Cormont et Augusto assurent, Mayer bien parti

Ethan Cormont s’est qualifié pour la finale du saut à la perche, et Bastien Augusto pour celle du 3000 m samedi matin à Istanbul. Just Kwaou-Mathey et Dimitri Bascou se sont sortis du piège des séries sur 60 m haies, tandis que Kevin Mayer est idéalement lancé vers le titre à l’heptathlon.
Les qualifiés
Cormont, au meilleur moment
Premiers à pénétrer sur l’aire de jeu de l’Atakoy Arena ce samedi matin, les perchistes ont été parmi les premiers à quitter les lieux, au terme d’un concours de qualifications très long. L’attente n’a pas gêné Ethan Cormont, qui a sorti son meilleur saut de la saison pile quand il le fallait. Après une entrée en matière réussie à 5,40 m, il a dompté 5,55 m à sa deuxième tentative, 5,65 m au premier essai, puis 5,75 m en deux fois. Il fallait bien ça pour s’extirper
d’un concours dense, dont neuf concurrents sont sortis avec un ticket en poche pour la finale. « Ce n’est pas nous rendre service que de faire une qualification à cette heure-là. Il fallait faire avec, et passer la barre, commentait-il sobrement. La fin du concours s’est plutôt bien passée : j’avais quelques soucis avec les perches cette saison, et aujourd’hui, ça déroulait. Comme on avait fait toutes les erreurs avant, on savait ce qu’il fallait faire pour bien sauter. » Il reviendra, après un
peu plus de 24
heures de repos, avec « quelque chose à jouer en finale, puisqu’aucun mec n’est vraiment au-dessus du lot. »
Augusto, le bon plan

Bastien Augusto n’est peut-être pas le plus expérimenté des demi-fondeurs, mais il est assurément l’un des plus malins. Resté bien au chaud pendant la majeure partie de sa série du 3000 m, le Berrichon a attendu sagement que Jakob Ingebrigtsen secoue le cocotier pour récolter les fruits de l’effort du cador. « Je ne me suis pas pressé quand il est passé, j’ai attendu les 300 derniers mètres », remettait-il après coup. S’étant ainsi ménagé, Bastien
Augusto aura une belle
carte à jouer lors de la finale dimanche, pour laquelle il a déjà sa petite idée. « Je pense que Jakob va prendre les devants rapidement et imposer son train, comme sur le 1500 m. Personnellement, j’aimerais bien une course tactique pour exploiter mon « kick », qui est mon gros point fort. Mais j’ai prouvé cet hiver que j’avais les armes pour rivaliser dans des courses très rapides. » Et l’inspiration n’est pas à chercher bien loin pour lui : « Je suis en chambre avec Azeddine (Habz). Il a su saisir
les opportunités
sur 1500 m, et si je pouvais faire la même chose, ce serait magnifique ! »
5/6 pour les hurdlers

Premier homme en lice pour les séries du 60 m haies, Just Kwaou-Mathey n’a pas traîné en route malgré un départ poussif. « C’était trop tôt pour envoyer un gros départ, se marrait le médaillé de bronze de Munich. La suite s’est bien enchaînée, et je suis content d’avoir gagné, c’était mon objectif pour avoir un bon couloir en demi-finales. » Ses 7’’63 constituent le deuxième chrono de ce premier tour, et l’Ebroïcien a envoyé un premier signal positif
à ses adversaires.
Dans la série suivante, Dimitri Bascou a connu une expérience inversée : un départ probant, mais une fin de parcours plus heurtée. Quatrième de sa course en 7’’73, il a finalement été le premier qualifié au chrono pour le prochain épisode. « On voit que les jambes sont là, mais les haies arrivent un peu vite, je n’étais pas bien réveillé, confessait-il. Malgré ma longue carrière, c’est la première fois que je cours en championnat le matin deux jours de suite. Maintenant que le rythme est pris,
ce ne sera pas
la même chose dimanche. »

Un peu plus tôt, Laeticia Bapté, Cyréna Samba-Mayela et Judy Chalcou, dans cet ordre, ont toutes rallié les demi-finales de l’épreuve féminine, en passant par une qualif directe à la place. La Martiniquaise a pris la deuxième place de sa course en 7’’97, malgré un temps de réaction perfectible, et pointait des « sensations aussi bonnes qu’à Clermont il y a quinze jours ». La Lilloise a dominé sa série en 7’’99, sans avoir donné l’impression
de s’employer lors des derniers
mètres. Souriante, elle a « bien aimé la piste, qui est hyper rapide. » Enfin, la Guadeloupéenne s’est hissée au troisième rang de sa ligne droite, en 8’’03, malgré « une petite frayeur à l’échauffement », lors duquel elle n’avait pas réussi à franchir le moindre obstacle. « Je me suis fait confiance, et tout s’est mis en place. Je crois que je peux battre mon record lors des demi-finales. » Rendez-vous est pris dimanche matin.
Zézé à l’arraché

Lancé dans une journée marathon, Meba-Mickaël Zézé a parfaitement démarré son samedi en se qualifiant pour les demi-finales du 60 m. Le sprinter de l’AC Cannes ne s’est pas affolé en voyant le Britannique Reece Prescod prendre la poudre d’escampette dans sa série, et s’est appliqué à prendre le meilleur sur ses autres adversaires pour glaner la deuxième place de la course en 6’’68. Il lui faudra certainement aller bien plus vite lors des demi-finales samedi
soir pour
se faire une place au soleil.
La décla
« Pour une nuit blanche, c’est pas si mal »

Arrivé en Turquie plus détendu que lors des précédentes échéances internationales, selon ses propres dires, Kevin Mayer s’est fait rattraper par l’adrénaline dans la nuit de vendredi à samedi, lors de laquelle il n’a pas fermé l’œil. Ça ne s’est pas vraiment vu sur la piste, puisqu’il a égalé son record personnel dès le 60 m initial, en 6’’85. Son concours de longueur, conclu avec 7,41 m, lui a laissé quelques regrets sur sa dernière tentative plus lointaine mais
mordue,
mais surtout le champ libre, puisque Simon Ehammer a mordu les trois siennes. Ainsi débarrassé de son principal rival helvète, le recordman d’Europe se sait en pole position pour s’offrir un deuxième titre, six ans après Belgrade. Il a ensuite lancé son poids à 15,82 m, ce qui le plaçait à la deuxième place du concours, derrière son pote Makenson Gletty, auteur d’un jet à 16,07, son nouveau record. Chronométré en 6’’96 sur 60 m et mesuré à 7,18 m (record égalé), le Niçois pointe au quatrième rang
provisoire avec
2610 points. Après trois épreuves, Mayer en compte déjà 2689.
Et aussi
PML apprend encore

A 31 ans, et avec un palmarès à n’en plus finir, Pascal Martinot-Lagarde reste « encore en apprentissage », comme il l’avait glissé lors de sa conférence de presse d’avant-compétition, et l’a répété après son élimination en séries du 60 m haies. « Dans notre discipline, il faut à la fois courir à pleine intensité et maitriser son geste. Je n’ai pas assez maitrisé, puisque j’ai tapé une haie, pour la première fois depuis très, très longtemps », songeait-il
après-coup.
En cause, le deuxième obstacle, fracassé, qui a déterminé l’issue de sa course, achevée à la quatrième place en 7’’79. Il fallait 7’’77 pour se qualifier au chrono.
Le benjamin de la sélection, Jeff Erius, a lui aussi appris beaucoup lors des séries de la ligne droite à plat. Cinquième de l’ultime course, il a « foiré le départ, sans doute à cause d’une petite douleur au pied » qui l’a obligé à abréger son échauffement pour se faire poser un strap par le staff médical. Malgré une bonne deuxième partie de course, il a buté pour trois fois rien, le Hongrois Dominik Illovszky étant qualifié dans le même centième
que lui (6’’723 contre
6’’730).
Collet amoindri, Lavillenie agacé

Thibaut Collet a composé avec une multitude d’éléments contraires lors des qualifications de la perche : un concours très matinal, un pied douloureux depuis quelques jours, et des intestins en délicatesse juste avant de débuter. Mais le benjamin de la famille a courageusement ramé contre vents et marées, et a bien failli arracher un billet pour la finale. Le Grenoblois a fini dixième après avoir manqué de peu 5,75 m. Il avait auparavant franchi toutes ses barres
au premier
essai, à l’exception de celle placée à 5,55 m, ce qui lui a coûté une place dans les huit.
Après s’être « fait surprendre » à son entrée en matière à 5,40 m, Valentin Lavillenie s’est retrouvé embarqué dans un jeu d’impasses périlleux pour tenter d’entrer en finale. Son premier essai à 5,65 m, manqué de peu et qualifié de « vraiment bien » au vu des conditions matinales, était le seul point positif de sa journée. « Ensuite, j’ai gardé deux essais pour 5,75 m, mais comme il a fallu encore attendre plus d’une heure avant de resauter,
je me suis endormi », pestait-il.
Remonté contre les circonstances et la programmation, le médaillé d’argent de Torun n’avait pourtant « aucun regret » au moment de ranger ses perches.
Mauchant a changé de regard

Tiphaine Mauchant a conclu la matinée des Bleus en finissant onzième des qualifications de la longueur avec 6,43 m, une performance qu’elle a réalisé à sa deuxième et à sa troisième tentative. Pour sa première à ce niveau, l’Amiénoise a joué sa partition, jusqu’au bout et ce troisième essai qui lui laissait un goût de frustration. « Je suis déçue de ne pas avoir pu faire mieux, mais j’ai au moins réussi à calmer mon stress et à être dans ma moyenne de
la saison. Sauter avec tout
le gratin de ma discipline, ça m’a fait drôle au début. Je repars rassurée d’avoir constaté qu’elles étaient plus petites en vrai qu’à la télé. »
Etienne Nappey pour athle.fr Photos : S. Kempinaire / KMSP / FFA
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