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Habz sans ciller, Compaoré en deux temps

Six Français engagés dans le premier tour de leur épreuve ont été reçus à l’examen ce jeudi à Istanbul. A commencer par Azeddine Habz et Benjamin Compaoré, qui ont décroché leur billet pour les finales du 1500 m et du triple saut. Le premier a brillamment remporté sa course, alors que le second n'a appris sa qualification sur tapis vert qu'en fin de soirée, à l'issue d'un scénario rocambolesque.

Les qualifiés

Habz y a mis les formes

« Je savais que j’étais dans les trois premiers en abordant la dernière ligne droite, mais j’ai préféré gagner pour assurer. » Pendant que Jakob Ingebrigtsen faisait ses petits comptes deux pas derrière lui, Azeddine Habz a fait le plein de confiance en remportant sa série du 1500 m en 3’49’’88. Très satisfait de ses jambes, le demi-fondeur du Val d’Europe Montévrain Athlétisme s’est dit « prêt à tous les plans pour la finale », pour laquelle il sera en lice vendredi soir. Avec ses 1’46’’ sur 800 m cet hiver, il sait avoir « les armes pour sortir d’une course tactique », puisque le recordman du monde norvégien, engagé dans un doublé 1500 m - 3000 m, tentera sans doute une nouvelle fois de s’économiser. Parmi les autres concurrents de la finale, Habz retrouvera Louis Gilavert, qui a surmonté ses douleurs dorsales, avec l’aide des kinés, pour oblitérer son ticket grâce à son chrono de 3’41’’45 lors de la troisième série. « Je me sentais vraiment bien, relevait-il après l’arrivée. A 250 m, j’ai fait signe à mon coach que j’étais prêt. Le 1500 m n’est pas ma discipline, mais j’adore ça. Maintenant, on va se régaler en finale, sans se mettre de limite ! »

Robert en patron

Benjamin Robert s’est montré tout aussi souverain lors de son entrée en matière sur 800 m. Parfaitement emmené par le Belge Tibo De Smet jusqu’à la cloche, le Toulousain a pris le manche dans le dernier tour pour rallier l’arrivée sereinement, en 1’47’’92 et en première position. « Le chrono n’est pas monstrueux et les sensations ne sont pas les meilleures, même si elles sont très bonnes, mais c’est bien pour se mettre en route », soufflait-il, soulagé mais conscient de la tâche qui l’attend encore. Les deux meilleurs performeurs 2023 des engagés ont d’ores et déjà mordu la poussière lors du premier tour : le Belge De Smet, et l’Espagnol Saul Ordonez, que Robert voyait comme un gros poisson pour le podium.

Deux sur trois pour les filles

Le 800 m féminin a également produit un bilan positif pour les Françaises, puisque deux des trois en lice ce jeudi ont pris date pour le prochain tour. Mal embarquée pendant 700 m, Léna Kandissounon a brillamment rattrapé la situation en terminant deuxième de sa course en 2’05’’80. « Mon coach m’avait dit de ne surtout pas me faire balader, et je n’ai fait que ça. C’était horrible, la pire course de ma carrière ! Plus jamais ça », s’amusait-elle, tout sourire, après une « dernière ligne droite qui était le seul moment cool ». Agnès Raharolahy a opté pour la stratégie inverse, et s’est calée dans le fauteuil de leader dès la sortie du deuxième virage. Une position qu’elle n’a jamais quittée, concluant son effort victorieux en 2’04’’56. « Je ne voulais pas refaire la même erreur qu’aux France il y a quinze jours, posait-elle. L’an passé, comme je ne connaissais pas le 800 m, je faisais mes courses devant, et ça marchait très bien. Maintenant que j’ai un peu d’expérience, je croyais pouvoir gérer les courses. Finalement, la meilleure manière de le faire, c’est de les courir à mon rythme, et de rendre la course la plus difficile possible pour les autres. Je suis contente et rassurée. »

Compaoré en deux temps

Benjamin Compaoré a vécu un drôle d’ascenseur émotionnel en qualifications du triple saut. Dans un premier temps crédité d’un meilleur essai - le deuxième - à 16,16 m, synonyme de 10e place et d’élimination, le sociétaire du CA Montreuil 93 a finalement décroché son billet pour la finale sur tapis vert. L’expérimenté athlète de 35 ans était sorti du sautoir un brin interloqué après cette tentative, persuadé d’être retombé plus loin que la performance annoncée. Bien vu, puisque la réclamation du clan français a porté ses fruits. Le mesurage électronique avait été défectueux. Celui réalisé tard dans la soirée, après la fin du concours, a délivré son verdict : 16,37 m, soit la septième performance du jour. Il y aura neuf athlètes en finale du triple saut vendredi soir. Dont le miraculé Benjamin Compaoré, plus que jamais prétendant au podium.

Et aussi

Gicquel à un cheveu

Il n’a pas manqué grand-chose à Solène Gicquel pour renouer avec une finale européenne à la hauteur, sept mois après celle de Munich, en plein air. Impeccable sur ses trois premières barres jusqu’à 1,87 m, tout en ayant l’impression de devoir « [s]’employer pendant tout le concours pour faire de bonnes choses », la Rennaise a échoué d’un rien à 1,91 m, qui était la barre décisive pour se glisser dans les huit meilleures. Neuvième, elle pouvait avoir « les boules » (sic), au vu du scénario cruel du concours. Après avoir franchi 1,87 m à sa deuxième tentative, Nawal Meniker regrettait de n'avoir eu « aucune sentation, aucun renvoi, rien du tout. » Pour son retour au plus haut niveau, et sa grande première chez les seniors, la Montreuilloise s’est classée onzième.
Au triple saut, Enzo Hodebar a « fait de son mieux avec les moyens du moment », malgré une gêne musculaire qui a pollué toute sa saison depuis janvier. Avec 16,09 m, il s’est classé onzième.

Charlotte Pizzo a bouclé son 800 m en 2’04’’89, à la quatrième place, synonyme de fin de parcours. Constatant que ses adversaires ne jouaient pas le chrono, préférant donner des coudes pour s’assurer un placement optimal, la Bellifontaine a pris ses responsabilités et s’est chargée du tempo. « Je me sentais très bien, mais j’ai un peu paniqué quand mes concurrentes ont commencé à me doubler. Je n’arrivais pas à répondre comme je le voulais, et quand vous prenez un mètre puis deux, c’est fini. » Sa camarade de club Leïla Hadji a connu la même mésaventure sur 3000 m, s’accrochant autant qu’elle le pouvait quand les meilleures du continent ont passé la vitesse supérieure. Huitième de sa course en 9’12’’53, elle a promis en quittant l’arène de « travailler encore plus pour cet été », pour revenir avec plus d’atouts dans sa manche.

Etienne Nappey pour athle.fr
Photos : S. Kempinaire / KMSP / FFA

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