap. » Devant, le Finlandais Topi Raitanen a surpris les favoris transalpins pour cueillir la couronne en 8’21’’80.

Le temps fort

Grande première pour Robert

La ténacité finit toujours par payer. Eliminé en séries des Jeux de Tokyo l’an dernier, puis en demi-finales des Mondiaux de Eugene en juillet, Benjamin Robert va enfin goûter, samedi soir, au parfum des grandes finales en championnats. Le demi-fondeur du SATUC Toulouse Athlé, troisième de sa demie en 1’48’’51 et donc dernier qualifié direct, a réalisé une course pleine, en passant les deux tours de piste aux avant-postes. Ce qui n’était pas prévu. « Je ne pensais pas du tout que ça allait se passer comme ça, mais je me retrouve devant, comme en séries, retraçait-il quelques minutes après avoir passé la ligne. Arrivé au 400 m, j’accélère progressivement. Je continue au 200 m, tout en essayant de garder une réserve de vitesse pour la dernière ligne droite. Sauf que dans les 20 derniers mètres, ça commence à coincer un peu. » Encore en tête à 50 mètres de l’arrivée, l’élève de Sébastien Gamel a vu le Suédois Andreas Kramer (1er en 1’48’’37) et l’Italien Simone Barontini (2e en 1’48’’51) lui filer sous le nez. « Ça passe de peu mais ça passe, soufflait-il. Je pense que l’expérience acquise sur les précédents championnats m’a servi. Maintenant, c’est à moi d’être fort. Il faut viser la médaille d’or. Plus tu vises haut, mieux c’est. J’aurais préféré qu’on soit deux Français en finale, mais c’est comme ça. »

Il ne sera pas, en effet, accompagné par Gabriel Tual lors de la grande explication. Le sixième des Mondiaux de Eugene a eu du mal à trouver sa place dans le peloton dans la deuxième demi-finale et a beaucoup fait l’extérieur. Il se classe septième en 1’47’’70. « J’ai fait des erreurs tactiques, analysait le sociétaire de l’US Talence. Même moi, je ne savais pas ce que je devais faire. Je n’avais jamais été dans cette situation. Forcément, c’est compliqué. Je mets une grosse attaque au 500 m pour revenir, puis je la paye cash. Tant pis pour moi, j’apprends, même si c’est dur. » L’athlète entraîné par Bernard Mossant confiait aussi avoir les jambes bien lourdes, après une saison à rallonge. « Je pense qu’il y a de la fatigue mentale et physique qui commence à se faire ressentir. Même à l’entraînement, c’était compliqué. J’ai commencé à être prêt en mai. On est mi-août, ça fait long. Je devais courir à Zurich, mais là, je ne sais plus. Je ne sais pas si je pourrai tenir. » Quelle que soit sa décision, Gabriel Tual pourra être fier de son année, lors de laquelle il a passé un nouveau cap.

Florian Gaudin-Winer et Etienne Nappey pour athle.fr
Photos : JM Hervio - P. Millereau / KMSP / FFA

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