Achetez votre revue ou abonnez-vous en ligne en cliquant ici
Accédez au sommaire du n°598 en cliquant ici
NUMÉRO 598 - HIVER 2023 |
Agnès Raharolahy : « Sur 800 m, j’ai moins peur »
Médaillée de bronze à la surprise quasi générale sur les quatre tours de piste dimanche lors des championnats d’Europe d’Istanbul (Turquie), la coureuse de 30 ans licenciée au Nantes Métropole Athlétisme a réussi brillamment sa reconversion du 400 m au 800 m. Une trajectoire atypique qu’elle retrace dans le dernier numéro d’Athlétisme Magazine.
Le chrono, ce mur
« Je savais depuis longtemps que je finirais sur 800 m : j’avais plutôt un profil 400-800 que 200-400. J’étais la moins bonne des filles du circuit en vitesse ! Et puis, je stagnais sur 400 m. C’était hyper frustrant : je progressais dans plein de domaines, mais je n’améliorais pas mon chrono en compétition. Début 2019, je me blesse au tendon d’Achille. Je le sentais usé, fatigué. J’ai mis beaucoup de temps à retrouver confiance en mes appuis, mes sensations sur la piste. C’est dur psychologiquement de se dire qu’on ne battra plus son record, surtout quand il date de 2015, et de s’y confronter sans cesse. En plus, j’avais 30 ans en 2022 : si je repoussais encore mon passage sur 800 m, ça n’avait plus d’intérêt après, et ça allait me dégoûter de l’athlé alors que j’adore ça. »
Envies d'ailleurs
« Au départ, je me suis mise sur… 400 m haies ! Ça faisait une bonne transition, le jeu avec les intervalles m’a fait beaucoup de bien. Au début de l’hiver 2022, je fais un 800 m en salle, mais dans l’optique de poursuivre sur 400 m haies l’été. Et là… Je m’y sens tellement bien, je suis tellement dans mes qualités qu’on décide de rester sur 800 m. Passer en 59’’ au 400 m, c’était tellement facile que je ne savais pas où étaient mes limites. Pourtant, plus jeune, je détestais le long, le cross. J’étais tellement frileuse ! Mais j’aimais bien l’aérobie à l’entraînement sur la piste. »
Nouveaux horizons
« Mon entraîneur, Emmanuel Huruguen, est le même depuis que je suis cadette, il me connaît parfaitement et sait comment je fonctionne. Je lui ai parlé de ce projet, il m’a dit : ‘‘Je te suis’’. Je ne m’attendais à rien du tout, et c’est ça qui est bien. Sur 400 m, je connaissais tout. Là, je me retrouve dans un groupe avec des garçons qui valent entre 1’52’’ et 1’56’’, c’est parfait pour moi. »
Progrès et frémissements
« Je n’ai pas été surprise par mes 1’59’’ en plein air. Honnêtement, ça ne me paraissait pas insurmontable, c’est une vision logique quand on a l’habitude de passer vite au 400 m. Même si c’est sur le deuxième tour que ça se complique ! Mais quand on n’a pas de repères, on n’a pas peur, finalement. Et puis, j’adore la bagarre. Ce que je préférais dans le 400 m, c’était le relais, ce côté jeu avec les adversaires. Je pense que c’est pour ça que j’ai toujours été meilleure en relais qu’en individuel : la tactique, le fait de ne pas savoir ce qui allait se passer, ça me motivait. »
Pas de regrets ?
« Je ne regrette rien. Si je n’avais pas fait tout ça sur 400 m avant, si je n’avais pas connu deux années difficiles, je n’aurais peut-être pas été prête à performer aussi vite. Ma sélection pour Mu-nich m’a confirmé que j’avais fait le bon choix. Mentalement, aujourd’hui, j’ai beaucoup plus confiance en moi. En fait, je crois que je n’ai jamais eu confiance sur 400 m. Je me dénigrais. Sur 800 m, j’ai moins peur. Bref, je me sens beaucoup plus à ma place. Mine de rien, c’était ma première qualification en individuel pour un grand championnat en extérieur ! D’ailleurs, je voulais montrer ce que je valais à l’international, mais le tendon d’Achille est revenu en jeu, en Allemagne. J’avais beaucoup couru tout l’été, et même l’hiver d’avant, comme une cadette qui découvre une discipline. J’étais vraiment dans l’euphorie, et je n’ai pas senti la fatigue. C’était trop !
Avant la finale d’Istanbul, j’avais le souvenir de ma quatrième place de la veille (en demies ; NDLR) et de celle des France, et je ne voulais surtout pas revivre ça. J’ai tout donné jusqu’aux derniers centimètres, et ça valait le coup. Derrière Hodgkinson, c’était ouvert. En fonction de celle qui prend des risques ou qui a le plus envie, c’est soit l’une, soit l’autre qui monte sur le podium. Aujourd’hui (dimanche), c’était pour moi, et j’espère que ça se reproduira à l’avenir. »
Propos recueillis par Cyril Pocréaux
INFORMATIONS | FORMATION | COMMUNAUTÉ | BASES DE DONNÉES | MÉDICAL | BOUTIQUE |
|
![]() |
![]() |
![]() |