Un démarrage au sprint
Les trois Bleus en lice ce vendredi en fin de matinée ont passé le cap des séries. Jeff Erius, à quelques jours de son vingtième anniversaire, a fait belle impression en prenant la deuxième place de sa série du 60 m en 6’’63. Le sprinter sera au départ des demi-finales ce vendredi soir, tout comme Amandine Brossier qui a décroché son billet à la place et au bout du suspense sur 400 m. Benjamin Robert s'est, lui, qualifié au temps pour les demi-finales.
Les qualifiés
Jeff Erius apprend vite
« Est-ce que j’ai l’impression d’avoir passé un cap en championnats ? Non, pas encore ! » La réponse fuse, presque aussi vite que sa course, et Jeff Erius s’éclipse dans les coursives du stade pour retrouver rapidement le clan français. D’un tempérament plutôt posé, celui qui fêtera ses 20 ans dans pile une semaine était loin d’exulter après avoir pourtant réalisé une belle prestation en séries. Auteur d’une course très solide, il s’est classé deuxième
en 6’’63, à cinq
centièmes de son record, seulement devancé par le champion du monde des 100 m et 200 m, Noah Lyles. Une place directement qualificative pour le tour suivant.
Le sprinter du Lille Métropole Athlétisme, éliminé l’an dernier dès les séries lors des Europe d’Istanbul, grandit vite. Il avait prévenu hier qu’être aux côtés de l’Américain ne le perturbait pas plus que ça. Il l’a confirmé sur la piste. « Je n’ai ressenti aucune pression dans la chambre d’appel ou derrière les blocks, à aucun moment. J’ai eu de belles sensations à l’échauffement et pendant la course. Je me qualifie, c’est tout, tout simplement. » Du Jeff
Erius tout
craché, qui attaquera sans doute avec le même état d’esprit les demies, ce vendredi soir à partir de 20h45.
Amandine Brossier a retenu la leçon
Si l’élève de Fabien Lambolez à Poitiers n’a pas tremblé une seconde, l’attente a été assez stressante pour Amandine Brossier. L’Angevine, ainsi que l’Irlandaise Sharlene Mawdsley et la Norvégienne Henriette Jaeger, ont fait passer un mauvais quart d’heure à l’examinateur de la photo-finish. Elles ont dû patienter de longues minutes avant que le résultat de leur série ne soit entériné. Le verdict n’a fait que des heureuses puisque, rareté, les trois
sprinteuses ont été
classées deuxièmes à égalité en 52’’23, dans le même millième, et se sont donc directement qualifiées pour les demies dans une course remportée par l’Américaine Talitha Diggs en 52’’17.
L’élève de Sullivan Breton le reconnaissait elle-même : elle aurait pu s’éviter cette montée du rythme cardiaque post-arrivée. « C’était nul, j’ai couru comme une benjamine ! A Glasgow lors des Europe (en 2019, NDLR), j’étais passée à l’intérieur (dans la dernière ligne droite, NDLR). J’ai voulu refaire la même bêtise avec l’Américaine. J’étais persuadée qu’elle allait se décaler sur la droite et que j’allais la doubler en continuant sur mon rythme.
Mais finalement,
elle est restée sur sa ligne et je me suis fait avoir. Je n’ai pas vu l’Irlandaise revenir. »
Point positif : la championne de France s’est sentie « vraiment super bien ». De bon augure avant les demi-finales, programmées dès ce soir à partir de 21h50. « J’ai l’impression d’avoir une seconde chance, soufflait-elle, avant de vite partir récupérer. Je compte bien la prendre et courir à mon niveau. Je vais avoir une petite revanche à prendre. »
Benjamin Robert déjà dans le vif du sujet
Benjamin Robert a eu droit, lui aussi, à une entame de championnats riche en émotions. Engagé dans la cinquième et dernière série, il a vu le champion du monde en titre, l’Espagnol Mariano Garcia, mener un train d’enfer dès les premiers mètres. « Honnêtement, je ne pensais pas que ça allait partir si vite, reconnaissait le demi-fondeur du SATUC Toulouse Athlé. Mais bon, ce sont les championnats du monde. Et Mariano Garcia était fort aujourd’hui.
»
Premier en 1’45’’81, ce dernier a devancé l’Américain Isaiah Harris (1’46’’12), qui a débordé le Français un peu après le passage au 400 m. « J’ai laissé un petit trou en milieu de course et il est passé, racontait l’élève de Sébastien Gamel. J’ai eu du mal à le rattraper sur la fin. » Troisième en 1’46’’12, il est le premier qualifié au temps du jour et positivait en retenant les « bonnes jambes » de la matinée. Il aura vécu dès son entrée
en lice une répétition grandeur
nature de ce qui l’attendra samedi à partir de 13h30. Peut-être un mal pour bien pour celui qui a vite entamé sa récupération, avec un footing effectué sur un parking en attendant que la navette le ramenant à son hôtel arrive.
A Glasgow, Florian Gaudin-Winer pour athle.fr Photos : S. Kempinaire / KMSP / FFA
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