Une hauteur historique, Mayer contraint à l’abandon

Il y aura pour la première fois dans l’histoire deux sauteuses en finale de la hauteur aux Mondiaux. Nawal Meniker et Solène Gicquel ont franchi 1,89 m et pris la douzième place des qualifications. Au décathlon, Kevin Mayer, loin de ses performances habituelles sur 100 m et à la longueur, a pris la sage décision d’abandonner, en raison d’un tendon d’Achille gauche douloureux.
Les qualifiées
Meniker et Gicquel, fiertés de la hauteur
L’attente fut longue. Dans l’histoire et sur le sautoir. Dans l’histoire car cela faisait quatorze ans qu’aucune Française n’avait atteint la finale mondiale à la hauteur. Elles seront deux en piste dimanche, du jamais vu bien sûr, et prendront la suite de Mélanie Skotnik (7e en 2007 et 9e en 2009). Sur le sautoir car, après avoir raté leur ultime essai à 1,92 m, elles ont dû attendre que les dernières concurrentes s’élancent pour connaitre leur destin. Avant leurs trois
échecs à cette hauteur, les deux Bleues avaient réalisé des concours quasi parfaits, en franchissant leurs premières barres - 1,75 m, 1,80 m et 1,85 m au premier essai pour Solène Gicquel, 1,80 m et 1,85 m pour Nawal Meniker - avant de devoir s’y reprendre à deux fois à 1,89 m.
La seconde nommée, engagée dans le concours ‘’A’’ qui avait pris un peu d’avance sur le ‘’B’’, raconte l’interminable attente : « Le coach avait la tablette et regardait les filles se faire éliminer les unes après les autres. Quand je rate 1,92 m, j’avais encore envie de sauter. J’avais mes pointes et je ne voulais pas les enlever. Et puis, ça a été la délivrance. » Gicquel, elle, pensait déjà être éliminée. « J’avais l’impression que beaucoup de filles
avaient franchi 1,92 m et j’étais déçue sur le coup de ne pas être passée. Et puis j’ai vu dans les tribunes mon coach et ma famille qui m’ont dit : ‘’c’est bon, ça va le faire !’’ ». Avec 1,89 m, elles terminent douzième à égalité avec deux autres athlètes, pour une finale qui rassemblera donc quinze concurrentes.
Les deux sauteuses, habituées à s’affronter sur les sautoirs hexagonaux où leur saine rivalité les pousse de compétition en compétition à progresser, pouvaient alors tomber dans les bras l’une de l’autre. « Avec Nawal, on est hyper fières, s’exclame la Bretonne, le visage rayonnant. C’est génial, je suis en finale des championnats du monde ! Un truc de fou. On va montrer que la hauteur est de retour. » Diminuée par une angine après le meeting de Monaco,
puis par le Covid Covid-19 dans la foulée des championnats de France Elite, Nawal Meniker prouve une fois de plus sa capacité à rebondir. « Le saut en hauteur renaît de ses cendres, savoure-t-elle, des perles bleu, blanc, rouge au-dessus de l’œil gauche. En finale, je serai à 3000 %. »
Le coup dur
Mayer, le choix de la raison

La douleur était trop forte. Après un 100 m en 10’’79 et un meilleur saut à 7,25 m à la longueur, des performances éloignées de ses standards habituels, Kevin Mayer, en accord avec son staff et la Fédération, a décidé de mettre fin à son décathlon. Diminué depuis plusieurs jours par une douleur au tendon d’Achille gauche, il espérait que l’adrénaline de la compétition lui permettrait de défendre ses chances. Il a eu le mérite de tenter, tout comme celui d’abandonner
au bon moment, sans mettre son intégrité physique en danger. Une décision difficile à prendre, quand on aime autant que lui les grands rendez-vous et les épreuves combinées. « Au-delà des médailles, qu’est-ce que je vibre quand je suis en grand championnat, rappelle le double champion du monde. Ce matin, je me suis enfin réveillé en me disant : ‘’ça y est, c’est aujourd’hui !’’ »
Malgré l’envie et la passion, son corps a dit stop. « Je sentais que j’étais inhibé, décrit le Montpelliérain entraîné par Alexandre Bonacorsi. Ma jambe gauche ne faisait pas le même travail que la droite, ce qui créait un déséquilibre. Après chaque effort, la douleur revenait. En paix avec (lui)-même sur (s)on choix », il va désormais pouvoir prendre le temps de bien récupérer. Avant de se lancer à l’assaut des minima pour les Jeux olympiques, qu’il tentera sans doute de réaliser au cours de l’hiver ou au tout début du printemps, dans le cadre d’un stage en Océanie ou aux Etats-Unis. « J’ai trop hâte d’être à Paris », prévient-il. En 2015, Kevin Mayer n’avait pas pu s’aligner aux Mondiaux de Pékin. Quatre ans plus tard, il avait été contraint à l’abandon à Doha. Cela ne l’avait pas empêché de décrocher à chaque fois l’argent, lors des Jeux olympiques qui avaient suivi.
L'éliminé
Sosaia trop juste
Diminué par une douleur à la cheville gauche, qui le handicapait lors du ‘’blocage’’, Felise Vahai Sosaia a dû se contenter d’un meilleur jet à 74,90 m, une performance réalisée au deuxième essai. Insuffisant pour rejoindre la finale avec une 28e place en qualifications (79,78 m pour le dernier qualifié, le Moldave Andrian Mardare). « Je me sentais bien en début de concours, retrace le Néo-Calédonien. J’ai essayé de mettre les choses en place
au premier essai mais ça n’est pas sorti. J’ai ensuite tenté de mettre plus d’intensité, mais c’était compliqué avec ma blessure. Je suis forcément déçu. J’aurais aimé réaliser une performance proche des 80 mètres. »
Florian Gaudin-Winer pour athle.fr Photos : S. Kempinaire - JM Hervio / KMSP / FFA et @QuentinFelden - @run_ix
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