Habz ouvre le compteur

Azeddine Habz a décroché la première médaille française aux championnats d’Europe indoor en prenant le bronze du 1500 m vendredi soir à Istanbul. Louis Gilavert s’est classé sixième de la course, et Benjamin Compaoré a terminé huitième au triple saut.
Le médaillé
Habz, première !
Le premier bouquet tricolore du week-end est l’œuvre d’un néophyte en la matière, qui a pourtant manœuvré comme un vieux briscard pour toucher son but. Evitant la grosse bousculade des premiers mètres, Azeddine Habz a d’entrée de jeu pris la deuxième place du peloton, derrière un Jakob Ingebrigtsen bien décidé à ne laisser personne lui marcher sur les pompes. A mesure que le recordman du monde norvégien durcissait l’allure, le demi-fondeur du Val d’Europe
Montévrain Athlétisme a tenu bon, ne laissant que le Britannique Neil Gourley le dépasser à trois tours de la fin.
Dans le groupe d’échappés à quatre formés avec l’Espagnol Jesus Gomez, Habz a parfaitement utilisé les écrans de l’Atakoy Arena pour contrôler la situation. « J’avais déjà couru avec lui deux fois, je savais qu’il n’était pas capable de tenir un rythme de 3’35’’. Quand j’ai vu qu’il craquait à 100 m de l’arrivée, j’ai tout donné, je savais que j’avais la médaille », souriait le nouveau bronzé, auteur d’un excellent chrono de 3’35’’39 (Ingebrigtsen
a porté le record des championnats à 3’33’’95). Une autre source de satisfaction pour le Français de 29 ans, même si « comme dit Mehdi Baala, les chronos, c’est bien, les médailles, c’est mieux ! » Très fier de sa course, Habz l’était tout autant d’apporter à la France son premier podium en Turquie. La dynamique est lancée, il reste deux jours pour la faire fructifier.
Les finalistes
Gilavert, la tête à l’endroit

Lors des derniers championnats d’Europe en plein air à Munich, Louis Gilavert était reparti le moral dans les chaussettes après avoir raté sa finale du steeple. A Istanbul ce vendredi, le demi-fondeur du Pays de Fontainebleau Athlétisme avait la socquette légère et les yeux droits. Sixième de la finale du 1500 m, il a progressivement remonté le fil des concurrents tirant la langue, pour conclure son effort en 3’39’’54. Tout juste regrettait-il de n’avoir pas été
assez roublard dans les premiers hectomètres. « J’ai trop respecté les autres et je me suis fait bousculer. Sans ça, je pense que je peux aller chercher la quatrième place, parce que les trois premiers étaient vraiment forts aujourd’hui. Y’a pire, mais y’a mieux. Munich m’avait couché, mais je me suis relevé », résumait-il. Gilavert a d’ailleurs pris goût à cette discipline qui n’était pas sa prédilection jusqu’alors, et envisage désormais d’y revenir prochainement, n’hésitant pas à parler d’une
« nouvelle vie qui commence », celle d’un « demi-fondeur complet ».
Compaoré a joué ses cartes

Huitième de la finale du triple saut pour laquelle il avait été rattrapé par le bout du short la veille au soir (son meilleur saut avait été remesuré après un appel du staff français), Benjamin Compaoré a tenté des choses. Se rappelant que l’Italien Donato avait été champion d’Europe en 2009 avec un seul essai mesuré, l’Alsacien du CA Montreuil 93 a tenté de refaire le coup du vétéran triomphant. Il a malheureusement « manqué de maitrise » pour tirer profit
de « beaucoup plus d’intensité et d’intentions que lors des qualifs ». Evoquant son âge avancé et l’énergie perdue dans l’épisode de la requalification tardive, Compaoré reconnaissait être « émoussé ». Une impasse au quatrième essai lui a permis de retrouver un peu de vigueur pour ses deux dernières tentatives, mais il a perdu le tempo entre son deuxième et son troisième appui lors de la cinquième, et le sixième, probablement son meilleur, était mordu. Sa marque, presque anecdotique, est
demeurée à 16,11 m. Mais l’essentiel était ailleurs. « Je préfère sortir d’une finale avec un résultat qui ne reflète pas mon niveau, mais avec la sensation d’avoir donné mon maximum avec les moyens que j’avais. »
Et aussi
Biron au contact des cadors

Le sort avait placé Gilles Biron dans une demi-finale du 400 m avec Karsten Warholm et le champion sortant Oscar Husillos. Le Martiniquais savait donc qu’il aurait fort à faire, surtout au couloir 3, seuls les trois premiers ayant droit de revenir samedi pour la finale. Placé en quatrième position au rabattage, dans la foulée de l’Espagnol, Biron a tout tenté pour revenir, mais n’a jamais pu combler l’écart. Son chrono de 46’’75 lui laissait
un goût de déception, car il « pensait faire mieux. Je voulais faire mentir la logique. Ça n’est pas pour cette fois, mais je réessaierai. » Peut-être cet été, sur une piste sans virage relevé ni couloir avantageux, ou même dès dimanche, dans le cadre du relais 4x400 m avec ses camarades.
Etienne Nappey pour athle.fr Photos : S. Kempinaire / KMSP / FFA
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