André Giraud : « Nos relayeurs ont montré la voie à suivre »

Le président de la Fédération Française d’Athlétisme dresse le bilan de ces championnats du monde de Budapest, conclus avec une médaille d’argent et huit finalistes.
Quel bilan tirez-vous de ces Mondiaux ?
Nous avons fini sur une très bonne note ce dimanche, avec la magnifique médaille d’argent de nos relayeurs sur 4x400 m. Une équipe sans complexe, en pleine progression et très soudée, qui a su se servir de la force du collectif pour se dépasser le jour J en battant un mythique record de France. A un an des Jeux olympiques de Paris 2024, ils ont montré la voie à suivre, tout comme Alice Finot avec sa superbe cinquième place assortie, elle aussi, d’une meilleure marque
nationale de tous les temps. Ces résultats donnent du baume au cœur à toute l’équipe de France, comme ceux de nos autres finalistes : Thibaut (Collet (perche), Sasha Zhoya et Wilhem Belocian (110 m haies), Hassan Chahdi (marathon), le 4x100 m hommes et le 4x400 m mixte. Mais nous ne pouvons pas nous en satisfaire, car notre bilan reste clairement en deçà de ce qu’on pouvait espérer. Trop peu de sélectionnés ont réussi à évoluer le jour J à leur meilleur niveau de l’année, voire de leur carrière, dans un contexte
où le comité de sélection avait fait le choix d’élargir la délégation, avec le souhait qu’aucun athlète n’arrive aux Jeux olympiques de Paris vierge de sélection.
Comment expliquez-vous ces résultats ?
Je tiens tout d’abord à rappeler que le niveau global de ces championnats du monde a été très élevé. L’exemple du 800 m masculin, une discipline où l’on pouvait espérer plusieurs finalistes, est très parlant. Dix-huit athlètes sont descendus sous les 1’45’’ en demi-finales, une densité jamais vue. Mais d’autres nations ont su s’adapter et faire monter leur niveau d’un cran, ce qui n’a malheureusement pas été notre cas. Par ailleurs, nous avons pu constater qu’un certain
nombre d’athlètes étaient arrivés à Budapest sans être en pleine possession de leurs moyens physiques. Or, même si les blessures sont courantes et font malheureusement partie du quotidien des sportifs de haut niveau, on ne peut pas se permettre de participer aux Mondiaux sans être à 100 % de ses capacités. Nous allons échanger avec le secteur médical sur cet état de fait, afin de trouver des solutions.
Quels sont les moyens alloués actuellement par la Fédération, l’Agence nationale du sport et l’Etat à la haute performance ?
Ils n’ont jamais été aussi importants et il est primordial de le rappeler. Au retour des Jeux olympiques de Tokyo, nous avons dégagé d’importants moyens humains et financiers pour renforcer l’accompagnement des athlètes et les mettre dans les meilleures conditions possibles, autour du directeur de la haute performance Romain Barras et du directeur technique national Patrick Ranvier. Cela se concrétise aujourd’hui par les aides directes qu’on leur apporte, avec le concours
de l’Agence nationale du sport, et qui représentent 3,5 millions d’euros par an. Mais cela passe aussi par la professionnalisation, avec une multiplication par trois du nombre de sportifs aidés, la création et le développement de la cellule optimisation de la performance avec de nombreux recrutements, ou encore la place accordée aux coaches perso, dont nous connaissons l’importance pour les athlètes, y compris dans l’écosystème du championnat lui-même.
Quelle est aujourd’hui l’ambiance au sein de l’équipe de France ?
On a retrouvé de la sérénité à l’intérieur de l’équipe de France à tous les niveaux : cadres techniques, athlètes, staff... Notre volonté de fédérer et de faire travailler toutes les entités ensemble s’est bien traduite, tant à l’INSEP, où s’est déroulé le pré-camp qui a été salué par tous comme une réussite, qu’à Budapest. Cette atmosphère saine n’est pas la garantie d’excellents résultats sportifs, mais elle est un prérequis pour construire et avancer de manière solidaire.
A un an des Jeux olympiques de Paris, que faut-il changer ?
Le temps presse, nous en avons conscience. Tous les sujets sont sur la table, sans tabou, et nous allons devoir apporter des réponses au cours des prochaines semaines, sans pour autant tout remettre en question. Nous allons, dès notre retour en France, débriefer en interne ces Mondiaux et voir comment optimiser encore notre organisation. Nous allons également rencontrer toutes les parties prenantes. Nous avons d’ailleurs rendez-vous ce mardi avec la ministre des Sports, Amélie
Oudéa-Castéra, qui nous a sollicités au cours de la semaine dernière pour un temps d’échange avec les équipes du Ministère et de l’Agence nationale du sport, qui se veut constructif. Nous prendrons au plus vite les décisions qui s’imposent, dans l’optique de Paris 2024 mais aussi des échéances suivantes.
|