Les combinards et sauteurs horizontaux à suivre
Kevin Mayer, le chef de file de l’équipe de France à Istanbul, remet en jeu son titre de champion d’Europe de l’heptathlon. Dans les sauts horizontaux, l’éternel Benjamin Compaoré et le prometteur Jules Pommery visent le podium.
Léonie Cambours vit pour l’instant une saison de rêve, avec un record personnel explosé à deux reprises : lors du X-Athletics avec 4490 pts et lors des France Elite avec 4603 pts. Des totaux qui l’ont fait changer de dimension, puisqu’elle est désormais la quatrième meilleure performeuse française de tous les temps et arrive à Istanbul avec la deuxième meilleure performance des engagées, derrière la Polonaise Adrianna Sulek (4860 pts). Reste que la route
vers le podium s’annonce semée d’embûches pour la combinarde du Stade Sottevillais 76, puisque les Belges Nafissatou Thiam (4904 pts) et Noor Vidts (4929 pts) sont de sacrées clientes et disputeront à Istanbul leur premier et unique pentathlon de l’année. Pour se mêler à la lutte pour le top 3, l’élève de Wilfrid Boulineau devra briller dans les sauts, son point fort, et se sublimer au poids, où elle a fait d’énormes progrès cet hiver.
En or à Torun il y a deux ans, Kevin Mayer remet son titre en jeu. Après avoir longtemps hésité à faire le déplacement jusqu’à Istanbul, le champion du monde du décathlon s’est laissé convaincre par un état de forme ascendant et sa soif de compétitions. Auteur de chronos prometteurs sur 60 m (6’’88) et 60 m haies (7’’77), il est capable d’élever son niveau de plusieurs crans sous la tunique bleue. Pour son seul heptathlon de l’hiver, le sociétaire du Montpellier
A2M, qui détient le record d’Europe avec 6479 unités, devra composer notamment avec le Suisse Simon Ehammer, redoutable en indoor (6363 pts). Le deuxième Tricolore en lice sera Makenson Gletty, qui portera pour la première fois le maillot de l’équipe de France seniors. Freiné dans sa progression par des blessures, l’athlète coaché par Rudy Bourguignon peut enfin se lâcher à bientôt 24 ans. Il est allé chercher son billet pour la Turquie lors des championnats de France Elite grâce à une victoire
acquise avec 6090 points, son record.
C’est au sixième et dernier essai que Tiphaine Mauchant, qui fêtera ses 22 ans le 5 avril, est allée chercher avec 6,56 m son premier titre de championne de France Elite à Clermont. La preuve de la combativité de la sauteuse en longueur de l’Amiens UC, qui a tout donné jusqu’au bout. Un état d’esprit dont elle devra à nouveau faire preuve à Istanbul pour passer les qualifications, pour son premier grand championnat chez les seniors. Régulière tout au long de la
saison, avec une performance de pointe à 6,61 m à Amiens début février, celle qui possède la onzième performance des engagées devra sans doute sauter dans les eaux de son record personnel (6,63 m) pour passer le cap des qualifications. La grande favorite sera l’Allemande Malaika Mihambo (record à 7,30 m), dans une discipline qui n'a pas encore totalement décollé cet hiver.
Objectif podium pour les Bleus, dans une épreuve qui s’annonce particulièrement ouverte derrière le Grec Miltiadis Tentoglou, patron incontesté de la longueur depuis deux saisons. Jules Pommery a déjà goûté au top 3, lors des championnats d’Europe de Munich l’été dernier, et a le potentiel pour récidiver en Turquie. Il possède la sixième meilleure performance des engagés avec 7,96 m mais espère aller bien plus loin, avec dans le viseur le record de France
espoirs de Teddy Tamgho et Erwan Konaté (7,98 m) et la barrière des huit mètres. Des objectifs aussi dans les cordes du champion du monde juniors Erwan Konaté (7,82 m), son camarade d’entraînement à l’Insep. Le troisième Tricolore en lice fait aussi partie du même groupe, sous la houlette de Robert Emmiyan. Il s’agit de Jean-Pierre Bertrand, 30 ans, champion de France Elite à Clermont avec 7,83 m. Souvent malchanceux avant et pendant les grands championnats, à cause de blessures, le sociétaire de
l’Athletic Clubs 92 rêve de pouvoir enfin s’exprimer à 100 %.
Le maitre et l’élève. L’entraîneur et athlète Benjamin Compaoré, et son poulain Enzo Hodebar, ont déjà eu l’occasion de concourir ensemble en grands championnats, à Eugene et Munich l’été dernier. En Allemagne, c’est Hodebar qui s’en était le mieux tiré, en passant le cap des qualifications. Mais c’est bien Compaoré qui a frappé un grand coup lors des championnats de France Elite, en survolant la finale grâce à un meilleur saut à 16,95 m.
De quoi aborder en pleine confiance le rendez-vous continental, où l’inusable triple sauteur de 35 ans débarque avec la troisième meilleure performance des engagés derrière le Portugais Pedro Pichardo (17,12 m) et l’Italien Emmanuel Ihemeje (16,99 m). Pour Hodebar, 23 ans, l’hiver a été plus compliqué, avec pour l’instant un saut à 15,95 m loin de ses standards habituels. Il devra mettre de côté son appréhension, due à des pépins physiques, pour aller loin.
Florian Gaudin-Winer pour athle.fr
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