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Robert montre les muscles

En remportant très aisément sa demi-finale du 800 m, Benjamin Robert a marqué la soirée française de son empreinte, samedi à Istanbul. Agnès Raharolahy s’est également faufilée dans le top 8 féminin, alors que Margot Chevrier a terminé cinquième à la perche.

La promesse

Robert sonne la charge

« Enfin, j’assume mon statut de favori ! Enfin, parmi les favoris, pardon. » Le temps d’une phrase, Benjamin Robert a laissé échapper ce que toute l’Atakoy Arena a vu et pensé pendant ses quatre tours de piste. Aussi prudent en dehors qu’assuré sur le tartan, le Toulousain ne veut pas s’emballer trop vite, mais sa prestation pleine de maitrise et de puissance lors de sa demi-finale, survolée en 1’47’’11, a marqué les esprits. En tête pendant les deux premiers tours, il a répondu avec assurance et facilité à l’attaque du Hongrois Vindics, et l’a avalé dans le dernier tour. Fallait-il y voir un signal envoyé à la concurrence ? « A moi-même, plutôt, corrigeait-il. Il faut oser des choses, qui ne tente rien n’a rien. Le plus important reste à faire, car je veux rentrer avec une médaille. Je suis content de mes jambes, et j’ai hâte d’être à demain. » Reparti au pas de charge vers la sortie du stade, Robert préfère le langage de la piste aux longues interviews. S’il parle aussi fort dimanche que samedi avec les pointes aux pieds, il devrait faire causer de lui un peu partout en Europe.

La finaliste

Chevrier entre deux eaux

Margot Chevrier en convient sans problèmes, la patience n’est pas sa plus grande qualité. La perchiste niçoise en a bien d’autres, mais elle aurait bien aimé accélérer encore son apprentissage du plus haut niveau international. Cinquième de la finale de la perche avec 4,60 m, elle est passée à « trois centimètres de poteaux plus près », sur sa première tentative à 4,70 m, d’un premier podium sous le maillot bleu. De quoi lui donner un « sentiment mitigé » après ce qui reste son meilleur résultat en compétition internationale. Philosophe, elle relevait qu’ « avoir envie de pleurer pour une cinquième place aux Europe, alors qu’il y a devant moi une championne olympique, une recordwoman du monde juniors, des filles qui ont fait tous les podiums chez les jeunes, c’est sans doute cool, quelque part. » Un an après ses débuts internationaux, aux Mondiaux indoor de Belgrade, Chevrier voit en sa prestation du jour « une grosse pierre posée pour construire le prochain bâtiment ». L’étudiante en médecine de 23 ans va « retourner au charbon dans les prochains mois », pour devenir encore plus chirurgicale à haute altitude, et de se faire aux nouvelles perches qu’elle peut désormais utiliser. Une histoire de temps, encore, qui finira bien par payer.

La qualifiée

Raharolahy connaît la recette

La course était taillée pour elle, ou presque : la locomotive anglaise devant, et les autres à la queue-leu-leu derrière. « C’est marrant, les deux demi-finales étaient dispatchées de façon à ce que celles qui aiment courir devant soient ensemble, et celles qui aiment les courses avec des coups de coudes de l’autre côté, s’amusait Agnès Raharolahy. Je m’attendais donc à ce que la nôtre coure vite, et ça m’arrangeait. » Quatrième de sa course en 2’01’’31, la Nantaise aurait aimé finir parmi les trois premières pour assurer sa place au temps, mais n’avait que peu de doute sur le fait qu’elle obtiendrait son ticket au chrono pour la finale. Dimanche, elle devrait se retrouver dans une configuration similaire puisque Keely Hodgkinson « a couru toutes ses courses de la saison seule devant, il n’y a donc aucune raison qu’elle fasse différemment. J’espère que mes jambes répondront mieux que ce samedi, pour cette fois être dans les trois premières à l’arrivée, et monter sur le podium. » Pour ce faire, la résistance, physique et mentale, sera la clef.

Le fil rouge

Mayer en chasseur

Détendu au moment de passer devant les journalistes à sa sortie de piste, Kevin Mayer nageait un peu entre deux eaux. A la fois « dégoûté d’être assez loin » de ce qu’il pensait pouvoir faire avec sa grande forme du moment, mais lucide sur le fait qu’il allait bien « devoir payer [sa] nuit blanche à un moment donné ». Malgré une petite sieste entre les deux sessions du samedi, le recordman d’Europe sait que ses 6479 points de Belgrade ne sont plus accessibles après ses 1,98 m à la hauteur. Le Montpelliérain a certes débuté son concours plus haut que jamais, à 1,95 m, mais n’a pas réussi à dompter la piste mi-tumbling mi-dur dans son élan. A l’inverse, le Norvégien Sander Skotheim a de nouveau tutoyé les sommets, et en a profité pour prendre la pole position au soir de la première journée, avec 3541 points. Mayer cumule 67 unités de moins, mais peut s’appuyer sur une deuxième journée qui a toujours fait sa force. « Je fais le taf’ quand même, et il reste un titre à aller chercher, résume le recordman du monde du décathlon. Il va falloir se méfier des adversaires, même sans Ehammer. »
Cinquième avec 3368 points au classement intermédiaire, Makenson Gletty avait quelques regrets sur son concours de hauteur, qu’il a passé à se « poser trop de questions sur la course d’élan, à en oublier ce qu’il fallait pour franchir la barre. » Il a tout de même réussi à passer 1,95 m, et conservé ses chances de se battre pour une belle place d’honneur dimanche.

Et aussi

Kandissounon a revu sa copie

Elève dissipée lors des séries jeudi soir, Léna Kandissounon a visiblement révisé son manuel de gestion tactique entre les deux tours. Appliquée et bien calée en troisième position, serrant la corde, jusqu’à la cloche, elle a toutefois payé « un manque d’expérience » quand ses adversaires l’ont « doublé dans tous les sens » dans la ligne opposée. « Je n’ai pas réagi immédiatement, et c’est sans doute là l’erreur du jour, analysait-elle quelques minutes plus tard. J’ai voulu en garder un peu sous le pied pour la dernière ligne droite, mais c’était le bazar, trop encombré devant moi pour passer. » La Bretonne n’avait « encore jamais connu ça avant, mais ça m’a servi, j’ai bien appris aujourd’hui ». La prochaine fois, ce sera peut-être elle qui donnera la leçon.

Meba-Mickaël Zeze a tenu son rang lors des demi-finales du 60 m, en s’approchant à un centième de son record. Quatrième de sa course en 6’’64, le sprinter cannois pointait un peu de « frustration de sortir de cette manière-là de ces championnats » au vu de sa forme du moment. Regrettant d’avoir mal maitrisé sa transition après un bon départ, Zeze se l’est juré : « Je reviendrai ! »

Etienne Nappey pour athle.fr
Photos : S. Kempinaire / KMSP / FFA

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