Les sprinters et hurdlers en revue
Quatre sprinters, six hurdlers et un relais 4x400 m s’apprêtent à se frotter au gratin européen ce week-end à Istanbul, pour les championnats d’Europe indoor. Parmi eux, Pascal-Martinot-Lagarde et Cyrena Samba-Mayela sont appelés à être des locomotives d’une équipe de France ambitieuse.
Les deux Français engagés auront à cœur de passer le plus de tours possible lors d’une compétition dont ils ne partent pas favoris. Dix-septième temps des engagés après sa victoire en 6''62 lors des France Elite, Jeff Erius découvrira, du haut de ses presque 19 ans, les grands championnats en individuel, après avoir été membre du collectif relais à Munich l’été passé. Son camarade Meba-Mickael Zeze, vingt-deuxième chrono des participants avec ses 6’’63 à Clermont, dispose
d’un peu plus d’expérience, ce qui devrait lui être utile dès les séries samedi matin. Le Britannique Reece Prescod, chronométré en 6’’49 cet hiver, et le champion olympique italien du 100 m Marcell Jacobs seront les deux cadors de la discipline.
Là encore, les deux Français sélectionnés tenteront de se frayer une place jusqu’en finale, dans une spécialité où le placement et l’expérience sont des armes précieuses. Impérial lors des championnats de France, qu’il a remportés en 46’’11, Gilles Biron devra reproduire ce genre de course autoritaire pour se hisser plus haut que sa neuvième place aux bilans européens. Le Martiniquais semble avoir passé un cap depuis la saison dernière, et s’affirme comme un des nouveaux leaders du 400 m dans l’Hexagone. Son compère Muhammad-Abdallah Kounta, crédité du 16e chrono des engagés avec ses 46’’28 de Clermont-Ferrand, devra se montrer rusé et dans sa meilleure forme pour rallier le top 8. Sur les deux tours de piste, le Norvégien Karsten Warholm fait figure d’épouvantail, et ne cache pas son désir de devenir le premier Européen sous les 45’’ entre quatre murs.
Tube de l’hiver 2022 avec son titre mondial acquis à Belgrade, Cyrena Samba-Mayela entend bien renouveler son exploit pour aller conquérir l’or européen. Chronométrée en 7’’84 à Madrid la semaine dernière, la Lilloise a retrouvé des sensations au meilleur moment. Une bonne nouvelle, puisque le plateau s’est sérieusement densifié, avec l’émergence de la Finlandaise Reeta Hurske, qui a avalé sa ligne droite en 7’’79 dans la capitale espagnole, et de la Suissesse
Ditaji Kambundji, créditée de 7’’81. Sans oublier la Hollandaise Nadine Visser, lauréate du meeting de Paris en 7’’85. Cinquième des bilans avec ses 7’’90, Laeticia Bapté dispose aussi de solides arguments à faire valoir. La Martiniquaise est en pleine confiance, puisqu’elle vient de remporter les championnats de France à Clermont, et a déjà vécu ce genre de rendez-vous il y a deux ans. Pour sa camarade guadeloupéenne Judy Chalcou (22 ans), la scène internationale sera une découverte.
Pour sa deuxième saison seulement sur les haies, elle a épaté la galerie en abaissant son chrono de plus d’un quart de secondes, jusqu’à 7’’98. Ce qui la place au huitième rang des engagées, et lui autorise tous les rêves.
Une tradition, ça se respecte et ça se perpétue. Depuis 2009, il y a toujours eu un Français médaillé sur le 60 m haies masculin aux Europe indoor. Et même sans le champion sortant, Wilhem Belocian, qui n’a pas couru cet hiver, la France dispose de trois atouts solides pour placer une nouvelle fois au moins l’un des siens sur la boîte. Pascal Martinot-Lagarde, vainqueur en 2015 et médaillé à trois autres reprises, connaît par cœur le chemin menant aux podiums.
Dimitri Bascou, dauphin de PML il y a huit ans, a retrouvé ses jambes de jeune homme, et dispose, en plus du record le plus impressionnant des engagés (7’’41), de l’expérience de ses 35 ans. Et que dire du jeunot Just Kwaou-Mathey (23 ans), qui a brillamment devancé ses aînés lors des championnats de France, achevés en 7’’53 ? Un chrono qui le place à la troisième place des bilans, à égalité avec PML. Troisième des Europe en plein air l’été dernier, il ne devrait pas être impressionné par l’évènement.
Pour la victoire, les Bleus devront composer avec le Suisse Jason Joseph, qui a couru en 7’’44 cette année, et avec les Ibériques Enrique Llopis (7’’48 en 2023) et Asier Martinez, champion d’Europe à Munich.
Assurés d’être finalistes, puisque seules six équipes ont été invitées en Turquie, les Français auront une occasion en or de montrer la force de leur collectif, alors que certains cadres habituels (Jordier, Vaillant) seront absents. Face aux redoutables Belges des frères Borlée, aux Hollandais volants de Laurent Meuwly, à l’Espagne emmenée par Oscar Husillos, à la Grande-Bretagne et à la Turquie, il faudra saisir les opportunités quand
elles se présenteront et faire les bons choix dans les moments chauds. Les Bleus sont prévenus.
Etienne Nappey pour athle.fr
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