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Les grands frissons

Makenson Gletty et Kevin Mayer ont frôlé la catastrophe à la perche du décathlon, en franchissant seulement au troisième essai leur barre d’entrée dans le concours. Le premier est toujours dans la course à la médaille, et le deuxième dans celle aux minima olympiques. Tous les Français en lice ce matin ont décroché leur billet en finale : Anaïs Bourgoin et Léna Kandissounon brillantes sur 800 m, Hilary Kpatcha et Teuraiterai avec la manière à la longueur et au javelot, ainsi que les quatre relais.

Le fil rouge

Sensations fortes pour Gletty et Mayer

C’est peu dire que Makenson Gletty a joué avec ses émotions et celles de son clan, ce mardi matin. N’ayant pas entendu le coup de pistolet du starter lors du 110 m haies, le Niçois a couru après les autres et le temps perdu, achevant sa course en 15’’30. Un coup dur, qui hypothéquait ses chances de médaille. Il a toutefois pu faire entendre sa cause au jury, qui l’a autorisé à recourir quelques minutes plus tard. Gletty n’a pas laissé passer l’offrande et l’a convertie en nouveau record personnel, en 13’’88. Après un concours de disque plus tranquille, ponctué d’un meilleur jet à 43,54 m, Gletty est remonté dans le manège émotionnel en ratant ses deux premières tentatives à 4,60 m lors du concours de perche. Il a sauvé son décathlon en passant lors de la troisième, avant de grimper jusqu’à 4,90 m. Deuxième au classement général avec 7146 points, derrière l’Estonien Johannes Erm (7207 pts), le colosse montpelliérain est plus que jamais dans la course au podium.

Quelques minutes plus tôt, les supporters français avaient déjà tremblé pour Kevin Mayer. Comme son compatriote, le recordman du monde a échoué dans les grandes largeurs lors de ses deux premiers essais à 5,00 m, effectués sur un élan réduit à douze foulées, à cause de perches trop souples. Un troisième et ç’en était fini de ses chances de minima olympiques dans la capitale italienne. Dans un scénario rappelant celui de ses deux titres mondiaux, le Montpelliérain a finalement trouvé les ressources mentales, et les bons conseils de Philippe d’Encausse, pour passer à sa dernière tentative. Son émotion une fois retombé sur le tapis et les larmes de son coach, Alexandre Bonacorsi, dans les tribunes, disaient tout de la joie et du soulagement du Français et de son staff. Kevin Mayer va pouvoir disputer complètement libéré les deux dernières épreuves du ‘’déca’’, le javelot et le 1500 m. Dans le même concours, Téo Bastien s’est arrêté à 4,90 m, et pointe actuellement au onzième rang.

Les qualifiés

Bourgoin joyeuse, Kandissounon estomaquée

Le 800 m français est sur son petit nuage depuis dimanche et le titre européen de Gabriel Tual. Hier, Anaïs Bourgoin et Léna Kandissounon, arrivées en Rome en position d’outsiders, avaient fait forte impression en dominant chacune leur série avec autorité. Elles ont à nouveau marqué les esprits ce mardi matin en réalisant des courses aussi fluides que la foulée de David Rudisha. La première nommée, encore sixième à la cloche, s’est replacée à l’avant dans le virage suivant et s’est ensuite accrochée à la foulée de la Britannique Keely Hodgkinson (1’58’’07), en serrant les dents dans la dernière ligne droite. « Ça a été la course de rêve, savourait-elle avant de partir effectuer sa récupération. C’est parti très vite, mais je ne me suis pas affolée. Je suis restée patiente. » Deuxième en 1’58’’65, la sociétaire de l’Entente Franconville Cesame Val d’Oise coachée par Jean-Baptiste Congourdeau explose pour la première fois la barrière des deux minutes (ancien record : 2’00’’31) et réalise les minima pour les Jeux olympiques. « C’est magnifique ! Je suis contente mais je vais me remobiliser pour demain, il y a des choses à aller chercher. »

Elle sera accompagnée en finale par Léna Kandissounon, qui, boostée par la performance de sa coéquipière, s’est offert une deuxième victoire en deux jours quelques minutes après elle. « Voir Anaïs faire ce gros chrono m’a hyper motivée, confiait la Bretonne. On se dit que tout est possible… » Toujours bien placée, l’élève de Marc Reuzé a pris résolument les commandes de sa demie au milieu du dernier virage, pour ne plus la quitter et l’emporter en 2’00’’11. « Je ne pensais pas que je pourrais reproduire aussi facilement ce que j’avais réalisé hier, soufflait-t-elle, estomaquée par son double tour de piste. J’ai fait exactement pareil en plus vite, donc c’est génial ! » Elle aura, elle aussi, une vraie carte à jouer lors de la grande explication. « Je pense que Keely est intouchable, mais derrière, c’est hyper ouvert. Il ne faudra rien lâcher et tout donner. »

Kpatcha et Tupaia avec la manière

Hilary Kpatcha a parfaitement négocié son entrée en matière lors des qualifications du saut en longueur. Un premier saut « loin de la planche » mesuré à 6,61 m pour se régler, puis un autre à 6,82 m (+0,8) pour remplir le contrat et rentrer au frais sans laisser trop de plumes. « Je suis très fière de moi, parce que j’ai ramé cette saison. J’ai enfin les cannes pour m’exprimer, et c’est une libération pour moi de me dire que je n’ai plus qu’à sauter sans penser au reste », lançait-elle. Débarrassée de la publagie qui l’a enquiquinée en début d’année, la Toulousaine a « adoré » la piste surélevée du Stadio olimpico, qui lui procure des « sensations de dingue ». Elle abordera la finale l’esprit léger, avec la certitude de tenir une forme d’enfer. Et avec sur le dos un « maillot bleu qui aide à concentrer mon énergie et à viser juste. »

Au javelot, Teura’itera’i Tupaia, aligné dans le groupe 1, n’est pas passé loin de réaliser les 82 mètres demandés pour passer directement en finale, avec un jet à 81,46 m à sa troisième tentative. « J’avais tellement d’envie que je n’ai pas réussi à garder le relâchement que j’avais à l’échauffement, et j’ai précipité un peu mes jets, regrettait le Polynésien. J’ai assuré un premier lancer (80,63 m), mais après, l’adrénaline n’est pas montée. Je suis content quand même, parce que pour une première expérience en grand championnat, ce n’est pas si mal. Et c’est une bonne préparation pour les Jeux olympiques. » Il aura l’occasion d’engranger encore de l’expérience en finale, puisqu’il a pris la dixième place des qualifications. Le dernier Français à avoir atteint le même stade de la compétition au javelot était Pascal Lefèvre, septième en 1990.

Les relais au carré

La dernière soirée des championnats d’Europe, mercredi, s’annonçait déjà dense pour l’équipe de France. Avec la qualification des quatre relais en finale ce matin, il y aura du Bleu partout, dans un stade dont la piste et les tribunes sont de la même couleur. Le 4x100 m féminin, avec Orlann Olière, Gémima Joseph, Maroussia Paré et Sarah Richard-Mingas (mais sans Hélène Parisot, qui dispute ce soir la finale du 200 m), a dominé sa série en 42’’35. Le meilleur temps d’un relais français depuis dix ans. « Le chrono est plus que bien, on est contentes et on n’aura rien à perdre en finale, se projettent les relayeuses. On arrive à travailler toutes ensemble et à faire de belles choses, quelle que soit la composition. C’est bien de savoir que notre groupe est homogène. » Même constat pour le collectif masculin (Antoine Thoraval, Jeff Erius, Ryan Zézé et Aymeric Priam), remanié par rapport à celui médaillé de bronze aux Bahamas lors des Relais mondiaux mais solide avec, en 38’’43, la troisième et dernière place de sa série, directement qualificative pour la finale.

Des bonnes nouvelles aussi côté 4x400 m, avec le meilleur temps des séries pour les Français (David Sombé, Gilles Biron, Yann Spillmann et Téo Andant) en 3’00’’77. Le dernier nommé a effectué un dernier tour de gala bouclé en 44’’54 lancés. « C’est une satisfaction, on retrouve enfin de bonnes positions dans nos courses, appréciaient les vice-champions du monde en titre. On a tous bien couru et facilité le travail des autres. Ça donne de l’ambition pour la finale. » Les ultimes relayeurs tricolores étaient en grande forme aujourd’hui, puisqu’Amandine Brossier, qui concluait le travail de ses coéquipières Sounkamba Sylla, Alexe Déau et Marjorie Veyssière, a, elle aussi, réalisé un tour de piste supersonique en 49’’83 lancés, pour couper la ligne d’arrivée en 3’25’’15. Un chrono synonyme de deuxième place et « une première étape de faite ».

A Rome, F. Gaudin-Winer et E. Nappey pour athle.fr
Photos : P. Millereau - JM Hervio / KMSP / FFA

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