Les Bleus en famille et conquérants
C’est un collectif tricolore petit format mais plein d’ambition qui est arrivé à Glasgow mercredi, en fin d’après-midi. Les treize Français en lice ont tous le potentiel pour entrer en finale ou s’en rapprocher, et ne se privent pas de le dire.
Les Bleus sont entrés dans le vif du sujet dès leur arrivée à l’aéroport, mercredi en milieu de journée. A peine entrés dans le terminal 2D de Roissy Charles-de-Gaulle, ils ont eu la surprise de tomber nez à nez avec la délégation hollandaise, qui faisait escale à Paris avant de rejoindre Glasgow par le même vol qu’eux. Et c’est bien sûr Femke Bol, la recordwoman du monde indoor du 400 m, qui est montée en premier dans l’avion.
Amandine Brossier et Benjamin Robert n’ont pas été dépaysés. La première a croisé sa route à deux reprises en compétition, à Liévin et à Metz. Le second a partagé trois semaines d’entraînement avec les sprinters ‘’orange’’ en janvier et en a profité pour enchaîner en leur compagnie les séances de vitesse. Mais désormais, chaque nation trace sa route et les Tricolores forment un petit groupe soudé - flirtant en nombre entre les titulaires d’une équipe
de football et de
rugby - depuis leur installation dans un hôtel aux larges baies vitrées situé sur les bords de la Clyde, le fleuve qui traverse Glasgow.
Un côté cocon
« Être à treize, ça favorise l’intégration, ça se mélange plus facilement, estime Romain Barras. Les regroupements en stages que nous avons relancés ont, en plus, permis de renforcer les liens entre les athlètes. » Un côté cocon apprécié notamment par la hurdleuse Solenn Compper, bientôt 29 ans, qui s’apprête à goûter à son premier grand championnat seniors, dix ans après avoir pris part aux Mondiaux U20 de Eugene. « Pour un retour, c’est
bien, apprécie la Girondine.
Un petit groupe, ça permet de tous se parler. » « C’est familial », résumé Agathe Guillemot, avec son sens habituel de la formule.
La Bretonne engagée sur 1500 m, même si elle pourra compter sur les encouragements de ses coéquipiers et de quelques amis venus de France, dont l’internationale Léna Kandissounon, se retrouvera seule face au chrono et à ses adversaires, ce vendredi en séries. « L’été dernier, je découvrais le haut niveau seniors, rappelle la toute fraiche recordwoman nationale. Au vu de ce que j’ai réalisé cet hiver, je ne suis plus là pour apprendre mais pour performer.
J’aimerais être
en finale dimanche soir et finir dans le top 8. »
Erius à côté de Lyles
Un état d’esprit conquérant, en phase avec celui de tous les Bleus qui s’apprêtent à entrer en piste. Les hurdlers Wilhem Belocian et Just Kwaou-Mathey ont bien sûr le verbe aussi haut que leurs ambitions. « Mon cerveau a débloqué pas mal de choses et c’est quand je me lâche que je peux m’exprimer au maximum. J’aborde ce championnat avec une mentalité différente. Je kiffe vraiment l’instant présent, encore plus qu’à Budapest », lâche le premier nommé,
finaliste en Hongrie.
Son « jumeau », puisque c’est comme ça que le duo s’interpelle, surenchérit : « J’arrive à ces championnats pour être champion du monde, donc il faudra battre (Grant) Holloway. »
Le benjamin de la délégation, le sprinter Jeff Erius n’était, lui, pas plus perturbé que ça d’avoir appris quelques heures plus tôt qu’il aurait à ses côtés, dans les starting-blocks de sa série du 60 m, le champion du monde des 100 m et 200 m, l’Américain Noah Lyles. « Ça peut paraitre impressionnant vu de l’extérieur, mais j’étais avec (Marcell) Jacobs l’an dernier aux Europe d’Istanbul. Et au moins, je saurai à quoi m’attendre lors des tours suivants si je passe,
confiait-il à quelques
jours de son vingtième anniversaire. »
Des prises de parole que ne manquera pas d’apprécier Romain Barras, qui avait été le premier à prendre la parole lors de la conférence de presse, organisée jeudi après-midi en visio-conférence depuis une salle de réunion de l’hôtel des Français : « Cette équipe a fière allure, elle doit croire en ses chances et ses capacités. Il y a des points au ranking et pour certains des minima à aller chercher. Mais il faut d’abord être dans l’instant présent et ne pas
s’interdire
de saisir les opportunités. »
A Glasgow, Florian Gaudin-Winer pour athle.fr Photos : S. Kempinaire / KMSP / FFA
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