Kwaou-Mathey et Bapté en finale, Mayer devra cravacher

Just Kwaou-Mathey et Laeticia Bapté ont réussi à forcer la porte des finales du 60 m haies, qui se disputeront dans la soirée à Istanbul. En réalisant 7’’76 sur 60 m haies et 5,30 m à la perche, Kevin Mayer a repris les commandes de l’heptathlon avant le 1000 m final. Erwan Konaté a terminé la finale de la longueur à la septième place.
Les qualifiés
Bapté et Kwaou-Mathey au rendez-vous
Laeticia Bapté et Just Kwaou-Mathey avaient bien des points communs ce samedi matin. Outre leur gabarit longiligne et leur amour des obstacles, les deux Français ont connu une trajectoire similaire dans l’Atakoy Arena lors des demi-finales du 60 m haies. D’abord un départ perfectible, puis une belle remontée ponctuée d’une deuxième place, là où les quatre premières étaient directement qualificatives pour le top 8.
« Je suis un peu tombé à la cave au départ, mais sur le reste, je voyais que je remontais fort sur mes adversaires », notait l’Ebroïcien, chronométré en 7’’61. Satisfait d’avoir fait son trou pour la course du soir, il sait qu’il lui faudra prendre des risques. « Je vais bien me reposer cet après-midi, pour bien envoyer au départ. Ça ne se jouera pas que là-dessus, il y a toute une course. Mais avec un bon départ, j’aurai plus de chances de monter sur la boîte.
»
La Martiniquaise, de son côté, savourait d’avoir « rempli le contrat qu’on s’était fixé avec ma coach, Ketty Cham. Au couloir 6, j’ai pu faire ma course focus, sans regarder les autres et ça m’a aidé un peu. » Reconnaissant une dose de stress plus importante que lors du premier tour, la championne de France espère se « lâcher en finale, pour aller chercher la médaille. » En 7’’91, elle est restée à un petit centième de son record. Si elle l’abaisse dans
la soirée, elle
ne devrait pas être loin du compte.
Le fil rouge
Mayer retrouve la tête

Destins opposés pour les combinards français ce samedi matin dans la capitale turque. Requinqué par une « nuit correcte » de sommeil, Kevin Mayer a repris sa marche en avant lors des deux premières épreuves de l’heptathlon. Il a d’abord remporté le 60 m haies en 7’’76, retranchant un centième à sa meilleure performance de la saison, dans une discipline qu’il a beaucoup pratiquée cet hiver avec les spécialistes. En montant jusqu’à 5,30 m à la perche, il s’est
offert une
marge d’une petite dizaine de secondes sur le jeune et épatant Norvégien Sander Skotheim, en vue du 1000 m qui clôturera ses deux journées de labeur dimanche soir. Le record personnel du Nordique est actuellement de 2’37’’82 depuis le début du mois. Mayer, lui, se voit capable de courir en « 2’44’’ environ », tout en reconnaissant n’avoir pas beaucoup travaillé le 1000 m ces derniers temps, et en sachant que « le Norvégien va surement courir comme un dératé. J’aurais vraiment aimé franchir
5,40 m, pour ne pas
me retrouver dans cette situation que je voulais à tout prix éviter. Il ne m’a pas manqué grand-chose, avec l’aide des perches de Thibaut Collet. Avec un essai de plus, je suis sûr que ça passait. » Les prochaines heures s’annonçaient stressantes, de son propre aveu, mais le tenant du titre a « prouvé par le passé, avec Warner, que quand il faut s’arracher, j’en suis capable. »
De son côté, Makenson Gletty a connu l’infortune d’un zéro à la perche, ses trois essais à 4,50 m étant manqués. Auparavant, il avait couru en 8’’06 sur les haies malgré une hanche gauche mal réveillée et « des intervalles moyens ». « Très déçu », le colosse niçois ressassait un « blocage mental sur les barres basses. Mon échauffement était très bon, comme à chaque fois que le fil est placé haut, parce que j’y mets toutes les intentions
qu’il faut. Je ne suis pas
encore prêt à commencer à 4,60 m ou 4,70 m, qui est la hauteur qui m’incite à courir plus vite. » Au terme de sa première sélection internationale en A, Gletty pouvait toutefois se satisfaire d’avoir « appris à lâcher prise, et c’est ce qu’il faudra faire encore plus dans les années à venir. »
Le finaliste
Konaté pas verni

Pour sa première dans le grand monde, Erwan Konaté a appris à la dure. Avec son insouciance, le double champion du monde juniors s’est lancé sans complexe dans la finale de la longueur, avec un premier saut aux alentours des 8 m, mais hélas mordu. La suite fut moins souriante, puisqu’une douleur au dos apparue au cours des derniers jours s’est réveillée, l’empêchant d’exprimer pleinement son talent. Il a tout de même serré les dents jusqu’à son ultime saut, pour
atterrir
au septième rang, avec 7,65 m comme meilleur résultat. « J’ai le ‘’seum’’ (sic) pour mon premier essai, qui était beau, mais il est mordu, c’est la loi de notre sport, soufflait-il. C’est de l’expérience qui rentre, mais je suis quand même dégoûté, parce que le podium me semblait largement accessible (le Roumain Bitan a pris le bronze avec 8,00 m, NDLR). Je repars avec des regrets mais grandi. Je sais désormais comment me préparer pour les grands championnats, je ne suis plus un bébé. » Les
dents de lait ont
laissé place à des crocs affamés.
Les éliminés
Les hurdlers décimés par les pépins

Malgré un excellent départ lors de sa demi-finale du 60 m haies, lors de laquelle elle s’est retrouvée au coude à coude avec la Finlandaise Reeta Hurske, Cyréna Samba-Mayela a ensuite perdu le fil des évènements, et de la vitesse à mesure que les obstacles défilaient. « C’est dommage, je n’ai pas su mettre les éléments en place, déplorait-elle après-coup. Je manquais d’énergie. Je suis tombée malade en arrivant en Turquie, mais je ne veux pas
me servir de cette excuse. Je pensais pouvoir obtenir quelque chose en donnant tout. Ça n’est pas le cas, et je l’accepte. » Elle s’est finalement classée cinquième de sa course en 8’’00.
Dimitri Bascou était également diminué en se présentant derrière ses blocs de départ, après un « coup de poignard » derrière la cuisse lors de son échauffement. Le Martiniquais du GA Noisy-le-Grand a tout de même tente le coup « au mental ». Il n’était malheureusement pas en mesure de défendre proprement ses chances, et a buté violemment sur le premier obstacle avant de renoncer. « J’ai pris des risques à l’entraînement ces deux dernières semaines
pour tenter d’aller chercher une breloque. Le plus dur dans ce championnat, c’était l’enchaînement des courses le matin. L’âge joue beaucoup dans la récupération. Mais même plus jeune, ça aurait été compliqué », relevait-il.
Enfin, Judy Chalcou n’a pas pu prendre le départ de sa demi-finale du 60 m haies, à la suite d’une douleur contractée à l’ischio droit lors de son échauffement.
Etienne Nappey pour athle.fr Photos : S. Kempinaire / KMSP / FFA
|