MES ACCÈS
Le décryptage du 4x400 m des vice-champions du monde

Ludvy Vaillant, Gilles Biron, David Sombé et Téo Andant ont réussi la course quasi parfaite pour décrocher la médaille d’argent aux Mondiaux de Budapest, record de France à la clé (2’58’’45). Un exploit qu’ils doivent en grande partie à la force du collectif. Décryptage avec Emmanuel Huruguen, entraîneur des relais 4x400 m.

« Quand on a un projet d’équipe et que l’ambition est partagée par l’ensemble des coéquipiers, ça rend l’équipe plus forte ». Ancien basketteur, Emmanuel Huruguen en était persuadé. C’était en renforçant l’état d’esprit du collectif du relais 4x400 qu’il mènerait ses hommes vers la médaille. Il a donc bâti son groupe autour de quatre idées fortes : « construire un état d’esprit collectif », « définir un objectif d’équipe », « permettre un équilibre entre les parcours individuels de chacun et les relais », et enfin « laisser une place à l’innovation et notamment à l’utilisation des données GPS ». Trois regroupements et un pré-camp ont été organisés au cours de la saison afin de permettre aux athlètes d’échanger sur leurs ambitions et de se définir un objectif commun : « Une médaille et le record de France ». Les données GPS, quant à elles, ont été recueillies afin « de mieux comprendre comment chaque athlète répartissait son effort sur la totalité de son 400 m ». « Une équipe de 4x400 m, c’est souvent six personnes, nous, on était huit (avec également Thomas Jordier, Loic Prévot, Simon Boypa et Wilfried Happio) et ils ont tous joué le jeu à fond. Ça a été une vraie valeur ajoutée. On a pu imaginer toutes les possibilités, toutes les combinaisons en amont. On a étudié leur état de forme, observé comment ils vivaient, comment ils couraient… Ils ont tous participé à l’aventure avec un super état d’esprit pour pousser leurs coéquipiers et donner le meilleur d’eux-mêmes. »

Ludvy Vaillant, 1er relayeur en 45’’42*

« Le premier relayeur a la responsabilité de lancer toute l’équipe. Il faut donc un athlète avec une certaine expérience, capable de gérer cet effort et de réaliser un gros chrono en partant dans les blocs. D’autant que c’est aussi le seul parcours du relai qui s’effectue uniquement en couloir. En série, Ludvy n’avait pas réussi à se libérer pleinement au bon moment, il avait relancé un peu trop tôt. On a fait un ajustement technique et verbal sur une intention à tenir, qu’il a parfaitement corrigé en finale. Il fallait qu’il réussisse à patienter un peu plus longtemps pour être à la relance à un endroit précis du 400 m et ainsi être plus performant dans la dernière partie de parcours. C’est vraiment une question de repère car le premier relayeur se retrouve en décalage par rapport à ses repères traditionnels sur 400 m. Mais Ludvy a effectué un très bon ajustement. Il est parti sur le même rythme que la veille, mais il a osé retarder sa relance et il a gagné plus de trois dixièmes par rapport à la série. »

Gilles Biron, 2e relayeur en 44’’30* (lancé)

« Le deuxième relayeur a un rôle particulier car sa course, et notamment sa position au passage du 600 m, a une incidence sur le placement du troisième relayeur pour la transmission du témoin. C’est réglementaire. Loic Prévot avait fait ce qu’on attendait de lui en série mais, d’un point de vue stratégique, on a estimé qu’il fallait quelqu’un qui puisse passer aussi vite sur les 200 premiers mètres tout en terminant encore plus fort derrière. C’était notre espoir en choisissant de le remplacer par Gilles Biron, qui avait plutôt l’habitude de lancer le relais depuis plusieurs années. Il avait en tous cas les qualités requises pour endosser ce rôle et mettre l’équipe de France dans les meilleures dispositions pour la transmission du témoin. Avec un athlète qui court son 400 m de manière très équilibrée, on prend le risque de passer en 3e, 4e, voire 5e position. Car en une demi-seconde, on peut avoir 2 ou 3 équipes. C’est un détail qu’il fallait aller chercher. Les qualités de Gilles, son expérience, ses performances individuelles cette année, et l’observation de ses dernières séances, ont été des éléments clés dans notre choix. L’objectif était de passer sous les 1’30’’ au 800 m afin d’être pleinement dans le coup et c’est ce qui a été fait. »

David Sombé, 3e relayeur en 44’’66* (lancé)

« Quand le troisième et le quatrième relayeurs reçoivent le témoin en troisième et deuxième positions, il faut assumer et finir le job. Il n’est plus question de prendre des risques en essayant de recoller à une équipe devant. On est déjà dans le top 3, dans la responsabilité de la médaille. Le rôle de David, en tant que 3e relayeur, était donc de courir intelligemment et de réguler, en ne laissant aucune équipe partir trop loin devant lui et aucune autre lui passer devant. Comme il sait finir fort ses courses, il fallait qu’il soit capable d’accompagner ses adversaires pendant les trois quarts du parcours, avant d’essayer de les mettre en difficulté juste avant de donner le témoin. Il avait le profil du 3e relayeur capable de se transcender dans la dernière ligne droite et il a lui aussi très bien performé dans ce secteur, pour donner le témoin en 2e position. Il finit vraiment fort et on se rend bien compte, à ce moment-là, que la médaille est vraiment toute proche. »

Téo Andant, 4e relayeur en 44’’07* (lancé)

« Téo est un relayeur incroyable, que l’on pourrait mettre dans n’importe quelle position. Un vrai couteau suisse du relais. Là, il s’est retrouvé dans le rôle du 4e relayeur avec la responsabilité de finir le job. Les copains avaient effectué la course parfaite, il était dans une position incroyable pour aller chercher la médaille. Les Américains avaient pris la poudre d’escampette devant, mais derrière, il y avait de sérieux clients, avec les Britanniques, les Jamaïcains, des coureurs qui étaient en finale individuelle sur 400 m. Il savait tout ça. Il est parti vite évidemment, car pour faire 44’’07 (lancé), ce n’est pas une promenade, mais pas de manière excessive. Car il fallait qu’il garde cette disponibilité pour être capable de relancer dans la dernière ligne droite si jamais la course s’emballait. Chose qu’il a parfaitement bien faite. Il y avait aussi le poids que cette médaille représentait pour toute l’équipe de France. Et je pense qu’il avait envie de délivrer tout le monde. »

Pour conclure

« Je suis extrêmement fier de la manière dont ils ont vécu cette quinzaine, avec du respect, de l’écoute, de la solidarité. C’est un super groupe. Maintenant, on va consolider tout ça et aller chercher les détails qui peuvent nous permettre d’être encore plus performants. On est vice-champions du monde, pas champions du monde. On peut encore gratter des choses et améliorer ce record de France. Aux J.O., avec l’appui du public français qui nous aidera à nous dépasser, on peut voir les choses en très grand. »

*temps collectés par Pierre-Jean Vazel à partir d’images vidéo.

Véronique Bury pour athle.fr

INFORMATIONSFORMATIONCOMMUNAUTÉBASES DE DONNÉESMÉDICALBOUTIQUE
NOS PARTENAIRES
CONDITIONS D'UTILISATION MENTIONS LÉGALES CONTACTS