Chahdi septième au terme d’une magnifique remontée

Hassan Chahdi a réalisé une superbe course dans les rues de la capitale hongroise. Parti en queue de peloton, il a parfaitement géré ses 42,195 km et terminé très fort, avec pour récompense une septième place en 2h10’45’’. La plus belle performance de sa carrière et le meilleur résultat d’un Français sur marathon aux Mondiaux.
Pour entendre sa voix douce et posée, il faut tendre l’oreille. C’est que le talent d’Hassan Chahdi est égal à sa discrétion. Le fondeur de 34 ans n’est pas du genre à s’enflammer, même après une performance majuscule sous le maillot de l’équipe de France. Alors il faut guetter son sourire enfantin, qui était scotché à son visage ce dimanche matin à l’arrivée du marathon.
Le fondeur de l’AL Voiron, installé à Montélimar (Drôme), venait de jouer un bon tour à une bonne partie des concurrents. En partant de l’arrière, là-bas tout au fond de la classe, avant de se lancer dans une remontée aussi dingue que belle. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 81e au bout du premier kilomètre, couvert en 3’13’’, 58e au 10e km (31’14’’), 42e au semi (1h05’39’’), 30e au 30e km (1h30’00’’). De nombreux athlètes explosaient, stoppés net par le soleil et la
température approchant déjà des 30°C à Budapest, pendant qu’Hassan Chahdi, lui, accélérait l’allure : 22e au 35e km en 1h45’22’’, 14e au 40e en 2h01’00’’, avant une fin de course au sprint pour franchir en septième position la ligne d’arrivée, en 2h10’45’’. Un modèle de negative split, à montrer dans toutes les écoles d’athlé.
Le premier Français finaliste aux Mondiaux sur marathon
« Au début je me posais des questions, mais le staff de l’équipe de France m’a demandé d’avoir confiance en moi, retraçait l’athlète coaché par Alain Calandreau, déjà très lucide quelques minutes après l’arrivée. Je savais que je devais partir doucement, je me suis dit : ‘’soit tranquille, remonte’’. On s’était mis d’accord sur une allure au kilomètre de 3’04’’, pour 2h10’’-2h’11’’, c’est ce que j’ai fait. J’étais dans une bonne dynamique. Je me disais : ‘’Attends,
attends
les huit derniers kilomètres. Je ramassais les morts et je n’y croyais pas, ils étaient quand même loin. Mais au fur et à mesure, je revenais. Sur la Place des Héros, j’ai tout donné. Les autres ne pouvaient pas suivre, ils étaient cuits. »
Avec cette superbe septième place dans une course remportée par l’Ougandais Victor Kiplagat (2h08’53’’) devant l’Israélien Manu Teferi (2h09’12’’) et l’Ethiopien Leul Gebresilase (2h09’19’’), Hassan Chahdi devient le premier Français finaliste aux Mondiaux sur marathon. Le meilleur résultat d’un Bleu sur la distance remontait à 1997, avec Philippe Rémond qui s’était classé 11e à Athènes. « Je ne pensais pas obtenir ce résultat, glissait
avec sa modestie habituelle le Français. Je visais un peu mieux que ma 17e place de l’année dernière, c’est aussi pour ça que je suis parti prudemment. J’avais conscience de mon niveau. Là, ça a payé. Ma philosophie de ces dernières années, c’est de profiter des gros marathons comme les Mondiaux pour me confronter au très haut niveau. C’est en championnats que je me fais vraiment plaisir, ça me motive dans ma préparation. » Bonus : en intégrant le top 8, il peut espérer devenir athlète prioritaire pour les Jeux olympiques de Paris l’an prochain, à condition de réaliser avant le 30 avril 2024 les minima, fixés à 2h08’10’’.
Frère dans le top 20

Parti plus vite que lui, tout comme Morhad Amdouni qui a abandonné, Mehdi Frère a tenté sa chance en se portant même brièvement en tête, un peu avant le 30e kilomètre. La fin de course a été plus compliquée, mais le sociétaire du Pays de Fontainebleau tirait un bilan positif après sa 18e place en 2h11’59’’, pour ce qui était son premier grand championnat sous le maillot de l’équipe de France. « J’ai respecté le plan de course qu’on avait défini, en restant
sage en début
de course, expliquait-il. Malheureusement, je n’ai pas pu m’empêcher de passer devant à un à moment pour éviter de mettre des à-coups (rires). Ce n’est pas parce qu’on est Français qu’on est obligés de rester derrière. Je me suis fait plaisir, autant montrer le maillot. Je finis un peu comme je peux avec la chaleur. Le résultat est très satisfaisant. J’ai pris dix ans d’expérience d’un coup, en me confrontant au très haut niveau mondial. C’est une expérience qui restera gravée dans ma mémoire, en
espérant que
la prochaine soit l’an prochain avec le maillot de l’équipe de France. »
Florian Gaudin-Winer pour athle.fr Photos : S. Kempinaire - JM Hervio / KMSP / FFA
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