Les Bleus en piste à Glasgow
Présentation, épreuve par épreuve, des treize Français en lice lors des Mondiaux indoor, qui débutent ce vendredi à la Emirates Arena de Glasgow. Un collectif tricolore mêlant jeunesse, expérience, et chances de médailles.
La revenante de l’hiver a connu une saison hivernale de grande qualité, lors de laquelle elle a couru en 7’’17 pour son meeting de rentrée, au Luxembourg, à seulement deux centièmes de son record. Détentrice du 15e temps des engagées, la sprinteuse du CA Montreuil 93 peut raisonnablement envisager de rallier les demi-finales, mais devra faire fort pour s’immiscer jusque dans le top 8 mondial. Il faudra, quoiqu’il arrive, courir à son meilleur niveau pour passer les tours,
au vu de la densité, surtout dans une discipline qui ne tolère pas la moindre erreur d’exécution. La favorite de l’épreuve sera la Saint-Lucienne Julien Alfred, la seule à avoir couru cette année en moins de 7’’ (6’’99).
Arrivé blessé aux Europe indoor d’Istanbul l’an passé, Jeff Erius attend beaucoup de ces championnats pour se frotter au grand monde, et notamment à l’Américain Noah Lyles, qui a épaté la planète cet hiver avec ses 6’’43. Erius a gagné sa place en remportant les championnats de France en 6’’58, au centième près les minima demandés par World Athletics. « Je suis conscient que le niveau mondial est très élevé, mais j’irai en Ecosse pour passer des tours
», confiait le jeune Alsacien du Lille Métropole Athlétisme lors de sa sortie de piste à Miramas. Avec le treizième chrono des engagés, sa marge de manœuvre n’est pas énorme, mais il a de sérieuses raisons de croire qu’il peut sortir des séries.
« Quoiqu’il arrive, ma saison est déjà réussie », clamait Amandine Brossier après avoir conservé son titre de championne de France du 400 m à Miramas. Ses 51’’67 de 2024 placent l’athlète du Sco Angers Athlé au neuvième rang des engagées. Dans une épreuve où il n’y a que six couloirs en finale, il faudra batailler ferme pour s’y frayer un chemin. Son expérience sera un atout non négligeable pour déjouer les pièges du rabattage et des derniers tours à rebondissements.
L’épouvantail hollandais Femke Bol sera l’immense favorite de l’épreuve, forte de son récent record du monde abaissé à 49’’24 lors de ses championnats nationaux.
L’une défendra sa couronne, l’autre découvrira les grands championnats chez les seniors. Cyréna Samba Mayela a brillamment remporté les championnats de France à Miramas, en 7’’87, et a fait le plein de confiance quelques mois seulement après avoir tout repris à zéro, ou presque, suite à son départ aux Etats-Unis. Cinquième performeuse des engagées, elle donnera tout sur la piste pour tenter de renouveler son exploit de Belgrade il y a deux ans, lors qu’elle était
devenue championne du monde au terme d’une journée magique. Sa dauphine de l’époque, la Bahaméenne Devynne Charlton, a depuis battu le record du monde en 7’’67 cet hiver, et sera la principale tête d’affiche du 60 m haies. Pour ses grands débuts, Solenn Compper, chronométrée en 8’’00 cette année, voudra engranger un maximum d’expérience.
L’épreuve la plus attendue des championnats de France est aussi l’une des plus prometteuses des championnats du monde. La présence de l’ogre Grant Holloway, invaincu en salle depuis mars 2014, et détenteur du record du monde du 60 m haies en 7’’27, y est pour beaucoup. A ses côtés, les Tricolores ont des atouts à jouer puisqu’ils disposent des quatrième et cinquième chrono des engagés. Pour Just Kwaou-Mathey (7’’43 au meeting de Liévin) et Wilhem Belocian
(7’’44 aux championnats de France à Miramas), la chasse aux médailles pourrait bien impliquer de chatouiller le record de France de Dimitri Bascou (7’’41). L’autre Américain, Trey Cunningham, et le Suisse Jason Joseph seront deux autres rivaux de qualité, parmi d’autres.
Le demi-fondeur du SATUC Toulouse Athlé débarque en Ecosse avec de l’envie et de la fraicheur. Il n’a disputé que deux compétitions sur 800 m, avec une rentrée sur la distance prometteuse à Liévin en 1’45’’70, son record indoor, puis deux courses pleines d’autorité pour aller décrocher le titre de champion de France à Miramas. Si l’on ajoute un 600 m avalé à très vive allure en 1’15’’50, meilleure performance française de tous les temps, tous les voyants sont au vert
pour l’élève de Sébastien Gamel. Les quatre tours de piste s’annoncent particulièrement ouvert, avec une teinte très européenne puisque six des dix meilleurs temps d’engagement sont issus du Vieux continent. Dont les deux plus rapides, l’Italien Catalin Tecuceanu (1’45’’00) et le Belge Eliott Crestan (1’45’’10). Médaillé d’argent lors des Europe d’Istanbul l’an dernier, Benjamin Robert a largement les moyens de s’inviter de nouveau sur la boite.
Après l’année de la découverte, elle est bien décidée à jouer les premiers rôles. L’ex-combinarde Agathe Guillemot, autrice d’une reconversion aussi brillante qu’express sur 1500 m avec des sélections internationales sur la distance dès la saison 2023, aborde ces Mondiaux avec beaucoup d’ambition. Son record de France, avec un chrono de 4’04’’64 réalisé lors du meeting de Liévin, l’y autorise. Septième temps des engagées, l’athlète de 24 ans est à Glasgow pour
entrer au moins en finale. Sa capacité à finir très fort lors des courses tactiques est aussi un atout non négligeable en championnats. Et si elle passe les séries, tout semble possible derrière un trio éthiopien au-dessus du lot sur le papier avec Freweyni Hailu (3’55’’28), Diribe Welteji (3’55’’47) et Birke Haylom (3’58’’43).
Avec cinq concours entre 4,63 m et 4,66 m cet hiver, Margot Chevrier n’a jamais été aussi régulière. Mais l’athlète coachée depuis cette saison par Damiel Dossevi à Bordeaux a terminé ses derniers concours avec une pointe de frustration non dissimulée. Car elle vise bien plus haut avec deux hauteurs en tête depuis un bon moment : 4,73 m et 4,76 m, soit les minima olympiques et le record de France. La forme est là, reste à mettre en adéquation la technique. Neuvième
sur la liste des engagées, dominée par la prometteuse britannique Molly Caudery (4,85 m) qui sera portée par le public, la perchiste du Nice Côte d’Azur Athlétisme sait qu’elle devra battre son record (4,71 m) pour jouer les premiers rôles lors d’un concours très dense, avec sept filles à 4,80 m ou plus.
Thibaut Collet arrive à Glasgow avec la ferme intention d’ouvrir son palmarès chez les grands. Cinquième des Mondiaux de Budapest, il est un homme de championnats, qui sait se sublimer face à l’adversité et à l’enjeu. En pleine confiance avec un record porté à 5,92 m lors du All Star Perche à Clermont-Ferrand, il sait qu’il devra peut-être monter encore un peu plus haut pour s’inviter sur le podium, tant la densité de la discipline est forte. En plus de l’ogre
Mondo Duplantis, meilleur performeur mondial de l’année avec 6,02 m et passé tout près de faire tomber son record du monde à Clermont en s’attaquant à 6,23 m, trois athlètes devancent au bilan le Grenoblois : les Américains Christopher Nilsen (6,00 m) et Sam Kendricks (5,95 m), ainsi que le Philippin Ernest John Obiena (5,93 m). Un défi comme le quadruple champion de France les aime.
Jolie surprise de la sélection, grâce à une remontée de dernière minute à la « Road to Glasgow », le système de qualification fondé sur le ranking, Ilionis Guillaume n’aura rien à perdre lors de ce qui sera seulement sa deuxième sélection en équipe de France A. L’élève de Louis-Grégory Occin, âgée de 26 ans, est allée chercher son billet en décollant à 14,11 m lors des championnats de France Elite à Miramas. Une performance qui lui a permis d’améliorer son record
personnel de quatre centimètres, qui remontait à 2018 ! Si l’athlète du Stade Bordelais réussit à retomber dans les mêmes eaux, le top 8 ne sera pas loin puisqu’elle aborde ces Mondiaux avec la septième performance des engagées. C’est la Cubaine Leyanis Perez Hernandez qui part favorite avec ses 14,86 m, en l’absence de la patronne de la discipline, la Vénézuélienne Yulimar Rojas.
Makenson Gletty a toujours le sourire. Et cet hiver il est éclatant, tant tout réussit au combinard du Nice Côte d’Azur Athlétisme. Quatrième meilleur performeur français de tous les temps à l’heptathlon grâce à un total de 6230 points obtenu lors du X-Athletics fin janvier, il a poursuivi sur sa lancée lors des championnats de France Elite avec des records ‘’maous’’ sur 60 m haies (7’’79) et au poids (16,61 m). Pénalisé l’an dernier par un zéro lors des Europe
indoor d’Istanbul, l’élève de Rudy Bourguignon a beaucoup appris de cette expérience et, à bientôt 25 ans, il fait partie des prétendants au podium. Quatrième sur la liste des engagés, derrière le Bahamien Ken Mullings (6340 pts), le Norvégien Sander Skotheim (6281 pts) et le Suisse Simon Ehammer (6242 pts), le monde s’ouvre à lui.
Florian Gaudin-Winer et Etienne Nappey pour athle.fr
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